Ce 3 novembre, la Guinguette Pirate proposait une affiche
de choix, éclectique et cohérente.
L'américain exilé en Autriche
Daniel Mölksmith arrive sur la petite scène du
bateau accompagné d'une violoncelliste et d'un clavier.
A la guitare acoustique, pantalon de cuir et mine réjouie,
il nous présente ses chansons inconnues du public français
(mais pas seulement hélas).
Des chansons pop assez classiques, un songwriting efficace et une
voix qui font penser tout de suite à la voix et au style
de Jack. Et même si Daniel nous dira n'avoir jamais entendu
parler de Anthony Reynolds, il est évident
que leurs univers musicaux sont proches.
Un artiste à suivre, son prochain album en préparation
devrait sortir en janvier 2005 mais sera-t-il disponible en France
...
en tout cas nous vous vous tiendront informés !
Américain aussi, et confondu en excuses, comme Daniel Mölksmith
un peu plus tôt (nous sommes le 3 novembre il faut dire ...),
Chris Brokaw. Il s’asseoit, se présente
presque timidement, place ses pédales d’effet, ajuste
un tambourin à son pied avec une ficelle, accorde sa guitare
six cordes électro-acoustique et commence à jouer.
Comme ça, simplement, mine de rien.
Et
pourtant, Chris Brokaw n’est pas le premier venu. Batteur
de Codeine, batteur de The
New Year, guitariste et co-leader de Come
(Thalia Zedek), guitariste de Consonant formé par Clint Conley,
ex-membre de Mission of Burma, membre de Pullman,
qui regroupait Bundy K. Brown (Tortoise, Directions in Music, Loftus),
Doug McCombs (Eleventh Dream Day, Tortoise, Brokeback) et Curtis
Harvey (Rex, Loftus).
Musicien talentueux, il joue seul, faisant la part belle aux morceaux
acoustiques, des folk songs envoutantes, tantôt apaisées
et acoustiques et tantôt plus électriques sur lesquels
il pose une voix chaude, parfois déchirante. Le public est
littéralement subjugué.
Un album devrait voir le jour en France mais d'après Chris
pas avant l'an prochain .. patience donc.
Le quintet de Flotation Toy Warning
arrive à son tour. Le groupe a reçu un accueil laudateur
en France pour leur premier album Bluffer's
Guide to the Flight Deck mais leur prestation au festival
de la Route du Rock n’avait pas complètement convaincu.
La programmation en pleine après midi n’était
sans doute pas la mieux appropriée et le groupe paraissait
un peu mal à l’aise sur la scène trop grande.
A la Guinguette, pas de souci : la scène est même
un peu exigue et la nuit est déjà tombée depuis
longtemps. Un public nombreux de fans est venu tout spécialement
pour eux. Des conditions idéales si ce n'est la voix du chanteur
un peu défaillante (la fatigue de la fin d’une tournée
marathon associée à un petit coup de froid).
Plus
détendus que lors de la Route du rock, les musiciens plaisantent
entres eux et le chanteur, souriant, communique avec le public en
français (il fait de gros efforts et cela mérite d'être
souligné, peu de chanteurs en font autant).
Le batteur (Colin Coxall) et le guitariste
principal (Nainesh Shah) arborent toujours
leur coupe de cheveux particulière (en pétard pour
le batteur et frisé façon afro pour le guitariste,
entiché d'une superbe barbe et de rayban comme on n'en fait
plus). Paul Carter, le chanteur, est plus
sobre et ses cheveux ne sont plus bicolores.
Sans
surprise, le concert sera néanmoins de qualité et
presque tous les titres de leur album seront passés en revue
à quelques exceptions près.
Le son si particulier et l'ambiance du CD seront très bien
rendus, beaucoup plus intimiste dans cette petite salle de la Guinguette.
Discrets, les musiciens n'en sont pas moins efficaces et Vicky
Wes au clavier et aux choeurs s'applique dans son petit coin
de scène tandis que le bassiste (Ben Clay)
joue de la baguette sur ses cordes à la manière de
Sigur Ros.
Si les morceaux sont rejoués de façon assez conforme
au disque (ce qui n'est pas forcément ce à quoi on
s'attend en concert mais en l'espèce c'est plutôt une
performance du fait du coté bricolo-expérimental-planant
de l'album), la faiblesse du groupe vient finalement de la voix
de Carter qui a du mal à rivaliser avec elle même.
Plus fragile et moins sereine que sur disque cela ajoute néanmoins
un charme relatif aux compositions mais amenuise un peu le côté
magique.
La volonté de recréer exactement les ambiances du
disque jouera d'ailleurs des tours au groupe en fin de concert puisque
la bande son destinée, de mémoire, à accompagné
"Even Fantastica" ne voulait
pas démarrer rendant le groupe totalement impuissant et incapable
de jouer le morceau autrement. Heureusement, après avoir
enchainé sur "Fire engine part
II" la machine reprit ses esprits et le concert se termina
sous des applaudissements mérités.
Ce groupe a de grandes qualités mais force est de constater
que l'album demeure encore bien au dessus des performances live.
Allez encore un petit effort et ce sera parfait !
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