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Interview  (Paris)  28 octobre 2004

Sylvie Allouche, auteur de livres pour enfants et photographe, expose pour la première fois à Paris chez Ecart. Avec Venise, noire de nuit, belle de jour, elle propose un regard personnel sur la Sérénissime. Un regard qui est une invitation au voyage.

Invitation pour découvrir une Venise intime mais aussi une invitation au voyage intérieur, dans les méandres de notre propre imaginaire à partir d'un reflet coloré ou d'une petite lumière dans la nuit.

Nous l'avons rencontré sur le lieu même de l'exposition pour parler de son travail et de ses projets.

Pouvez-nous parler de cette exposition sur Venise ?

Sylvie Allouche : Ce travail est un bonheur. La difficulté a été de porter un regard nouveau et différent sur la ville la plus photographiée au monde. Qu’est-ce qui va m’attirer moi profondément ? Je me suis vraiment laissée aller dans les reflets et la nuit noire. J’ai attendu une nuit sans lune car je voulais vraiment de très beaux noirs pour capter la moindre lumière. C’est une invitation au rêve. Des personnes m’ont dit penser à du Hitchcock.

Effectivement ces photos en noir et blanc peuvent se décliner selon l’imaginaire de chacun. Et puis l’écueil est la photo carte postale.

Sylvie Allouche : Le soir du vernissage une Vénitienne m’a dit : "Lorsque je rentrerai à Venise, je ne verrai plus jamais ma ville de la même façon." C'est un beau compliment.

Vous avez réalisé ce travail en allant spécialement à Venise ?

Sylvie Allouche : Non. Bien sûr je fais toujours des photos mais sans avoir à l’esprit de faire une exposition. nuit Je voulais seulement photographier la nuit vénitienne. Pour les reflets, j’en fais souvent. Partout où je vais. A Venise c'était une évidence. Mais ce n’était pas prémédité. d’exposition. Il y avait une telle cohérence entre les photos couleur et noir et blanc, que j’ai proposé ce projet à ECART dont le lieu magnifique se prête parfaitement.

Avez-vous fait de nombreuses photos ?

Sylvie Allouche : Non. En fait, cette pièce que j’appelle la Venise intime où les noirs sont beaucoup plus profonds que ceux de l’entrée, ont été pris en une nuit sur une pellicule.

Vous faites de l’argentique ?

Sylvie Allouche : Oui. Je suis une puriste. Le numérique pourquoi pas ? Mais ce n’est pas ma façon de travailler. Ce sont vraiment des photos choisies et chaque prise de vue a été réfléchie. J’ai été attirée par ces petites lumières comme un insecte et par la beauté que cela me renvoyait immédiatement. Ce travail a duré une nuit.

Ce sont donc des photos réfléchies mais le fait qu’elles ont été faites dans l’espace d’une seule nuit fait que cela reste des photos de l’instant.

Sylvie Allouche : Exactement. Car cette nuit-là était merveilleusement noire. C’était ce soir-là ou jamais.

Faites-vous vous-mêmes les tirages ?

Sylvie Allouche : Non. Les tirages ont été réalisés par le laboratoire Dupon avec qui je travaille depuis longtemps. Et ils ont fait un travail remarquable aussi bien sur la couleur que sur les noir et blanc. C’est un vrai métier.

Et par rapport à la photo initiale ?

Sylvie Allouche : C’est très fidèle. Ma seule exigence concernait les noirs profonds tels que je les avais vus. Ce qui a été une vraie difficulté pour les tireurs : d’avoir un noir profond, des gris et un blanc, les petites lumières étant presque surexposées. Aucune photo n’est recadrée ni retouchée. On m’a d’ailleurs posé la question pour la couleur. Mais ce travail de retouche ne m’intéresse pas. Ou alors dans le cadre d’un autre travail.

Et s’agissant de la verticale avec l’église prise en triangle, il n’y a pas de montage ?

Sylvie Allouche : Non. Les trois plans de la photo donnent une perspective étrange, mais ce n’est pas un montage. Cela pourrait. Je travaille d’ailleurs sur un projet de superpositions d’images. Je ne suis pas réfractaire à ce travail dans son principe.

Avez-vous pris plus de clichés pour les couleur ?

