Nous l'avons connu en solo lors de ses premiers albums, puis accompagnée des White Velvet depuis près de dix ans et deux albums, nous retrouvons aujourd'hui An Pierlé à nouveau dans sa musique des plus intimistes avec la simplicité amplement efficace de sa voix et de son piano.
Dans une douceur immédiate, la découverte des morceaux de Strange Days correspond à l'image de An Pierlé, à la fois belle et apaisante. "House Of sleep", premier titre sur cet opus, dévoile tout le potentiel de Strange Days avec un chant puissant et un piano intensément expressif. Les airs se suivent au travers d'une mélodie vocale touchante par son naturel, rappelant quelques fois Kate Bush ou Emilie Simon.
Les détails sont moins nombreux qu'avec une formation au grand complet comme auparavant avec les White Velvet, mais cette musique n'en raconte pas moins. Au contraire, les morceaux semblent davantage le reflet de l'état d'âme d'An Pierlé, transportée par une voix à la fois personnelle dans le timbre et la diversité musicale, s'exerçant même dans une variation rappelant le chant asiatique ("Strange Days"). En fidèle compagnon, le piano impose une présence bien au-delà d'un accompagnement mais semble réellement entrer en duo et quelques fois prendre le relais pour s'exprimer alors autant qu'un organe humain.
Dans le passé, An Pierlé est parvenue à nous surprendre avec des reprises aussi inattendues que captivantes ("Il est 5h, Paris s'éveille","C'est comme ça"...), une fois de plus elle nous propose un titre puisé dans un registre inattendu : "Such a Shame" des Talk Talk. Exercice réussi, An Pierlé exprime ses propres émotions tout en gardant l'authenticité de ce morceau.
Semblant avoir eu rendez-vous avec elle-même, An Pierlé nous offre une création intimiste capable de lever des émotions dans la simplicité d'un duo chant/piano des plus aboutis. |