Comédie dramatique de Saul Enriquez, mise en scène de Anne-Laure Teboul, avec Alexis Desseaux et Myriam Kha.
Sur le plateau, alors qu’un couple de danseurs de tango en tenue évolue sur l’écran en arrière-plan, gît un cœur éclaté. Il y a des morceaux un peu partout : sur les canapés, le tabouret, la table basse. Et ces deux-là, qui sont-ils ? La rencontre qui nous est donnée à voir est-elle vraie ? Qui des deux joue un rôle et qui dit la vérité ?
La pièce du mexicain Saul Enriquez dissèque sur plusieurs années une histoire d’amour, de la rencontre et des balbutiements jusqu’aux cris et aux scènes. Aux accords de bandonéon, Natasha et lui s’évaluent, se piègent, se testent ou se parlent enfin. Elle prend des notes pour une thèse de psychologie. Tout ceci ne serait-il alors qu’une expérience ? (Mais chaque histoire d’amour n’est-elle pas autre chose que ça ?)
Débutée comme une relation banale, la poésie envahit bientôt cette histoire à mesure que les sentiments se dévoilent et que s’ouvrent les cœurs. Et la danse aussi. Bientôt un souffle lyrique envahit l’espace, lie les amants et tout devient plus grand.
Et quand la communication se coupe, que le courant tombe soudain en panne, c’est l’heure des souvenirs à l’allure d’un bilan. L’amour alors peu à peu s’assèche ; le cœur en lambeaux, déchiqueté reste là. Mais la vie continue. Peut-on ranimer les braises qui subsistent, faire renaître ce qui a été ?
Alexis Desseaux est l’interprète de Lui. Lui est hâbleur, léger, malin mais aussi naïf et bouleversant. Le comédien avec beaucoup d’aisance éblouit par son charme et sa décontraction, sa profondeur et sa gravité aussi parfois. Myriam Kha quant à elle, est captivante. Elle rend le personnage de Natasha insondable et magnétique, à la fois dur et fragile.
Anne-Laure Teboul réalise avec cette "Autopsie de l’amour" qu’elle a elle-même adapté, un face à face vénéneux et insolite, à l’allure d’un ballet sud-américain. Une véritable chorégraphie où, sur la bande son envoûtante de Franco Perry, les corps se frôlent, se cherchent, s’attirent et se repoussent.
Beau duo et beau spectacle où le temps file à la vitesse d’un tango. Où l’amour resplendit d’un regard kaléidoscopique suspendu entre la terre et le ciel. Une énigme jamais résolue. |