Comédie écrite et mise en scène par Hugo Horsin, avecWohan Azzam, Etienne Belin-Debray, Marie-Alix de Bagneaux, Clément Brondel, Florent Chesné, Kevin Dargaud, Pauline Deshons, Hugo Horsin, Julie Lavergne, Morgane Nairaud, Camille Bernon (en alternance : Alexandre Faitrouni), Tatiana Spivakova, Laura Turcatti et Eva Zink.
Onze comédiens sur scène pour une pièce folle, folle, folle. A l'usine, chaque jour, les ouvriers fabriquent à la chaîne des boîtes de métal sous l'oeil attentif de la directrice.
Chaque absence de celle-ci, chaque moment d'inattention, se transforme en occasion de chanter pour faire retomber la pression au travail. Mais la fabrique va bientôt être vendue et démantelée en une nuit par un patron voyou.
La pièce écrite par Hugo Horsin est presque entièrement interprétée dans une langue imaginaire, mélange de français, d'anglais, d'italien, d'espagnol, de russe, de borborygmes, de crissements, de râles, d'exclamations, de bruits divers et variés, soulignant ainsi l'absence de frontière du propos dans un monde en crise.
Ce n'est pas parce qu'elle est loufoque, extrêmement drôle et dans un volapük imaginaire que "La Fabrique" empêche toute réflexion. D'autant que, même sans parole, la trame se déroule en évitant la succession de saynètes clownesques. Le ressort comique vient de la parfaite chorégraphie, de la précision du timing, de l’enchaînement rapide des scènes qui montrent la vie de l'atelier, les négociations et les intermèdes musicaux.
Il y a du Tati là-dedans. On pense aussi aux pièces de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff du début des années 90, "Les Frères Zénith", "Les pieds dans l'eau" ou "C"est magnifique". Il y a même un zeste des Airnadettes ou des Tistics pour l'aspect musical.
Le choix des chansons, complètement retravaillées, qui va de Michaël Jackson aux Spice Girls en passant par Prince ou Tears For Fears participe bien évidemment de la réussite de l'ensemble, puisque populaires et fédératrices.
Pour sa mise en scène, Hugo Horsin a scindé l'espace de jeu en cinq espaces distincts, trois au centre à des hauteurs différentes, l'un à droite du plateau et le dernier à gauche. les scènes se succèdent ainsi sans temps mort.
Quant aux acteurs, ils ont de l'énergie à revendre. Comme dans la troupe de Deschamps et Makaïeff, la belle harmonie du collectif n’empêche pas à certaines personnalités d'émerger donnant lieu à des numéros d'acteurs hilarants.
A l'issue de la représentation, le public a réservé un triomphe à toute la troupe. Drôle, percutant, fin, brillamment interprété et même émouvant, "La Fabrique" est sans conteste une des meilleures surprises de cette fin d'année. |