La pochette et le titre de l'album pourraient laisser croire à un énième disque de "ska-punk-festif" adolescent amoureux de THC, d'alcool éthylique et de comas qui ne le sont pas moins, ayant la verve plus haute que l'intellect. Que nenni.
Monsieur Roux, c'est un peu le cliché du cousin du Québec, qui vous chanterait des chansons d'amours truffées de caribous et de nuitées au coin du feu ; le gentil montréalais qui ne pollue pas, qui vit en chemise à carreaux et qui mange bio ; le bon gars amoureux et équilibré, qui aime la musique folk et fait du sport sans affectation. Sauf qu'il viendrait de Rennes et aurait pour idole Cali ou Bertrand Belin.
Pour son troisième long format, le groupe emmené par Erwan Roux s'est offert un disque à l'esprit acide comme une visite au musée en famille un dimanche de vacances de Pâques dans une ville de taille moyenne peu touristique, à la plume mordante comme la page des conseils beauté du Télé Z de l'année dernière, que l'on avait gardé en se disant que l'on pourrait recommander à sa copine Julie cette crème anti-âge respectueuse du P.H de sa peau.
En bref : Monsieur Roux a pondu un disque qui ne vous bousculera pas. Et c'est bien, parfois, de ne pas être bousculé, de se laisser aller à écouter de gentillettes chansonnettes qui ne vous filent pas le cafard ou ne vous renvoient pas à l'impératif introspectif de vous sortir vos propres doigts du curieux engrenage dans lequel la vie vous a peut-être amené à les coincer.
"Les week-ends en Mayenne, ça reste les week-ends en Mayenne. Laval peut bien s'donner des airs, ce n'sera jamais Buenos Aires" ... Quand "ritournelle" rime avec "consensuel", "la vie est belle" et "redis moi comment ça s'appelle ?". |