Comédie dramatique d'après un film de Horatiu Malaele, adaptation et mise en scène de Didier Bezace avec Alexandre Aubry, Jean-Claude Bolle-Reddat, Julien Bouanich, Nicolas Cambon, Arno Chevrier, Sylvie Debrun, Daniel Delabesse, Guillaume Fafiotte, Thierry Gibault, Marcel Goguey, Gabriel Levasseur, Corinne Martin, Paul Minthe, Julien Oliveri, Karen Rencurel, Alix Riemer, Lisa Schuster et Agnès Sourdillon.
Avant de quitter son poste de directeur du Théâtre de la Commune, Didier Bezace y présente une tragi-comédie écrite avec Jean-Louis Benoît qui s'inscrit dans la tradition du théâtre populaire et du théâtre de troupe qu'il s'est attaché à perpétrer dès ses débuts lors de la fondation du Théâtre de l'Aquarium à la Cartoucherie de Vincennes,
Intitulée "Que la noce commence", elle s'inspire de l'intrigue du "Au diable Staline, vive les mariés !" du réalisateur roumain Horatiu Malaele qui raconte l'issue tragique d'un banquet clandestin organisé à l'occasion d'une noce de campagne en Roumanie pendant la période de deuil national instituée pour la mort de Staline qui s'accompagnait de l'interdiction de toute festivité.
Dans ces petites gens aux prises avec le totalitarisme du pouvoir quand il s'ingère dans l'intime, Didier Bezace voit des résistants et des poètes qui sont le théâtre populaire. Dans un pays sous dictature communiste, pour les paysans, tous truculents, au delà de la simple réquisition de la production agricole et du vain prosélytisme du maire pour inciter à l'inscription au parti, le joug du régime stalinien n’est qu’une vague silhouette, celle des chars sillonnant les routes de campagne.
Les jeunes amoureux s’ébrouent dans les champs de blé, les femmes vaquent à leurs occupations ménagères pendant que leurs maris jouent à attraper des mouches tout en levant généreusement le coude et les événements qui troublent la la routine sont le passage du cirque et la séance de cinéma ambulant.
Le thème du mariage tragique constitue l'épilogue d'un spectacle long format, d'une durée de deux heures et demie, qui revêt la forme d'une chronique villageoise aux accents de comédie politique sur la résistance silencieuse du peuple et de farce tragique par le télescopage de l’Histoire et de la vie des gens ordinaires et dans laquelle alternent bouffonnerie, commedia dell'arte, burlesque et réalisme poétique.
Il est à l'origine d'un acte saisissant où doit régner le silence, avec des convives muets privés de nourriture pour éviter les bruits de mastication jusqu’au moment où le père de la mariée qui pleure, dépossédée du plus beau jour de sa vie, brise le silence.
Dans la scénographie de Jean Haas, en fond de scène une toile peinte de campagne rieuse et une place du village symbolisée par des tréteaux en bois, ceux du théâtre, 16 comédiens et 2 musiciens, tous épatants et dont nombre sont des compagnons de route de Didier Bezace, participent pleinement à ce travail choral sous sa direction.
Mention spéciale pour les excellents Thierry Gibault dans le rôle de l'Icare local, Alexandre Aubry, le nain bossu qui résiste à la tentation de partir avec le cirque, et Jean-Claude Bolle-Reddat dans le rôle du maire pris entre deux feux. |