Comédie d'après Aristophane, adaptation de May Bouhada, mise en scène de Mylène Bonnet, avec Emmanuel Fumeron, Cécile Lehn, Patrick Paroux, Valérie Puech, Diana Sakalauskaïté et Chantal Trichet.
Cinq siècles avant l'ère chrétienne, le dramaturge grec Aristophane livrait avec "L'Assemblée des femmes" une farce sarcastique qui s'avère davantage une critique des utopies politiques et sociales et de certaines dérives de la démocratie athénienne qu'un pamphlet féministe.
En effet, elle met en scène les conséquences de la prise du pouvoir politique par les femmes qui instaurent une société idéale reposant sur le matriarcat et le communisme qui, en fait, tel le jeu de chaises musicales, reproduit les turpides dénoncées tenant notamment au totalitarisme, en conférant les pleins pouvoirs à une seule catégorie de citoyens, et au maintien de l'esclavage.
L'adaptation de May Bouhada, si elle procède à une contextualisation parcellaire, gardant les surannées imprécations aux dieux, qu'elle double de curieux et anachroniques "Inch Allah", cède, sous couvert (présomptueux) et de "redonner toute sa vigueur et sa résonance politique au texte", à la tentation égotique de pratiquer des inserts (dispensables) de son crû.
Ainsi, elle double le prologue originel, et heureusement conservé, en le faisant précéder d'un couplet proféré par Jeanne d'Arc appelée en rescousse pour brandir la bannière du féminisme.
Cela étant, dans une scénographie "nouveau réalisme" de Goury, amoncèlement d'objets pour illustrer le consumérisme contemporain qui, toutefois, ressemble davantage, et au choix selon la sensibilité du spectateur, au bric-à-brac de fortune qui accompagne les ilots de campements de fortune des sans-abris ou à une installation d'art contemporain, le parti-pris formel de mise en scène de Mylène Bonnet, s'il rend compte de la verve et de l'humour grivois parfois gras du verbe d'Aristophane, ne verse pas totalement dans la bouffonnerie débridée.
La tribu féminine et pseudo-féministe (Valérie Puech, Diana Sakalauskaïté et Chantal Trichet) est menée par Cécile Lehn excellente dans le rôle de la "meneuse". En face, dans le camp "adverse", respectivement dans le rôle du mari ahuri et du mari soumis, Emmanuel Fumeron et Patrick Paroux sont épatants. |