Quelques mois après
la sortie de son troisième album, Coeur
de boeuf dans un corps de nouille, et à l’aune
d’une tournée dont l’intéressé
peaufine les dernières surprises, nous avons rencontré
Ignatus.
Occasion pour parler de sa musique, de ses textes, de ses projets
et d’effectuer un tour d’horizon de la chanson française.
D’où vient le nom Ignatus ?
Ignatus : Il y a des soirs où j’invente
des trucs. Mais ce soir je vais dire la vérité, la
vérité pure. Au départ, après mon groupe
Les objets, je cherchais un pseudo parce que je ne voulais pas chanter
sous le nom de Jérôme Rousseau qui est mon vrai nom.
Je suis quelqu’un de différent lorsque je suis sur
scène. Je voulais symboliser ça. J’avais lu
un bouquin qui s’appelle "La conjuration des imbéciles"
(ndlr : livre de John Kennedy Toole, bientôt adapté
en film, scénarisé par Steven Soderbergh, mis en scène
par David Gordon Green et avec Drew Barrymore) dont le héros
s’appelle Ignatius Reilly avec un i après le t. C’est
Ignace en anglais.
J’aimais ce nom là, je le trouvais
assez délirant. Et puis c’était un nom qui ne
se rattachait à rien. Comme je m’estime à la
croisée de plein de chemins je ne voulais pas d’un
nom qui fasse genre chanson française ni un nom qui fasse
électro. Ignatius, je trouvais que ça ne ressemblait
à rien donc ça me plaisait. Et puis le copain qui
a fait la première affiche, qui était un dessin, a
oublié le i et Ignatius est devenu Ignatus. J’ai gardé
cet accident et voilà pourquoi Ignatus.
J’aime bien l’idée de garder
les accidents d’une manière générale
dans la musique. Dans tout le travail que je fais avec les ordinateurs
très souvent il y a des accidents qui arrivent. Il m’est
très souvent arrivé de les garder car ça amène
des choses nouvelles, inattendues. J’aime l’inattendu,
j’aime le surprenant donc j’aime bien me nourrir de
ça.
Quelle est ta méthode de travail ? Comment
composes tu ?
Ignatus : Je compose surtout à l’ordinateur,
en particulier sur le dernier album. Il y a des chansons que je
compose à la guitare ou au piano. Sur cet album, il y en
a très peu au piano, un petit peu à la guitare. Mais
beaucoup sont composées sur l’ordinateur. Je m’intéresse
beaucoup à ce qui est hypnotique, à la musique répétitive.
Très souvent, je pars d’une boucle que je fais tourner
et ça m’inspire des mélodies et des mots. Je
construis parfois la chanson simplement autour d’une boucle
qui pourra être la même pour le couplet et le refrain.
Donc il y a assez peu de changements harmoniques.
C’est plus un travail sur les sons, les sonorités
et le mélange de sonorité entre des choses que je
vais prendre sur des disques et des choses que je vais jouer. Ce
sera joué, échantillonné, samplé et
mis en boucle. D’autres choses seront alors jouées
par-dessus pour amener des évolutions de sons et de mélodies.
Tu n’as pas de vision préalable
du morceau ? Il se construit petit à petit ?
Ignatus : Ca se construit petit à petit.
Souvent même les textes viennent en même temps que la
mélodie.
C’était déjà le cas
sur les albums précédents ? On ressent surtout ce
mode de création sur le dernier.
Ignatus : Oui mais j’ai poussé encore
plus loin cette façon de faire. Dans le premier, il y avait
les morceaux boucle et les morceaux acoustiques qui étaient
très différents les uns des autres. Petit à
petit, j’ai essayé de réunir vraiment les deux.
J’avais déjà commencé sur le deuxième
album. Mais sur le troisième j’ai poussé encore
plus loin le truc dans ce que ça d’absurde, de répétitif
et de délirant.
