Pièces courtes de Georges Feydeau, mise en scène de Léonard Matton, avec Roch-Antoine Albaladejo, Stéphanie Bassibey, Ludovic Laroche et Nicolas Saint-Georges.
Trois "petits" Feydeau pour un grand éclat de rire. En réunissant trois pièces sous le prétexte qu’elles traitaient toutes les trois de l’amour, la Compagnie A2R n’a pas eu d’autre ambition que de faire rire et elle y parvient.
Avant de donner la parole à Feydeau, Léonard Matton, maître d’œuvre du spectacle, commence (comme il finira) en chanson.
Cela tombe bien car la première pièce en un acte s’intitule "Amour et Piano". Moins connue que la seconde, "Feu la Mère de Madame", elle est aussi la plus simple, la plus linéaire et fondée sur le vieux truc - qui marche toujours quand on a le génie de Feydeau - du quiproquo.
Elle permet au spectateur de se familiariser avec le travail du quatuor qui va revenir dans les trois pièces, de découvrir la belle voix et l’abattage de Stéphane Bassibey, ainsi que les qualités d’hurluberlu de Nicolas Saint-Georges. Suit donc "Feu la mère de Madame", pièce elle aussi assise sur un quiproquo, et qui met cette fois plus en évidence le troisième et le quatrième larrons, Roch-Antoine Albaladéjo et Ludovic Laroche.
Quant à la troisième pièce, "Les Pavés de l’ours", elle rappelle que Feydeau est un auteur qui part du loufoque pour aller vers l’absurde, et que son théâtre, très en avance sur son temps, annonce déjà tout un théâtre qui triomphera au milieu du vingtième siècle.
Contrairement à bien des metteurs en scène du moment, Léonard Matton s’est plu à maintenir les personnages de Feydeau dans leur temps, cela permet d’ailleurs un beau travail sur les costumes de Fred et Rick Création.
Que ce soit la tenue "à la mode" du provincial au pantalon garance et à la veste bleu horizon du militaire, en passant par les habits de la vieille marraine, les costumes créés pour "Amours & Feydeau" ajoutent au comique des situations et prouvent une réelle envie de faire bien. C’est aussi le cas du décor, avec ces trois structures mobiles astucieuses qui permettent de ne pas perdre de temps, mettre mot de ce spectacle qui a bien raison de jouer Feydeau à cent à l’heure.
On soulignera aussi que la réussite des "Amours & Feydeau" tient à la finesse du traitement des personnages de domestiques. Aucun d’entre eux n’est ici traité par-dessus la jambe comme, hélas, dans beaucoup d’adaptations modernes de Feydeau. Au contraire, ils peuvent être hilarants comme la domestique alsacienne jouée savoureusement par Nicolas Saint-Georges dans "Feu la mère de Madame".
On l’aura donc compris : Amours et Feydeau vont bien ensemble ! |