Piano Magic est imprévisible, c'est là la moindre de ses qualités. Rare sur scène, parcimonieuse sur disque, la formation franco-britannique réussit depuis 1996 le tour de force de rester sous le radar des médias et même de la plus grande partie du public le mieux averti. On doit pourtant à la troupe de Glen Johnson de nombreuses perles, disséminées dans un univers musical d'une grande richesse (disons : de l'électro ambient minimaliste au post-rock rageur – et parfois les deux à la fois).
Après un album en toute collaboration avec Brendan "Dead Can Dance" Perry (l'excellent Ovations, 2009), Piano Magic a publié dans la plus grande discrétion un onzième album en juin 2012 : Life has not finished with me yet. Une superbe réussite, qui suffit à prouver que le meilleur de Piano Magic n'est pas encore derrière lui.
Exit cette fois l'électricité, sinon statique. L'album est tout entier tourné vers l'esquisse d'atmosphères fragiles, crépusculaires évanescences, promenades nocturnes en terres hantées, où l'idée de la mort (la sienne, celle de son prochain), n'est jamais si loin. On continuera à penser à Dead Can Dance, mais aussi aux Cocteau Twins, aux Cure et Joy Division en plein jam minimaliste sous opium.
Électronique et acoustique, moins orageux que ses prédécesseurs, Life has not finished with me yet trouve une nouvelle couleur au gris de la nostalgie, et l'explore les yeux mi-clos. Ghost-rock plutôt que post-rock. Sans jamais se laisser aller à la déflagration rageuse que l'on pourrait atteindre dans nos rêves, clichés post-mélomanes, il se laisse plutôt couler au fond de la chaleur du bain introspectif dans lequel finissent toujours pas s'échouer nos errances. L'apaisement ? L'oubli de soi, en tout cas. Peut-être n'est-ce déjà pas si mal, en attendant. En attendant quoi ? Que la vie en ait fini avec nous ? Pas encore, Glen, pas encore, il semble te rester une œuvre à composer. |