J’aurai pu vous parler du Certificat de Compétences en Langues de l’Enseignement Supérieur, vous auriez été choqué d’apprendre qu’il suffit d’un chèque de 15 euros à l’ordre du CROUS pour l’obtenir, vous m’auriez montré du doigt parce que ce n’est pas vrai, je vous aurai montré mon Certificat Européen de Management par la Valeur et son talon de chèque correspondant, vous m’auriez répété qu’il ne faut pas faire d’une exception la généralité, et je vous aurai offert un café…
Mais non, je vous parlerai d’un tout autre Clés, le magazine bimensuel de Perla et Jean-Louis Servan-Schreiber. J’oserai dire, Le Magazine des Intellos, des intéressés de culture, philo, psycho, sagesses, écologies, santé, sciences, styles… y tout y tout. Loin du Psychologies magazine qui démocratise la psychanalyse de comptoir, loin du Biba thérapeute de couples ou du Cosmo pour les filles bobo pas farouches, Clés est une sorte de livre-magazine, à lire et à relire.
Le focus de ce numéro a de quoi attirer la curiosité : Ralentir, en avons-nous vraiment envie ? Ben oui, parce que la vitesse nous fait vivre plusieurs vies, ce qui est plutôt cool, mais la boussole intérieure, que devient-elle dans tout ça ? Pourquoi ce bourgeonnement de yoga, sophrologie et zénification ? Bonne question me direz-vous, mais quelles sont les solutions ? Allons-nous imploser ? Quel est le sens réel de cette accélération ?
Après une analyse du "problème", sans charabia ni obscurs jargonades psychanales, des spécialistes (et des anonymes) proposent des solutions, des idées, des moyens de rééquilibrer cette boussole, de retrouver le sens des vraies urgences…
Et tous les articles mentionnés en couverture ne déçoivent pas à la lecture, à vous le secret de "La nouvelle sagesse" par Jean-Louis Servan-Schreiber, la mode intemporelle, le témoignage d’une chasseuse de tête devenue cuisinière (ou comment la création culinaire vous sauvera du stress carriériste du résultat et des chiffres), les tendances déco (bon, le tronc d’arbre en forme de nouille torsette au milieu de mon salon, j’ai des doutes, mais mon chat risque d’adorer… à suivre).
La rédactrice en chef de Clés raconte son été à Beyrouth, oui, son été au Liban ! Sous les bombes ? Même pas ! Elle boit du rosé et danse en talons aiguilles pendant que d’autres kidnappent à tour de bras. Comme quoi, les journalistes non plus ne sont pas dupes, les caméras montrent un petit cadre, pas l’ensemble de la vie d’un pays.
Ensuite, mis à part le casque en forme de coquille d’escargot dont est affublée la femme de la couverture (pas très confortable à mon avis), "L’erreur nous est utile" a également de quoi accrocher le regard. Et c’est vrai, je ne me suis pas laissée convaincre, loin de là, je me suis retrouvée dans les lignes, j’ai trouvé un moyen de rebondir après une erreur. Concrètement, l’erreur, c’est chiant, ça fait parfois mal, ça fiche la honte, pourtant, l’erreur permet de sortir du cadre de la règle, et c’est là que sont les solutions, les aubaines, les chances que nous n’aurions pas forcément vues ou saisies… si si !
Sans être une thérapie, Clés aborde de réels problèmes quotidiens, sociétaux, personnels et donne des explications sans langue de bois. Entre articles, extraits, discours, photos, témoignages, entretiens et portraits, Clés se lit comme un livre, à la fois divertissant (le clin d’œil à la page essentielle d’Auguste Derrière, tout en jeux de mots et tricheries langagières : "une affiche rigolote n’est pas forcément un poster rieur"), informatif ("Le pays où les femmes préfèrent la prison", pour échapper à la mort… triste Afghanistan) et relativisant ("Aimer bosser ? Mai oui !" C’est un bel épanouissement tout de même !). |