Dans l'équipe de "Folie printanière",
qui se joue actuellement au Théâtre du Splendid, le
fantasque et arty Dimitri a bien du mal à se faire respecter
par sa femme de maison, la teutonne Gerda qui ne rate pas une occasion
de l'asticoter.
Nous avons rencontrés Pascal Rocher et
Anne-France Mayon qui incarnent ces personnages
quelques heures avant la représentation. Branle-bas de combat
avec humour et rires ! Pascal Rocher est quasi aphone et chacun
y va de sa recette miracle. Il avale successivement du thé
et du citron chaud arrosé de rhum et suce des bonbons au
miel en implorant le droit de fumer une cigarette. Mais Anne-France
Mayon veille !
Nous avions découvert Anne-France Mayon dans "Embrassons-nous
Folleville" de Labiche où elle interprétait une
fougueuse et irrésistible fille de vicomte. Dans "Folie
printanière", elle joue le rôle d'une gouvernante
totalement allumée. Un petit brin de folie soufflerait-il
au dessus de sa tête? "Cette fille est folle !"
affirme Pascal Rocher, lucide, entre deux quintes de toux.
Nous vous avions ratée lors de l’interview
relatif à la pièce "Embrassons nous Folleville"
que vous aviez joué au Théâtre du Tambour Royal.
Y a-t-il des perspectives de reprise pour ce spectacle ?
Anne-France Mayon : Nous avons fait une audition
pour le Théâtre du Lucernaire avec peut-être
une programmation pour 2005-2006. Par ailleurs, la distribution
n’est pas fixée puisque nous ne connaissons pas nos
disponibilités pour cette échéance.
Je voulais également vous demander des
nouvelles de votre compagnie La Comète.
Anne-France Mayon : Nous avons un très gros
projet mais pas pour l’immédiat. Je rêve de monter
Don Quichotte. Je ne sais pas combien d’années je mettrais
pour le faire mais je le veux vraiment. Pour le moment, mon actualité
c’est la pièce "Folie printanière"
au Théâtre du Splendid et dès lors il est difficile
de mettre des projets en place.
J’ai joué un autre spectacle au mois
de septembre, "Les pestes" de Patricia Levrey avec Isabelle
Parsy. Il s’agit d’un duo, sur le thème de la
vie de couple, que nous avons joué à Aix en Provence.
Le spectacle est drôle avec une peinture un peu critique des
hommes et les femmes sont ravies. Il est envisagé de le reprendre.
Mais là également tout dépendra de nos disponibilités
respectives car nous sommes toutes les deux engagés dans
un autre spectacle.
Quelle est la programmation de Folie printanière
?
Anne-France Mayon : La programmation est prévue
jusqu’à la fin de l’année 2004. Et davantage
en cas de gros succès.
Et cela s’annonce bien ?
Pascal Rocher : Si je continue d’avoir cette
voix-là…non ! (rires). Sérieusement, ça
commence à décoller car la presse commence à
parler de nous et le bouche à oreille commence à être
efficace.
En regardant vos CV respectifs, on peut constater
que la plupart des comédiens de Folie printanière
étaient de l’aventure pour une pièce qui s’appelle
De toutes manières.
Pascal Rocher : Effectivement, il s’agit
du même noyau qui s’est réuni autour d’un
autre projet mais sur un texte d’un autre auteur.
Il y a une continuité dans le thème
abordé.
Pascal Rocher : Oui. Tout à fait. Les auteurs
de Folie printanière, Christophe Dauphin et Dominique Couttance,
étaient venus voir De toutes manières et nous ont
proposé leur pièce qu’ils ont ressorti de leur
tiroir. Pour la distribution, nous avons pioché dans l’équipe
précédente.
Comment avez-vous reçu l’accord
du Splendid ?
Pascal Rocher : Nous avons démarché
tous les théâtres. Le Splendid est le seul qui nous
a répondu favorablement ; C’est tout simple.
Et si le Splendid avait répondu négativement
?
Pascal Rocher : Nous aurions continué nos
recherches.
Vous êtes co-metteur en scène pour
Folie printanière. Quels ont été les difficultés
ou les avantages de travailler avec des comédiens que vous
connaissiez et d’œuvrer à la fois sur scène
en tant que comédien vous-même tout en faisant la mise
en scène ?
Pascal Rocher : Nous sommes 2. J’ai aidé
Christophe Dauphin pour la mise en scène, je l’ai rejoint
et je me suis occupée des éléments de mise
en scène, comme la musique, dont lui ne s’occupait
pas. Lui est doué pour la direction d’acteurs et pouvait
le faire puisqu’il n’était pas sur scène.
Nous avons donc fait dans la complémentarité. Pour
ma part, j’aime bien faire de la co-mise en scène.
Le travail de mise en scène constitue une
orientation que vous souhaitez développer ?
Pascal Rocher : Quand la pièce me parle,
j’aime bien.
En ce moment, à Paris, il y a plusieurs
pièces qui traitent de l’homosexualité. Avez-vous
cédé au phénomène de mode ?
Pascal Rocher : Très sincèrement
non ? Nous ne faisons pas partie de ceux qui profitent du filon.
Sur un thème similaire, nous avons fait un spectacle il y
a 5 ans. Et Folie printanière a été écrite
depuis quelques années également. Nous l’avons
monté parce que cette pièce nous plaît.
Etes-vous allé voir ces autres pièces
?
Pascal Rocher : Non. Parce qu’elles se jouent
en même temps que la nôtre.
Et en quoi la pièce vous plaît-elle
?
Anne-France Mayon : Je trouve qu’il s’agit
d’une pièce très divertissante et originale.
Les situations sont alambiquées et les répliques cinglantes.
J’ai eu un vrai coup de cœur à la lecture.
