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puce L'homme qui frappait les femmes
Aymeric Patricot  (Editions Léo Scheer)  février 2013

"L'homme qui battait les femmes" : titre choc et accrocheur pour le quatrième roman de Aymeric Patricot qui présente la particularité de produire un double effet, celui de l'arbre qui cache la forêt et de la partie émergée de l'iceberg.

En effet, il évoque immédiatement le phénomène sociétal particulièrement sensible de la violence conjugale, alors qu'il vise plus largement la violence contre les femmes, thématique qui, au demeurant, sert de véhicule, voire d'illustration, à ce qui paraît le vrai sujet du livre, le malaise existentiel d'un psychopathe.

Aymeric Patricot livre, dans le registre du splatterpunk à la française, l'autoportrait d'un homme ordinaire et apparemment bien sous tous rapport qui, sans raison psychologique, familiale, sociologique voire physiologique évidente, a laissé libre cours à son penchant addictif à la violence.

Et ce uniquement à l'encontre des femmes qui constituent des victimes plus faciles que les hommes, tout en devenant, comble de l'ironie, président d'une association de défense des femmes battues, engagement qu'il considère comme un véritable défi.

Ce qui rend la lecture de cette confession sans regrets ni remords particulièrement éprouvante, confinant parfois au malaise, tient, en premier lieu, à la crédibilité du personnage et à l'absence de circonstances atténuantes.

Ensuite, et surtout, parce que le quidam, qui est cultivé et intelligent, conscient de cette pulsion, qu'il qualifie de vice, de colère, d'amie perverse ou de rage, va l'instrumentaliser de manière délibérée ("J'avais suffisamment fréquenté l'animal que j'étais pour savoir, d'une part, comment tenir en bride mes pulsions, d'autre part, comment les assouvir sans prendre de risque") allant jusqu'à l'élaboration de scénarios-type pour parfaire et diversifier son mode opératoire.

Car être "un petit bourgeois brutal qui bat sa femme" est insuffisamment gratifiant pour celui qui ambitionne d'être "considéré du côté des psychopathes, ces grands malades inassimilables, que leurs accès de rage isolent mais qui les rendent uniques".

Conscience malheureuse fermée au principe de plaisir ("Je trouvais parfois la vie d'une tristesse insondable, d'une épouvantable matière noire, et tout m'y apparaissait à la fois répétitif et tragique") et indifférente au monde comme à l'altérité à la manière de "L'étranger" de Marcel Camus dont l'auteur reconnaît l'influence ("Tout m'apparaissait nimbé d'un brouillard d'indifférence..."), il est immergé dans une mélancolie pathologique.

Une mélancolie qui se constitue autour d'un moi dévalorisé ("le sentiment d'être totalement insignifiant" considéré par ses parents comme "un garçon réservé, sans confiance ni charisme", "Au fond, j'étais un homme humilié") et d'une vacuité tant spirituelle qu'émotionnelle ("Il y avait quelque chose de lisse et de monotone dans la succession des semaines, et même d'insupportable : ce n'était donc que ça le bonheur ?") pour laquelle la brutalité constitue un exutoire ("Sans cette chose qu'était la brutalité, je percevais mon existence comme une forme terriblement vide, et j'étais angoissé chaque fois que j'imaginais ce que j'aurais été sans elle. Paradoxalement, c'était cette vacuité qui me déprimait").

Rédigé d'une plume clinique sans affect et ressortissant au genre de la fiction transgressive, ce roman bref est tout aussi dérangeant qu'inquiétant dans la mesure où il substitue à l'image du "monstre", relativement rassurante par son exceptionnalité, celle de la perversion ordinaire.

Il est suivi d'un essai totalement dispensable, voire incongru, par lequel l'auteur, par ailleurs professeur agrégé de lettres modernes, cède à la tentation du didactisme en expliquant sa motivation quant à la pratique d'"une littérature prenant en charge l'insoutenable".

 

MM         
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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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