Parfois on passe d’une ambiance à
une autre même au sein d’un même morceau
Ignatus : J’aime bien les cassures. J’aime
bien l’idée qu’un disque puisse s’écouter
comme une émission de radio, avec un ton général
mais où l’on passe d’un truc à un autre.
Je trouve qu’aujourd’hui il y a trop de disques qui
sont uniforme au niveau du ton et du son.
Ca pourrait être au sein d’un album,
mais la c’est parfois au sein d’une même chanson
Ignatus : J’aime bien les cassures, les contre-pieds.
J’aime bien surprendre, amener des choses incongrues.
Quelles sont tes influences musicales ?
Ignatus : J’ai beaucoup d’influences
musicales différentes. J’ai fait des musiques différentes,
puisque j’ai fait du classique en chant et en piano, puis
j’ai fait du jazz, du rock, de la new wave avec des groupes,
et de la pop. J’ai aussi fait de la musique indienne. J’ai
appris à jouer de la flûte en bambou en Inde en faisant
de la méditation et du yoga.
Hors interview tu me parlais de l’Asie.
Tu es un vrai globe trotter.
Ignatus : Oui j’ai beaucoup voyagé.
Le voyage, la marche ça a toujours été des
sources d’inspiration. J’aime bien mélanger les
choses, m’inspirer de choses différentes. Les influences
sont principalement la chanson et le rock au sens très large.
Mais elles sont aussi classique, jazz ou musique du monde. J’écoute
plein plein de choses différentes. Selon les jours je peux
passer d’un truc très chanson à un truc très
rock ou à de la musique traditionnelle.
C’est vrai qu’en écoutant
l’album on est dépaysé. On a du mal à
le raccrocher à une chose connue.
Ignatus : Oui c’est vrai. C’est un
souci d’ailleurs car il y a beaucoup de gens qui décrochent
et qui ont du mal. Mais c’est mon propos artistique de mélanger
plein de choses différentes, de faire quelque chose de nouveau,
d’original en mélangeant toutes ces influences. Je
préfère ça plutôt que de faire une musique
référencée.
Que penses-tu de la nouvelle chanson française
? J’ai cru entrevoir que tu apprécies le travail de
Dominique A au contraire de celui de Benjamin Biolay.
Ignatus : J’adore Dominique A et je déteste
Benjamin Biolay. Mais entre les deux, il y a plein de choses. Des
musiciens apparus depuis dix vingt ans, pour moi c’est vraiment
Dominique A le plus intéressant. Je suis très content
car un des musiciens qui joue avec moi, Jérôme, joue
avec lui en ce moment. Je suis très intéressé
d’aller voir ça à l’Olympia le 30 novembre.
C’est une personne qui est vraiment impressionnante au niveau
des textes, de l’intensité, de la présence.
Maintenant en ce qui concerne toute la nouvelle
vague de la chanson française … il y a des choses intéressantes,
des choses bien faites mais souvent ça m’ennuie. Souvent
je trouve qu’il n’y a rien de nouveau. Il s’agit
souvent de recettes un peu éculées, de choses que
l’on a déjà entendues. Mais il y a des gens
la dedans qui ont du talent. Par exemple, je trouve que Benabar
fait des très bons textes. Delerme je l’ai vu sur scène
j’ai trouvé ça très bien. Sur disque
ça m’ennuie un petit peu. Mais ça a vachement
d’esprit et c’est très bien fait.
Mais il y a beaucoup de sous-Delerme, de sous tout
ça qui m’ennuie prodigieusement. Ce qui me désole
un petit peu, c’est que la nouvelle chanson française
est une sorte de reflet d’une forme de médiocrité.
C’est le reflet du public, le public se retrouve dans les
chansons. Ca a un petit côté rassurant et j’estime
que les artistes doivent aussi déstabiliser et proposer autre
chose qu’un simple miroir. C’est un miroir un peu déformant,
mais je n’aime pas trop ce côté petite vie tranquille.
C’est vrai que Dominique A a souvent pris
les contre-pieds, et ne cherche pas à rassurer.
