Spectacle conçu et mis en scène par Stanislas Nordey, avec Sarah Amrous, Nathan Bernat, Romain Brosseau, Duncan Evennou, Simon Gauchet, Ambre Kahan, Marina Keltchewsky, Yann Lefeivre, Ophélie Maxo, Anaïs Muller, Thomas Pasquelin, Karine Piveteau, François-Xavier Phan, Mi Hwa Pyo, Tristan Rothhut et Marie Thomas.
Comme Christophe Honoré propose à de jeunes comédiens de réfléchir sur le mouvement du "Nouveau Roman", Stanislas Nordey confronte dans "Living !" les seize élèves de la promotion sortante de l’Ecole du Théâtre National de Bretagne qu'il dirige aux dogmes du Living Theater en son acmé à la fin des années 60.
Ancrés dans la beat generation "Peace, shit and love" et influencés par le manifeste sur le théâtre de Antonin Artaud, les fondateurs du Living Theater Julian Beck et Judith Malina usaient du théâtre comme outil de propagande de leur credo politique, syncrétisme de la pensée anarchiste, du principe de la révolution permanente et du socialisme utopique hippie, qui allait au-delà de la simple contestation du théâtre bourgeois.
Ainsi il a porté sur scène cet exercice - au demeurant totalement légitime dans le cadre de l’enseignement de l’histoire du théâtre dispensé par les écoles nationales de théâtre - pour élaborer, à partir d’un travail au plateau, un spectacle "en forme d’abécédaire" composé d’extraits de textes résultant des "choix personnels et libres" des élèves.
Devant un mur de néons percé d’une scène de théâtre d’ombres, version moderne du guignol conçue par Emmanuel Clolus, les officiants, intervenant chacun à leur tour, dispensent l’idéologie relative au théâtre libertaire et subversif sous forme de monologues déclamatoires ou profératoires de manière statique.
Aux antipodes de la performance et du happening du Living Theater, il ne se passe rien sur scène malgré leur implication studieuse même si se distinguent François-Xavier Phan, Romain Brosseau, le très jeune Nathan Bernat et Karine Piveteau.
Stanislas Nordey réussit le pari indiqué dans sa note d'intention, celui de "tenter d’échapper au théâtre documentaire et à l’hommage ou à la nostalgie et de porter cette parole au présent".
Mais l’exaltation de la liberté et de la tribu basée sur le mythe du nomadisme à l‘instar de celle des gens du voyage, alors qu’il n’y a rien de plus normé que ces microsociétés, l’ode à la brûlante beauté des pauvres et les slogans libertaires tels "A bas les caisses enregistreuses", "Vive la révolution permanente", "Changer le monde, pour un monde pour baiser" résonnent étrangement comme autant de vielles lunes. |