Clownerie écrite et interprétée par Rafaëlle Arditti dans une mise-en-clown de Raphaël Almosni.
Clown et comédienne, Rafaële Arditti décline dans son nouveau spectacle, intitulé "Madame La culture présente l'installation-spectacle -installation (p)latitudes", le mode opératoire qui a fait le succès de "Sarkophonie", son précédent opus, qui constituait en une réécriture burlesque et satirique d'un vrai discours présidentiel.
Par le décryptage et la satire oulipienne de discours et de descriptions d'oeuvres d'art conceptuel, elle dénonce l'élitisme culturel, épingle les dérives de la culture culturante du cénacle bénéficiant de la manne des subventions publiques et dégonfle les baudruches que sont les officiels bêtes et incultes qui ont trouvé sinécure dans le monde fumeux de l'art.
Pour symboliser les spécialistes du verbiage culturel, elle fait intervenir sur scène le personnage de Madame Laculture, représentante du Comité éthique et de programmation du grand théâtre de Niais, qui officie avec son interminable discours d'inauguration de la troisième édition du Festival européen des arts novateurs et des réseaux artistiques innovants.
Boudinée dans son tailleur gris, empêtrée dans son écharpe, le fil du micro, les brosses à dent d'une installation plasticienne, les chausse-trappes d'un discours non totalement maîtrisé et, surtout, le vide abyssal de son cerveau, elle constitue l'illustration parfaite des aréopages aussi prétentieux que mystificateurs qui concourent à la gabegie tant culturelle que financière.
Raphaël Almosni a procédé à la mise-en-clown du spectacle qui fait la part belle au talent de Rafaëlle Arditti qui use de tous les ressorts comiques, voire tragi-comiques, de la technique de jeu de clown pour stigmatiser tous ceux passés maîtres dans l'art de "tourner en rond en brassant du vent".
Le trait est précis et saignant, sans appel, même si la dame est pourvue du nez rouge du clown et toute ressemblance avec des personnes réelles n'est pas fortuite.
Misant sur l'interactivité, le spectacle est jubilatoire même si parfois le rire est de couleur jaune car de la culture pour chacun à la culture rencontre entre la subjectivité d'un artiste et l'intersubjectivité du partage en passant par la culture partagée créant du lien social, que de mots et de maux ! |