Comédie dramatique de Gabriel Calderon, mise en scène de Adel Hakim, avec Véronique Ataly, Anthony Audoux, Philippe Cherdel, Eddie Chignara, Bénédicte Choisnet, Etienne Coquereau, Matthieu Dessertine, Louise Lemoine Torrès, Ana Karina Lombardi et Lara Suyeux.
Avec "Radical Calderon - Trilogie uruguayenne", le Théâtre des Quartiers d'ivry propose de découvrir le "théâtre subversif briseur de tabous" du jeune auteur uruguayen Gabriel Calderon.
Dans "Ouz", petit village apparemment tranquille malgré la nymphomanie de soeurs siamoises (Louise Lemoine Torrès) et l'homosexualité refoulée de la fille (Bénédicte Choisnet) d'un boucher au tempérament sanguin (Etienne Coquereau) et du curé (Philippe Cherdel), une femme très pieuse entend la voix de Dieu qui lui impose l'épreuve du sacrifice d'Abraham comme preuve de sa foi. Ce dont elle accepte le principe sans grande difficulté.
En revanche, son exécution est laborieuse : qui choisir de son fils (Matthieu Dessertine) ou de sa fille autiste (Lara Suyeux) ? comment écarter un mari aimant ? Tout va de Charybde et Scylla jusqu'à une contagieuse folie meurtrière. Dieu est-il vraiment à l'origine de ce carnage ?
Dans le registre saturé de la folie familiale, du dérèglement sexuel fantasmatique, de la soumission aveugle à l'autorité suprême, du dieu machine à manipuler et de la réécriture des mythologies, précédé par des auteurs dramatiques qui, de Copi à Hanok Levin, ont porté le genre à leur acmé et de ses aînés sud-américains tels Rodrigo Garcia, Rafael Spregelburd et Claudio Tolcachir, qui en sont les dignes héritiers, Gabriel Calderon fait pâle figure.
Pour mettre en scène des personnages qui tendent vers le clown burlesque, Adel Hakim joue la carte de l'anachronisme avec la scénographie minimaliste et très graphique en gris et blanc de Yves Collet, une table, des bancs et un rideau de fond de scène, et les costumes en noir et blanc de Dominique Rocher qui évoquent les années 60 filmées par Jean-Christophe Averty qui inspire également la frénésie de la dynamique de jeu.
Adel Hakim assure une direction d'acteur rigoureuse et le couple parental Véronique Ataly, vibrionnante brebis égarée par un Dieu à la voix de Babar, et Eddie Chignara, en mari transformiste, assurent le spectacle. |