Pascal Rocher : C’est du boulevard, c’est
du léger, du pur divertissement. J’aime bien le voir
et j’aime bien le faire aussi.
Les intermèdes étaient prévus
par les auteurs ?
Pascal Rocher : Il s’agit de ma touche personnelle.
J’ai toujours envie de mettre des musiques et des chorégraphies
dans les pièces de théâtre.
Anne-France Mayon : Donc nous avons tous appris
à danser !
Pascal Rocher : Je trouve que cela fait partie
du spectacle.
En quoi vos rôles vous intéressent
et quels sont les difficultés ?
Pascal Rocher : L’essentiel est de garder
la voix …(rires)
Anne-France Mayon : …dans les deux sens du terme.
Pascal Rocher : L’essentiel est de garder,
la pêche, la fraîcheur sur la durée, le dynamisme,
le rythme et ne pas s’installer dans son rôle.
Anne-France Mayon : Oubliez ce que l’on a
fait la veille pour se renouveler.
Les auteurs et/ou les metteurs en scène
laissent-ils une certaine latitude aux comédiens pour ce
faire ?
Pascal Rocher : C’est très cadré.
Je ne suis pas très partisan de l’improvisation.
D’abord parce qu’il faut être très doué.
Il y a un texte à respecter. Ce qui n’empêche
pas de trouver de nouvelles idées en cours de route, ce qui
nous arrivent fréquemment.
Anne-France Mayon : Ce sont de petites surprises
mais pas de l’improvisation.
Pascal Rocher : Le boulevard c’est une chorégraphie
donc il faut une grandeur précision et une grande rigueur.
Je n’ai pas envie de rallonger la pièce à coups
d’impro. Poiret et Serrault le faisaient mais ils s’appelaient
Poiret et Serrault.
Anne-France Mayon : Ils avaient 15 ans de carrière
commune derrière eux. Ils pouvaient se permettre de le faire.
Pascal Rocher : Quand nous en serons là,
nous verrons.
Quels sont vos projets ?
Pascal Rocher : J’ai quelques projets d’écriture
et de co-écriture. J’ai une pièce musicale en
préparation dans laquelle j’assure la mise en scène
et j’ai un petit rôle et je chante…enfin j’essaierai
…
De manière plus générale,
que pensez-vous des difficultés rencontrées aujourd’hui
pour jouer et notamment des programmations dépendant directement
du taux de remplissage de la salle et donc parfois très rapidement
écourtées ?
Pascal Rocher : C’est dur. Le théâtre
c’est du business et il faut faire ses preuves rapidement.
En revanche, monter une pièce c’est possible à
condition de se remuer un petit peu. Je ne duis pas que c’est
facile mais c’est possible. A condition de ne pas attendre
que tout tombe du ciel. Nous montons nos spectacles et nous ne nous
contentons pas de les envoyer par la poste.
Anne-France Mayon : C’est très rare
les spectacles qui sont montés comme ça, uniquement
sur un nom. Nous n’en sommes pas là. L’envie
c’est de jouer. Donc de choisir des textes et de les monter.
Pascal Rocher : C’est la seconde fois que
nous montons un projet de cette manière et à chaque
fois nous sommes programmés. De toutes manières a
été jouée 400 fois. C’est une bonne méthode.
Le noyau dont vous avez parlé est-il regroupé
en compagnie ?
Pascal Rocher : Après De toutes manières,
nous avons créé notre compagnie Kicékafessa.
Le but est de monter des spectacles toujours dans
le registre comédie ?
Pascal Rocher : Pour le moment oui.
La comédie dramatique ou le classique ne
vous tentent pas ?
Pascal Rocher : Pas pour l’instant. Je ne
crache pas dessus mais cela me paraît beaucoup plus ardu que
la comédie, contrairement à ce que l’on dit
généralement. Enfin, pour le moment, cela ne me branche
pas. Si on vient me chercher….mais de moi-même je ne
monterais pas une pièce classique.
Donc écriture, mise en scène et
comédien ?
Pascal Rocher : Oui. Et pas obligatoirement sur
le même spectacle.
Et vous ?
Anne-France Mayon : Je ne me suis jamais lancée
dans l’écriture.
Pascal Rocher : Elle ne sait pas écrire,
elle est belge !
Anne-France Mayon : Oui, c’est ça
le problème (rires)
Pascal Rocher : Et puis, c’est une fille
!
Donc juste jouer avec elle ?
Pascal Rocher : Oui, c’est un plaisir. C’est
la raison pour laquelle elle est de nouveau là. Elle est
folle mais c’est comme ça !
(rires)
Cela figurera dans l'interview.
Pascal Rocher : Si vous voulez, c’est la
pure vérité !
Anne-France Mayon : Il n’a pas tort.
Pascal Rocher : Tu l’avoues ?
Anne-France Mayon. Oui, oui, je l’avoue.
Je suis originale. Cela peut dérouter.
Le succès de la pièce De toutes
manières a-t-il entraîné des propositions ?
Pascal Rocher : Pas tant que ça. Car nous
étions une troupe semi-professionnelle, voire amateur et
donc, à l’époque, pas prise au sérieux
par beaucoup de gens. Il a donc fallu ramer pour faire nos preuves.
Personnellement, j’ai été contacté plusieurs
reprises. J’ai joué dans la pièce Insensé
qui a été jouée pendant deux mois. Ceux qui
étaient déjà professionnels ont eu quelques
propositions.
Le fait d’être programmé au
Splendid est une étape supplémentaire.
Pascal Rocher : Effectivement. Cela renforce notre
crédibilité.
Il y a de surcroît un esprit Splendid dans
cette pièce.
Pascal Rocher : Il n’y a pas meilleur compliment.
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