Sylvie Allouche : Oui. Seulement 2-3 pellicules. Je ne suis pas une folle du 70 rouleaux. Je prends un tel soin à chaque prise de vue que, honnêtement, il n’y a pas beaucoup de rejets. Je prends mon temps. Je ne double pas systématiquement. Ce qui est d’ailleurs très aléatoire avec les reflets. Les photos sont souvent prises au bord d’un canal qui déborde lors du passage d’un vaporetto , il s’agit donc de ne pas "traîner" car la seconde d’après l’eau s’en va et les reflets aussi… Ce côté éphémère m’a plu bien évidemment. Je suis retournée à Venise cette année pour y retrouver des reflets qui bien sûr n’existent plus.

Il s’agit de votre première exposition de photos ?

Sylvie Allouche : Oui. Je fais des photos depuis très longtemps mais sans jamais avoir exposé. J’alterne l’écriture, j’écris beaucoup pour les enfants, et la photographie. Cela étant ce n’est pas la première fois que je publie des photos pour des éditeurs. Une agence est intéressée le regard que je porte sur l’architecture et la statuaire. Je commence à montrer mon travail, à m'exposer. L’exposition amène des gens très différents, des professionnels, des amateurs comme des curieux. Et puis le fait d’exposer chez Ecart amène un public d’architectes. A cette occasion j’ai rencontré une architecte qui travaille sur l’éphémère et la mémoire en peinture, il est possible que nous réfléchissions ensemble à un projet commun.

Comment est venue cette passion pour la photographie ?

Sylvie Allouche : J’ai toujours eu un appareil photo. De façon plus ou moins amateur. Je me constitue une photothèque depuis 2 ans car je travaille dans le monde de l’édition ce qui me met en relation avec les éditeurs . Ces derniers qui connaissent mes destinations de voyage me demandent souvent une photo. Le problème était que mes diapos n’étaient pas classées. C’est un travail long et un vrai casse-tête… Alors je pense souvent au texte de Pérec Penser, classer.

La photo fait partie de moi. Je ne peux pas partir quelque part sans mon appareil photo, même si je ne fais pas de photos, même pour un week-end banal. Cela fait partie de moi comme mon carnet et mon crayon pour noter des idées.

Votre travail est plutôt orienté vers la prise de photos réfléchies que le mitraillage de scènes ?

Sylvie Allouche : Je ne fais pas d’instantané de scènes de rue. Il y a peu de personnes sur mes photos. Je n’y arrive pas. Et puis je vais peut-être dire un lieu commun mais j’ai l’impression de voler quelqu’un quand je prends une photo sans avoir averti la personne. Je ne peux pas. Et puis de plus en plus je m’oriente vers l’abstraction. Donc j’ai le temps de penser ma photo. Cela étant parfois je dégaine comme on dit car il peut y avoir un rai de lumière qui ne durera pas. Je travaille beaucoup avec la lumière.

Vous êtes suffisamment patiente pour attendre le moment qui vous paraît opportun ?

Sylvie Allouche : Je travaille essentiellement avec la lumière naturelle, donc la patience est de mise…. . Je n’utilise ni flash, ni projecteur, ni parapluie. Je ne suis pas technique du tout. Je suis plutôt instinctive. Bien sûr je maîtrise la technique pour faire des photos mais c’est tout. Quand je fais des photos en intérieur je prends un soin particulier au choix de la pellicule.

La finalité de cette exposition n’est-elle pas aussi de publier ces photos ?

Sylvie Allouche : Ce serait l’idéal afin de toucher le plus de gens possible, leur montrer le regard différent et très personnel que je pose sur cette ville. Si je vends des clichés ce sera très bien car cela permettra de rembourser les frais d’exposition qui sont très élevés. Voilà, montrer mon travail, et rencontrer des gens qui s’y intéressent. J’aimerai bien que cette expo tourne un peu car il me semble qu’elle permet de voir une Venise différente. Je serais bien sûr ravie que cela puisse faire l’objet d’un livre.

Vous avez déjà publié un bel ouvrage sur les anges, Paris des anges, qui comportent des photos et aussi des commentaires et des extraits de textes d’auteurs connus.

