Ils avaient déjà fait le coup en 2005 : être là où on ne les attend pas pour y glisser de belles pièces de musique. Peut-être ne vous en souvenez-vous pas : Mogwai avait signé la (tout à fait excellente) bande originale du (tout à fait dérisoire) film documentaire Zidane : un portrait du 21ème siècle.
On avait été émerveillé, à l'époque, par la valeur évocatrice de la musique convoquée pour illustrer un sujet aussi vain que les tribulations d'un joueur de balle au pied. On se demandait si l'on devait applaudir ou enrager : les auteurs de Come On Die Young, album historique autant que souterrain, ces écossais maudits, qui ne pouvaient qu'être éternels insoumis, en passant du côté du grand public vendaient-ils leurs âmes au Méphisto de la Grande Consommation Culturelle, ou préparaient-ils au contraire en secret le règne du Démon Post-Rock sur une terre dévastée par le Déluge Sonique, l'Apocalypse du Crescendo ? Imaginez : Braithwaite à l'école des fans, Explosions in the sky chez votre crémière, Mono dans le spot télé du Gigamarché le plus proche...
C'est cette fois la bande originale d'une série télévisée française hautement surestimée que Mogwai s'est trouvé en charge d'illustrer : Les Revenants. S'il est inutile d'insister sur la série elle-même, sympathique adaptation, quoique trop lointaine et appauvrissante pour être honnête, du film du même nom de Robin Campillo (2004), on peut tout au moins souligner que la bande originale de Mogwai se défend assez bien seule. À tel point même qu'on écoutera avec profit celle-ci sans avoir vu celle-là, l'évocation musicale se passant fort bien de la surimpression un peu plate du jeu des comédiens.
Cette bande originale n'est certainement pas le Grand Œuvre du groupe, que l'on soupçonne plutôt devoir chercher dans son passé, aux alentours du tournant du siècle ; elle n'atteint pas non plus le niveau de la B.O de Zidane, géniale de tensions et de statique électrique ; mais elle offre une promenade délicieuse aux bras d'un Mogwai plus en retenue que jamais. Une alternative aux dernières productions du groupe, qui a tout au moins l'élégance d'être surprenante de douceur. |