Bumcello, c’est cette union si naturelle entre une batterie et un violoncelle. Les deux instruments sont fait pour s’entendre et s’unir. J’en suis intimement convaincue. Ils sont le squelette des morceau-corps.
Cyril Atef est le Bum. Très tôt tombé dans la marmite musicale, l’expérimentateur de rythmes se fraie un chemin assourdissant, touchant à des styles variés, collaborant avec diverses personnalités, voyageant dans les percusives sonorités, pour un jour se retrouver nez-à-nez… avec Le Cello ? C’est Vincent Segal. Ayant biberonné du jazz, c’est à la baguette classique qu’il débute, excellant au conservatoire. Mais très vite, il sort du rang, se met à entendre d’autres voix, d’autres genres et les hip-hop, reggae, afro-beat le conduisent vers le Bum.
Voilà la rencontre. J’aime laisser planer une sorte de mythe, me dire que lorsqu’ils se sont vus pour la première fois, il y a eu une sorte de duel acoustique qui a fait trembler leur harmonie, leur créativité artistique. Duo ensorcelé et ensorcelant. Je les mystifie sûrement mais c’est pour mieux dessiner des enluminures sur leur dernière sortie.
Al est donc le septième album. Comme à leur habitude et, par essence ce qui fait l’âme du groupe, tout est improvisation. L’album a cette fois été enregistré en à peine deux jours puis décousu, rapiécé et cousu en Californie. C’est comme si après s’être autant nourri et avoir donné pour la musique, après avoir autant construit pour eux ou d’autres, ils avaient follement envie, de se délivrer de mélodies ou de se livrer à leur imagination. On se balade de pleurs de violoncelles, en africaines rythmiques, d’electro en musique orientale sans se demander s’il y a "quelque chose qui cloche" ?
J’idéalise le duo mais bien souvent, Cyril Atef et Vincent Segal ont de bonnes compagnies : Ibrahim Maalouf, Susheela Raman… Dans Al, le troisième homme n’est autre que Tommy Jordan. Cet ex-chanteur-compositeur de Geggy Tah, découvert sous un label de David Byrne, s’est mis dans la peau du chanteur et du chef d’orchestre. Triturant les deux jours riches d’impro, Tommy Jordan y extirpe douze morceaux très ronds, doux, planants, moins édentés, vibrants, que les albums précédents. Sa voix y est aussi pour beaucoup, une voix très haute, qui m’a parfois fait penser à du Jeff Buckley pour se situer, mais surtout à ces voix langoureusement soul. "Cowboy engine" est le titre que j’aurai le plus écouté, envoûtant par son rythme, endiablé par sa voix et surprenant de guitare.
J’imagine que les amateurs des Bumcello fous d’avant seront perplexes face à cet album, moins énergique mais excellemment bien chiadé. Le trio s’est surtout, je le pense, pris un plaisir immense à le jouer, à le construire et aujourd’hui à l’allonger, le déconstruire, l’improviser, le partager dans les salles avec élégance. |