Sylvie Allouche : Cela a été un long travail, plus d’un an de repérage, de prises de vues, de recherche d’angles et toujours de lumière attendue… Les photos ont été choisies avec Philippe Lebaud, mon éditeur, car il y en a avait énormément. J’ai arpenté tous les cimetières parisiens, les rues, sans que cela soit bien sûr exhaustif. Les textes ont été écrits par Agnès Guérin et moi. Les extraits ont été choisis par moi à partir de réminiscences mais ont aussi fait l'objet d'une vraie recherche. Ce livre a bien marché à sa sortie. Il y a eu beaucoup de presse. Il s’agit d’un regard différent sur la statuaire. Le but était de rendre de chair ces statues de pierre.

Vous êtes plutôt couleur ou noir et blanc ?

Sylvie Allouche : J’ai commencé par la couleur et en ce moment je fais beaucoup de noir et blanc mais c’est selon l’humeur. Ce qui est étrange c’est que je ne me promène pas avec 2 boîtiers. Cela me perturbe. Il faut que je sache à l’avance quand je pars le matin quelle pellicule j’utiliserai. Si je mets une noir et blanc je pense et je vois presque en noir et blanc. De même pour la couleur. Je ne peux pas mélanger.

Votre actualité immédiate c’est cette exposition qui va durer jusqu'à la fin de l’année.

Sylvie Allouche : Oui. Elle a été prolongée d’un mois par rapport aux dates initiales pour mon plus grand plaisir et celui d’ Ecart. Après le 31 décembre Venise atteindra des sommmets ! Plus sérieusement, je serai exposée pendant près d’un mois à la bibliothèque de Morzine. J’aimerai aussi qu’elle voyage un peu dans les galeries parisiennes.

Avez-vous des exigences en termes de lieux d’exposition ? Je pose cette question car à Paris se développent beaucoup des expositions dans des lieux comme des cafés dont ce n’est pas la vocation première.

Sylvie Allouche : J’ai d’autres projets qui peuvent effectivement très bien s’inscrire dans des bars, des restaurants. Mais celui-là je ne pense pas. A moins de mettre une grande photo chez un restaurateur italien par exemple. Il me semble qu’il y a une unité, un voyage d'où l'adéquation avec le lieu. Cette exposition a vraiment été pensée en fonction de ce lieu-ci.

Avez-vous d’autres projets de voyage ?

Sylvie Allouche : Mon grand projet est de porter le même regard sur d’autres grandes villes. Je fais actuellement la même démarche à Paris. Je pense à New York, Montréal, Rome qui sont des villes également très photographiées et faire ce travail toujours dans les deux directions, celles du reflet et de la nuit.

Je rebondis sur ce que vous avez dit en ce qui concerne votre évolution vers l’abstraction.

Sylvie Allouche : Oui. Quand on me demande quels sont les photographes qui m’inspirent, je réponds Turner, Whistler pour ses nuits étoilées, Rothko, Soulage…

Donc des peintres.

Sylvie Allouche : J’ai effectivement envie d’aller vers le pictural. Certains ciels de Venise sont des coups de pinceaux.

Vous avez également parlé de votre intérêt aux remarques des visiteurs qui se sentaient entraîner dans des univers imaginaires par le biais de vos photographies. Cela vous intéresse d’être un média pour un voyage imaginaire ?

Sylvie Allouche : Ah oui ! J’adore ! Partir ainsi au travers d’une photo, partir ailleurs. Une femme m’a fait part d’un voyage en bateau que lui inspirait une des photos. Une autre m’a acheté une photo parce qu’elle trouve que c’est la même porte et la même ambiance que dans sa maison du Quercy. J’adore ça. C’est peut être mon côté écriture pour enfants : partir dans le rêve, dans le fantastique, faire rêver. Il y a deux sortes de photographie : celle qui montre et celle qui fait rêver. Ici, les photos sont contrecollées et non encadrées pour permettre justement d’entrer dans la photo sans la démarcation que crée le cadre ou la vitre. Pour montrer ce que j’ai vu.

L’exposition Turner, Whistler, Monet au Grand Palais doit donc être un de vos projets.

Sylvie Allouche : Je vais y courir. ! C’est une heureuse coïncidence.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'exposition sur Venise

En savoir plus :

Le site de Sylvie Allouche :mapage.noos.fr/sylvie.allouche


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# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
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"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché

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les nouveautés :

"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

et toujours :
"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14

Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
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"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

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"L'été d'avant" de Lisa Gardner
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Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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