Ignatus : Dominique A est dans un univers poétique
hyper fort. C’est un mec qui a un verbe, un texte ; il emmène
très très loin. Il se remet en question à chaque
album. Le dernier album est réellement extraordinaire au
niveau des textes, des arrangements. C’est un mec qui se remet
en question à chaque fois, qui se met en danger à
chaque fois. Un artiste c’est ça, plutôt que
d’être le chroniqueur désabusé de la vie
moderne. Il faut provoquer et je trouve que la nouvelle chanson
française manque un petit peu de provocation, qu’elle
est un petit peu complaisante.
Tu penses que ces gens là vont rester
? Qu’ils vont marquer quelque chose ?
Ignatus : Oui, parce que les gens qui restent ce
sont ceux qui ont des bons textes, ceux qui savent écrire
et qui sont bons sur scène. Les gens qui ne restent pas ce
sont ceux qui font un coup, un tube mais qui ne tiennent pas la
route et surtout qui ont des mauvais textes. Les Benabar et Delerme
ils vont rester. Mais je pense que Biolay les gens vont se lasser.
Biolay. Tous les musiciens que je connais rigolent quand on parle
de Biolay. C’est un faiseur, c’est de la poudre aux
yeux. Donc il va lasser, il commence déjà à
lasser.
Il faut dire qu’il en a fait beaucoup
Ignatus : Oui à chaque fois qu’il
y a une vieille qui ressort un truc il est là. Donc je pense
que ça va s’épuiser très vite. Et puis
il y en a beaucoup de nouveaux qui arrivent. J’entends pas
mal de choses intéressantes. Je trouve qu’il y a pas
mal de talents aujourd’hui dans la chanson. Il y a des gens
qui ont un peu de personnalité et qui racontent des trucs.
Les textes semblent être vraiment importants
pour toi. Il y a pas mal d’humour dans tes textes.
Ignatus : Oui pour moi les textes sont aussi importants
que la musique. Je pense vraiment que les gens qui restent et qui
marquent sont les gens qui ont des choses à dire et qui ont
des textes. Les gens qui n’ont rien à dire ils s’épuisent
très vite, ils tournent en rond.
A l’écoute de ton album c’est
ce qui accroche en premier.
Ignatus : Ce que je remarque c’est que les
gens qui aiment cet album ils y entrent par le texte. C’est
les gens qui prennent la peine d’écouter les textes
qui rentrent dans le disque. Je pense que c’est la clef d’entrée.
Les musiques sont plus abruptes, non ? Plus difficiles.
Ignatus : Il y a beaucoup de disques aujourd’hui
qui servent de fond sonore, qui sont une espèce d’habillage,
de tapisserie sympathique pour prendre l’apéro ou pour
faire un fond musical dans les bars. Ce qui est génial, c’est
de réaliser une musique agréable à écouter
au casque pour y pénétrer mais également en
fond en sonore à volume deux. Par exemple, des mecs comme
Air, qui sont de très bons musiciens, ou même Manu
Chao sont très agréables à écouter à
volume deux sur la chaîne en prenant l’apéro.
Mais parfois quand tu veux écouter au casque et rentrer dedans,
tu t’emmerdes un peu.
C’est beaucoup le cas de la musique électronique.
C’est moins vrai maintenant mais ça a beaucoup été
le cas de la "french touch" ou les groupes prenaient des
boucles avec un petit filtre. La chanson durait cinq minutes et
il ne se passait rien du tout.
Peut-être que cette musique était
plus destinée aux clubs ?
Ignatus : Moi ça ne me suffit pas. Il y
a de la super musique électronique. La personne qui m’a
donné goût à la musique électronique
et m’a fait travailler les samples c’est DJ Shadow.
DJ Shadow tu peux l’écouter en faisant autre chose
parce que c’est de la musique instrumentale très agréable.
Mais lorsque tu l’écoutes avec le casque et que tu
rentres dans le disque tu t’éclates complètement.
Il y a plein de gens en musique électronique qui font plein
de choses très très riches. Mais il y a aussi ceux
qui font de la musique papier peint et on s’emmerde un peu.
