Nous avons eu peur, pour être tout à fait franc, à l’écoute de ce Forever Endeavour, que le génial canadien ne reproduise les erreurs du surproduit et complètement raté Long Player, Late Bloomer sorti en 2011. Les rêves de gloire envolés, Sexsmith est revenu à ce qu’il savait faire de mieux : de superbes chansons folk ourlées de mélodies imparables.
Dès le premier titre "Nowhere to go" tout en cordes et en cuivres, nous voilà totalement rassurés, on retrouve le son et l’atmosphère qui ont établi la réputation du chanteur depuis les années 90. Le retour aux manettes de Mitchell Froom éloigné depuis 2006 et l’album Time Being incarnant ce retour aux sources, ce dernier ayant même eu la bonne idée de proposer à Sexsmith d’ajouter des arrangements de cordes et de vents.
Le disque se déroule à un rythme tranquille, cultivant une certaine mélancolie et suivant la formule des grands classiques des années 70, de ceux de Neil Diamond, Randy Newman ou Glen Campbell : des chansons plutôt courtes, des musiciens discrets, le déploiement d’une orchestration subtile proche de celle de Bacharach ou Ray Davies. Mais surtout Forever Endeavour est un Memento Mori, une longue méditation sur l’existence et la fragilité de la vie où Ron Sexsmith parle de la mort, du cancer qu’il pensait avoir, de l’enfance et du pouvoir rédempteur de l’amour.
C’est un disque de retour aux sources, humble et simple mais véritablement profond, où les admirateurs du canadien auront plaisir à se plonger, un disque où Ron Sexsmith aura mis tout son talent de mélodiste jusqu’à assumer, peut-être pour la première fois, pleinement sa position de chanteur. |