Réalisé par Ryan O'Nan. Etats-Unis. Comédie. 1h38. (Sortie 28 novembre 2012). Avec Ryan O’Nan, Michael Weston et Arielle Kebbel.
Après "The Color Wheel" d’Alex Ross Perry, voilà un nouveau premier film américain qui reprend la route avec modestie et sensibilité.
"The Brooklyn Brothers" de Ryan O’Nan ne révolutionnera pas le 7ème art et n’en a sans doute pas le début de l’ambition mais, comme les chansons de ses protagonistes, il reste dans la tête et dans les oreilles.
Ce que célèbre ce "road movie" à bord d’une petite voiture (Fiat Panda ?) n’a rien à voir avec les "Very Bad Trip" toujours dans des grosses voitures : ni apologie du cynisme, ni apologie des valeurs dominantes.
Le trio de fortune de "The Brooklyn Brothers" est en recherche de lui-même, aspire à quitter des petites vies trop étriquées pour faire quelque chose d’intéressant qu’il n’a même pas l’impudeur de considérer comme de l’art. Et pourtant ! En quelques accords de guitare, même quand on le définit comme un loser, Ryan O’Nan apparaît tout de suite comme un vrai musicien, un vrai serviteur de la chanson.
Au début du film, quelqu’un croit se moquer de lui et de son acolyte du moment en les traitant de "Simon et Garfunkel". C’est loin d’être une injure : Ryan O’Nan est de la trampe des folk-singers. C’est un folk-singer moderne qui aurait des paroles plus quotidiennes que ses grands devanciers, qui toucherait plus l’individuel que le collectif, une espèce de Vincent Delerm à l’Américaine si l’on osait…
Dès lors, l’équipée qui va conduire Alex sur les routes et autoroutes américaines se fera avec une musique plaisante, de plus en plus plaisante, surtout quand Jim viendra s’agréger à son univers avec ses jouets pour enfants, ceux avec lesquels on fait finalement de très bonnes musiques…
Le charme de "The Brooklyn Brothers" tient à ce que les choses se passent tranquillement, s’enchaînent les unes aux autres pour que petit à petit ce qui semblait un peu mou et sans intérêt en gagne un peu, puis beaucoup, avant de devenir passionnant.
Mine de rien, et sans payer de mine, Ryan O’Nan retrouve le secret des films réussis : montrer de manière crédible comment les personnages évoluent. À force de jouer ici et là, de se côtoyer, de partager bons et mauvais moments, le trio prend vie et corps comme leur musique. On pourrait résumer le film comme un "learning by doing road movie".
Ce petit film sympathique cache bien son jeu : dans combien de films américains récents, quelqu’un peut-il, par exemple, critiquer une famille bien-pensante et prôner sans hausser la voix un athéisme généreux ?
Comme Alex Ross Perry, on suivra désormais Ryan O’Nan. Tous les deux représentent une face des Etats-Unis que l’on aimerait voir plus souvent. Le petit plus de Ryan O’Nan est musical et, à l’issue de "The Brooklyn Brothers", on aura sans doute envie de se procurer sa mélodieuse bande originale.
Bonne et longue route aux "Brooklyn Brothers" ! |