Ca peut être le but recherché ?
Ignatus : Oui pourquoi pas, une musique de film
par exemple. Mais je pense que l’on peut faire les deux, y
ajouter un peu de profondeur et d’intensité.
Cela ne pose t il pas de problèmes d’avoir
des textes un peu trop recherchés ?
Ignatus : Certainement si. Je pense que du coup
mon disque est difficile à écouter en faisant autre
chose. Et c’est difficile de rentrer dedans sans faire un
effort personnel, en l’écoutant uniquement en fond
sonore. C’est sûrement un handicap, mais je l’assume.
Mais est-ce volontaire ? Peut-être penses-tu
que c’est mieux comme ça ?
Ignatus : Ce n’est sûrement pas la
bonne méthode pour remplir le Zénith. Je fais la musique
qui me ressemble, et je cherche. Mon propos est de chercher, d’amener
des idées d’avancer et de tenter des choses. Donc je
peux me planter mais au moins je cherche. Ce que je cherche c’est
d’essayer d’offrir quelque chose de nouveau, d’original.
Mon objectif premier n’est pas de vendre. Maintenant j’aimerais
vendre plus. Je ne veux pas faire le mec dans sa tour d’ivoire
qui se la pète et qui joue au fou. J’ai envie que cela
plaise aux gens. J’ai envie de les faire rire, réagir,
etc. Mais je n’ai pas envie de me prostituer, de changer ma
personnalité pour ça.
C’est un peu le propos de la chanson "La
prestance", non ? Ceci étant, je n’ai pas l’impression
que les gens écoutent beaucoup les textes.
Ignatus : Oui c’est bien tu as écouté
les textes. Tous les mails que je reçois, et les retours
des gens qui ont vraiment aimé l’album ils me parlent
de textes. Dans beaucoup de mails, j’ai des extraits de "La
cuisine de l’amour", ou un petit mot qui y fait référence.
Ca me fait super plaisir. Ca veut dire qu’il y a des mots
qui ont accroché leurs oreilles et les ont aidés à
entrer dans le disque.
Ca te fait plus plaisir que si on te disait :
cette musique m’a vraiment accrochée ?
Ignatus : Oui c’est plus les textes.
Les textes sont souvent plus personnels ?
Ignatus : Oui c’est par le texte, même
s’il n’est pas auteur, qu’un chanteur donne de
lui-même et fait partager ce qu’il ressent, sa personnalité.
C’est là que je me dévoile le plus. J’ai
une façon de chanter pas mal en retrait. Je ne suis pas un
chanteur extraverti. Ca va être par les textes que je vais
exprimer les choses.
La voix est relativement mise en avant, contrairement
à ce qui est souvent le cas dans la musique française.
Ignatus : C’est plus dans le rock français
effectivement. Mais là dessus, je suis plus dans une tradition
de chanson française. Dans le rock français, les textes
sont en général en retrait.
Tu as fait la musique du film d’Isabelle
Nanty "Le Bison". Quels sont tes rapports avec le cinéma
? As-tu d’autres projets à venir ?
Ignatus : Je n’ai pas d’autres projets
pour le moment. J’ai aussi fait quelques trucs pour des courts
métrages. Une fois j’ai joué live dans un cinéma
pendant un festival, c’était vachement sympa. C’est
une expérience que j’aimerais bien réitérer
mais c’est un peu compliqué. Je crois qu’il s’agit
d’un truc de relationnel. Il y a des gens qui occupent beaucoup
le terrain dans le domaine de la musique de films et c’est
un peu dur de se placer. Comme je ne suis pas du genre à
aller passer mes soirées dans les cocktails, dans les lieux
branchés pour faire la bise aux gens du showbiz c’est
un peu plus compliqué. J’ai un peu de mal à
retrouver d’autres musiques de films. Mais j’espère
que ça se refera parce que c’est vachement intéressant.
Comment ça c’est fait dans le cas
du film d’Isabelle Nanty ?
