C'était la soirée parisienne punk rock du festival les Femmes S'En Mêlent. Après la diffusion de clips des Pussy Riots, l'exposition d'oeuvres de l'artiste Victoria Lomasko sur le procès des Pussy Riots, s'est déroulée une conférence de presse de Stéphane Amiel, programmateur du festival, et d'Anne Nerdrum, d'Amnesty International France, durant laquelle ils ont rappelé le devoir de soutenir Nadia et Maria, les deux jeunes femmes emprisonnées. Amnesty a accordé aux deux Pussy Riots toujours en geôle le titre de prisonnières de conscience.
Ensuite, Ekaterina Samoutsevitch, membre du groupe Pussy Riot en résidence surveillée à Moscou s'est exprimée par vidéoconférence et a adressé ses remerciements à tous ceux qui soutiennent les Pussy Riots à travers le monde.
Elle n'a pas dit un mot sur Depardieu, la nouvelle star du cinéma russe, celui qui jadis avait interprété Danton et qui aujourd'hui est devenu le symbole médiatisé de l'individualisme immoral d'une classe de parvenus bien trop riches, capables de soutenir des régimes totalitaires et corrompus pour maintenir l'épaisseur de leur portefeuille, comme hier des joueurs de foot ou des capitaines d'industrie.
Il était temps de passer à la musique. Dans un premier temps, ce sont les russes de Novella qui ouvrent la soirée. Agréable sur disque, la prestation des quatre jeunes femmes tendance anorexique - pantalons moulants - t-shirt blanc ne séduit pas franchement.
Leur teenage shoegaze se perd en approximation. Leur mutisme et leur capacité à tirer la gueule détonnait avec les clips de leurs compatriotes diffusées peu de temps auparavant. Aucune chanson ne sortait vraiment du lot, et le public d'une salle pourtant remplie à ras bord discutait, se rendait déjà au bar ou sortait fumer une clope. Les quatre (très) jeunes femmes de Novella semblent devoir encore faire leurs armes sur scène.
On craignait, depuis le scandale alimentaire Ikéa, le concert des suédoises de Tiger Bell. Mais leur show fut bien plus digeste que le chocolat de la marque de meubles en kit. On peut parler de show parce que chez les Tiger Bell, tout est bien maîtrisé : le look (minishorts, collants de couleur, deux rousses flamboyantes et deux brunes, des tatouages...), les instruments (riffs puissants, bien envoyés), les compos (les breaks là où il faut, les refrains à chantonner...) et même humour et promo entre les chansons.
Il y a du corps et du coeur dans ce quator punky pop. Certes, c'est plus inspiré par Sum 41 ou Green Day que par les Buzzcocks ou les Pistols, complètement inoffensif mais agréable. Leur reprise bien punchie de leur chanson française favorite ever, "Ça plane pour moi" du belge Plastic Bertrand est une bonne surprise. Le meilleur groupe de la soirée était gentil et agréable, "choupinet" disait Camille en prenant les photos. Pas vraiment le meilleur compliment pour une soirée de rock énervé.
Pendant ce temps-là, les Novella continuent de tirer la gueule au stand merchandising. Si elles souhaitent se reconvertir, une carrière de mannequin les attend.
Par contre, le nombre de mecs qui se sont précipité acheter un disque des bonnes copines de Tiger Bell est plutôt impressionnant.
Enfin The History Of Apple Pie arrive sur scène. Les anglais, deux filles et trois mecs, trois guitares, une basse une batterie, aiment rester dans l'ombre, ou en contre-jour. On les écoutera donc.
Finalement le visuel manque quand même. On avait entendu parler de Pavement ou de Dinosaur Jr comme influence du groupe. On a droit à un copier-coller mollasson et fainéant de The Pains Of Being Pure At Heart. Un peu de guitare à la Wire, une pincée de sous-Ride... Mais surtout aucune énergie. Je m'ennuie.
Je me retourne, je ne suis visiblement pas le seul, même si certains semblent vraiment avoir assisté à l'ensemble de la soirée pour assister à la prestation de The History Of Apple Pie.
Contrairement aux Novella, puisqu'ils sont carrés sur scène, on craint que leur marge de manœuvre - salut Philou - ne soit pas aussi importante que celle des russes pour s'améliorer avant les prochains concerts.
Pour se marrer avant le concert, on faisait déjà la comparaison avec le chocolat Ikéa pour Tiger Bell, on a eu du Cadbury, et c'est tant mieux.
On voulait de la canelle, de la pâte feuilletée et du sucre roux tiède avec The History Of Apple Pie, on a reçu de la compote froide de marque générique. |