Cabaret comique mise en scène par Johanna Boyé, avec Stéphanie Bassibey, Elodie Bernardeau-Ortega, Judith Margolin et Xavier Valoteau accompagnées au piano par Laurent Damont. Conçu à l'origine comme une petite forme théâtrale dans le cadre de l'intervention en milieu hospitalier de l'Association Tournesol, le spectacle "Frous-Frous, Cabaret de bonnes femmes fatales" est devenu grand et s'inscrit résolument sur la voie du succès.
D'autant qu'il tient ses promesses de "cabaret moderne et rock’n’roll pour 4 comédiens et 1 pianiste avec saynètes comiques et chansons coquines et subversives, dans un décor emplumé" annoncé à grand renfort de froufroutements. Et pourtant la concurrence est rude dans le créneau saturé de la chanson fantaisiste et grivoise vintage. Mais la joyeuse troupe emmenée avec efficacité par Johanna Boyé bénéficie d'un atout conséquent qui tient à son talent de taquiner plusieurs muses. Car ces bonnes femmes fatales sont comédiennes et chanteuses, et non cette vague catégorie hybride de comédiens-chanteurs improvisés, et cela tombe à pic pour un spectacle qui entreprend de raconter une soirée côté scène et côté coulisses à travers quatre personnages d'artistes de cabaret qui, en sus de la chanson, interprètent des scènes du répertoire de Molière, Courteline et Jean Tardieu. Quatre personnages dont un homme, le monsieur de ces dames, Trogon pour les intimes, campé par Xavier Valoteau qui joue les Frégoli avec assurance et pousse bien la chansonnette, revisitant notamment le monument fernandelien qu'est "Félicie".
Dans un décor malin de Ermeline Stranart composé notamment d'une mini-loge de théâtre qui sert également de paravent pour les changements de costumes, des costumes malicieux et pleins de trouvailles de Claire Djemah, les bonnes femmes fatales sont toutes aussi talentueuses que bluffantes.
Elodie Bernardeau-Ortega, dans le rôle de Rita la tigresse, ose, divinement gracieuse, la danse de l'éventail à plumes, un must de l'effeuillage burlesque, sur une chanson de La Lupe, la reine de la chanson latine.
Judith Margolin est irrésistible en Lili Mondor, la blonde blonde qui tente désespérément de faire son numéro exceptionnel de raclette fondue avec sa ceinture à poêlons.
Quant à Stéphanie Bassibey, son excellente composition de Diva la douce inspirée de la gouailleuse Arletty en sous vêtements satinés, seins en obus à la Jean-Paul Gaultier et jambes gainées de noir, évoque parfaitement le stéréotype de la femme fatale des années 30.
Les chansons sont délicieusement théâtralisées et la musicalisation des partitions théâtrales, bien que revisitées à la sauce burlesque, ne dénature pas le texte et n'en altèreni l'acuité ni la dimension comique.
Accompagné au piano en direct live par Laurent Damont, et sans céder à la facilité ni verser dans la vulgarité et le vulgaire, le quatuor dispense un divertissement épatant et émoustillant, plein de fraîcheur, d'inventivité et de plaisir communicatif pour un vrai coup de coeur. |