Plus besoin de le présenter, depuis qu’il nous a chantonné "A la faveur de l’automne" un beau soir de novembre 2003, pendant les bouchons, en pleine grisaille. Que celui qui ne connait pas lève la main, que je lui jette des cailloux. Ou des boules de neige.
Et pourtant, il n’avait pas grand-chose pour plaire, à commencer par un nom ridicule (surnom de ma cousine entre 3 et 8 ans), des bésicles en fond de bouteille, d’indomptables cheveux, les dents du bonheur et des fossettes de bébé : Tété.
Attention aux grincheux, éloges droit devant !
Un fabuleux poète, un troubadour musicien doublé d’un esthète du verbe sans égal, un armistice à lui tout seul, le Zizou de la musique, le grandiloquent conteur des petites vies, de Madeleine qui thésaurise tant que faire se peut dans ses bas de laine, de "Eleanor Rigby" et de "Emma Stanton" en passant par "La Ballade de Oogie Tsuggie" et "Le retour d'Ootsie Putsie", le fidèle porte-parole d’émotions mélancoliques, celui qui "chante l'ivresse de n'être rien, la détresse en moins", des grands moments de solitudes au "Bal des boulets" en passant par "Le premier clair de lune". Non, je ne vais pas tout citer, mais au nom de ce cinquième album, tous les autres méritent d’être à nouveau cités.
A moi l’honneur de vous présenter Nu là-bas, du "Guide" Tété, cinquième chef-d’œuvre du nom. Entre groove créole et blues gaulois, entre pop à bulles et mélodies enjouées, que du frais, du beau, du bio. Miam !
Des histoires ("Marie Laveau" qui parle à Satan), l’hommage d’un grand garçon à sa tendre maman ("Comment te dire"), des jeux d’enfants ("allo Houston ici Tutu"), du centre du monde en Gironde, sur le perron de ses aïeux, où il a passé trois étés sur deux ("A l’ancienne"), de son déménagement à Paris ("De ce côté-ci du bonheur").
Mais je garde le meilleur pour la fin, la déclaration d’amour "Nus là-bas" façon "met ton bikini blanc, prend ton paréo bleu, nous irons nous aimer là-bas, tout nus dans les vagues abandonnées sur la plage au fil de l’onde", drôle et romantique, les qualités du prince charmant, bien sûr qu’li existe, il a les dents du bonheur et des fossettes quand il sourit.
Mais avec Tété, il n’y a jamais de fin, il fait allègrement des aller-retours dans son passé et vers son futur, il garde la classe des dandys des trentes glorieuses et y ajoute le pétillant de la génération Y, élevée aux génériques et à la radio ("La bande son de ta vie") : "Le bon refrain au bon moment, un goût de rien si fort pourtant".
Quel génie ce Tété, snobé par la génération Z, ces zombies qui mangent de l’écran à longueur de temps, adulé par les fous de mon espèce. Le mieux de Tété est de savoir accorder les lalala et les pampampam comme de vraies paroles, et non comme des bouche-trous pour les malheureux de la rime.
Ça y est ! On a décrypté l’ADN de la ritournelle ! La classe façon dernière séance. Youhou !
Allez, une dernière : "Le bonheur, c’est quoi ? Le bon refrain au bon moment, la bande son de ta viiiiiiieee". |