Ignatus : Je connais Isabelle. C’est elle
qui est allée vers moi. En fait, c’est ma cousine.
On fait du spectacle ensemble depuis qu’on est môme,
pendant les repas, etc. On a beaucoup fait de choses ensembles.
Ce film est assez sympathique, Edouard Baer y
est assez marrant.
Ignatus : Oui, je trouve que c’est un bon
mélange d’humour et de bon sens. En plus, c’est
un film où Edouard Baer est un peu sorti de son personnage
habituel
Tu as fait beaucoup de spectacles, de shows.
C’est important pour toi le côté visuel ?
Ignatus : Oui. Ca fait longtemps que je travaille
sur le déclenchement de samples, car sur scène j’utilise
l’échantillonnage. Je n’ai jamais voulu que ce
soient des machines qui déclenchent les samples. Pendant
longtemps, j’étais sur un clavier et je déclenchais
les samples en appuyant sur les touches du clavier. Depuis quelques
années, je le fais en tapant sur des choses. Par exemple,
sur scène j’ai des poupées devant moi. Je tape
sur leur tête, ça déclenche les samples, les
têtes s’allument. J’ai aussi une guitare avec
douze capteurs. J’ai aussi une poignée de porte, je
fais des effets de façon très visuelle. C’est
bien comme ça le spectacle amène un truc en plus.
En plus ça permet d’utiliser le sample comme un instrument
de musique en live.
J’ai lu que la chansons "Les p’tits
chiens" a été écrite pour quelqu’un
d’autre. Pour qui ?
Ignatus : Pour Jeanne Moreau. C’est un texte
de Jacques Duval qui est un auteur belge. Il y a quatre ans le Botanique
qui est une grande salle à Bruxelles a organisé une
soirée hommage à Jeanne Moreau. Elle est venue et
elle a chanté accompagnée par Pascal Comelade. Ils
avaient invités des tas de chanteurs à faire des reprises
de ses chansons devant elle. Il y avait des tas de gens différents
: Amina, un groupe belge Mellon Galia, un suisse qui s’appelle
Polar, Julien Baer. On n’était pas des gens très
connus, et on a tous repris deux chansons. C’était
un moment incroyable, j’avais Jeanne Moreau derrière
et huit cents personne en face. C’était une sorte de
sandwich de trac.
Suite à ça, il y a eu un projet d’album.
L’idée était que les gens qui avaient participés
à cette soirée écrivent des chansons. Elle
a régulièrement des projets d’albums qui vont,
qui viennent, qui disparaissent. J’imagine que Benjamin Biolay
va écrire des chansons pour son prochain album. Je crois
que c’est vrai en plus. Je crois qu’il y a eu un projet
avec Murat avorté. Elle voulait aussi travailler avec Renaud.
Enfin bref…
On avait écrit trois chansons avec Jacques
Duval dont celle-ci. Au bout de deux ans, on n’avait toujours
pas de nouvelles, ça n’avait pas l’air d’avancer
donc je l’ai mise dans mes spectacles. Et puis ça fonctionnait
bien, j’aimais bien cette chanson. Au moment d’enregistrer
l’album, je me suis posé la question, nous n’avions
toujours aucune nouvelle. J’en ai parlé à Jacques
Duval je l’ai renvoyée à Jeanne Moreau via le
biais de son avocat qui devais la lui faire écouter. Je n’ai
jamais eu de nouvelles donc je l’ai gardé pour moi.
Il va y avoir un clip d’ailleurs. Ce sera
fait à partir de pâte à modeler. Il y aura des
p’tits chiens en pâte à modeler, des Ignatus
en pâte à modeler sur les pavés de paris. Ce
sera prêt pour Janvier, c’est en train de se faire.
Mais c’est un gros gros boulot, parce que ça doit se
faire image par image avec des incrustes. C’est un copain
qui est sur ce boulot de fou. Ce sera la bonne nouvelle de la rentrée.
C’est encore un attrait très fort
pour le visuel ?
