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Théâtre 12  (Paris)  avril 2013

Adaptation théâtrale et marionnettique du roman éponyme de Boris Vian, mise en scène de Eric Bertrand et Nathalie Guilmard, avec Mickael Delis, Nathalie Guilmard, Oriane Hoog, David Mandineau et Ronan Rivière.

Dans "L'arrache-cœur" de Boris Vian, les enfants volent, les chats sont psychanalysés et flottent au vent, vides, tandis que les vieux sont vendus sur le marché comme de vulgaires objets. Les mères abusives chassent les pères qui prennent alors le large, tandis que les curés baroques et excentriques vivent la religion comme un luxe ou que les psychiatres, à défaut de pouvoir trouver un sens à leur vie, troussent les bonnes le soir dans leur chambre.

Dans le monde de Boris Vian, on s'éloigne du réel pour mieux en parler, on développe de douces rêveries pour mieux sentir la brutalité des choses, on va au bout de tout, des gens, des situations, des sentiments pour mieux en comprendre la vérité et la contradiction.

Pour rendre de manière juste et sensible l'univers si particulier de Boris Vian, sa monstruosité, sa part de surréalisme, la fulgurance visionnaire et percutante de sa critique sociale, tout en collant au thème délicat abordé dans l'arrache-cœur de la psychanalyse, il fallait s'affranchir du corps, imaginer une scène vivante qui changerait en fonction des lieux, des gens et de leur ressenti, bref mettre en place une scénographie à la fois élaborée et inventive sans se détacher d'une part nécessaire d'onirisme poétique.

Pari gagné pour la troupe du Théâtre de l'étoile bleue qui nous offre, à l'occasion des 60 ans de la sortie du livre de Vian, une adaptation théâtrale fantastique et "marionettique" de cette œuvre, à la fois fidèle à l'univers et au propos de l'auteur tout en étant empreinte de sa propre vision poétique et créative.

Eric Bertrand, metteur en scène et scénographe, plonge le spectateur dans les méandre de l'inconscient imagé comme une grande toile polymorphe, organique, pleine de coins et de recoins, toujours en mouvance, toujours en transformation.

Dans cette toile tendue par des cordages (hommage à l'univers marin si cher à l'auteur) tour à tour terre, mer, prison, bateau, marché, jardin, ciel, chambre, les comédiens, Nathalie Guilmard, Oriane Hooh, Mickael Délis, David Mandineau et Ronan Rivière, se meuvent, tels de gros insectes (puisqu'il s'agit du fil conducteur choisi par Eric Bertrand).

La mère abusive Clémentine, interprétée par Nathalie Guilmard, aussi à la direction d'acteurs, est une araignée qui tisse sa toile, ses nourrissons des larves, la Gloïre, le vieil édenté qui digère la honte de tous les habitants du village, une méduse.

Autant de choix corporels forts qui impriment une identité visuelle à part au spectacle. Les comédiens jonglent et en permanence avec talent et dextérité entre leurs personnages incarnés en chair et en os, et les marionnettes imaginées par Antoine Milian.

Ces marionnettes débrident l'imaginaire de la troupe et des spectateurs en permettant aux comédiens de s'affranchir des limites imposées par leur corps pour mieux coller au côté monstrueux et surréaliste de l'univers dans lequel ils évoluent et des personnages qu'ils ont à y interpréter. Elles invitent à la rêverie et rendent possible la traduction visuelle de la poésie et de la brutalité du roman.

Chaque marionnette a sa légitimité propre afin de toujours coller au plus juste du propos. Ainsi elles sont tantôt fidèles au corps, comme la représentation humanoïde de Clémentine qui vise à déranger le spectateur, tantôt déshumanisées comme celles des vieux réduits à de simples chemises pendues sur des cintres, tantôt transfigurées par l'onirisme de la narration, comme les trumeaux qui se métamorphosent en larves pour leur naissance, ou le chat psychanalysé fait de chiffons.

La musique de Jacques Fantino, souvent obsédante, oppressante, rajoute une dimension supplémentaire à cet univers scénographique déjà très fort. L'inventivité de la scénographie, la poésie fantasque et toujours légitime de l'utilisation des marionnettes qui permet d'échapper à la fois au tragique et au dramatique du propos, le jeu des comédiens virevoltants et polymorphes ainsi que les dialogues percutants et affutés de l'auteur font de ce spectacle un petit trésor de justesse, de force et de beauté.

On imagine que Boris Vian lui-même, cette fois-ci, n'aurait pas eu à rougir de voir son nom d'inscrit sur l'affiche.

 

Cécile B.B.         
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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
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