Ignatus : Ouais. Je n’avais pas fait de clips
sur le second album. Le problème, c’est si tu fais
un clip, où est ce qu’il va passer ? Il ne va pas passer
sur MCM, M6 ou bien à deux heures du matin. J’ai très
peu de chance de rentrer sur les MCM et compagnies et ça
coûte cher de faire un clip. Là, le truc chouette c’est
que j’ai un préachat de M6 pour le passage de nuit.
Ca me garantit un peu de financement. Donc, si tout se passe bien,
j’autofinance ce clip, je me démerde tout seul comme
un grand pour le faire.
Que penses tu de l’album d’Olivier
Libaux (Second membre de l’ex groupe d’Ignatus Les objets)
"L’héroïne au bain"?
Ignatus : Joker ! Je trouve qu’il y a de
bonnes mélodies. Olivier, c’est un bon mélodiste.
C’est aussi un très bon guitariste dans son style en
arpèges. Mais je n’ai pas été convaincu
par l’histoire. J’ai trouvé qu’il y avait
un petit côté émancipation par le viol qui était
un peu bizarre dans l’histoire. J’ai trouvé qu’il
y avait un peu trop de personnages. Il y avait quelques bonnes chansons,
notamment une chanson avec Katerine et Lio qui est super. J’aimais
bien les interludes musicaux aussi, il y avait des trucs chouettes.
Mais c’est un peu dur pour moi je ne suis
pas lucide. C’est comme lorsque tu demandes à quelqu’un
qui a divorcé ce qu’il pense du nouveau mari ou de
la nouvelle femme de son ex. Tu n’as pas un jugement franchement
objectif.
J’étais content qu’il arrive
à faire ce projet parce que, quand il a arrêté
les objets en 95 c’était pour faire ce projet. Ca a
donc mis beaucoup de temps. Je trouvais la réalisation un
petit peu raide. Olivier il est vachement carré, c’est
sa qualité mais c’est aussi un peu son défaut.
En tout cas, je suis très content que ça marche pour
lui avec nouvelle vague. Je trouve ce projet assez réussi.
Les versions sont très réussies.
Mais c’est moins personnel
Ignatus : C’est sûr, ce sont des reprises.
En plus, c’est un collectif donc forcément, c’est
moins personnel. C’est une bonne idée et c’est
bien fait. Mais pour lui, le projet de "L’héroïne
au bain" était plus important. Mais si ça peut
lui permettre de rebondir sur d’autres choses, tant mieux.
Quels sont tes projets ?
Ignatus : Pour l’instant j’écris,
mais pas des chansons. J’écris des textes un peu loufoques,
je ne sais pas encore ce que je vais en faire. Peut-être de
la radio, j’adore la radio. J’écris pratiquement
tous les jours, je me teste là-dessus. Je vais continuer
à faire des chansons mais j’ai envie de travailler
sur le texte. Pour 2005, j’ai quelques concerts, le clip.
Il y a le concert du zèbre en Décembre qui j’espère
va m’apporter d’autres dates car j’adore être
sur scène.
A côté, je fais d’autres choses
; je fais régulièrement des ateliers d’écriture.
J’aide les gens à sortir ce qu’ils ont envie
de sortir. Je ne dis pas comment on fait pour écrire des
chansons. J’amène des mélodies où je
fais faire des travaux sur les contraintes. J’interviens auprès
des enfants, en prison, auprès de professionnels. C’est
vraiment un truc que j’adore faire, c’est vraiment enrichissant.
Par exemple, je suis en résidence pour mes
spectacles et en échange je vais intervenir dans des écoles
et des prisons. C’était le cas à Fresnes. Je
le fais dans le cadre de formations professionnelles, auprès
d’intermittents, d’amateurs. En ce moment, je suis plus
dans l’écrit que dans la musique.
Si tu avais trois mots pour décrire ta
musique, quels seraient ils ?
Ignatus : Prune, andouillette, mobylette...Ou plutôt,
andouillette, mobylette, prune.
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