Monologue dramatique de Donald Macdonald dit par Susie Lindeman dans une mise en scène de Wayne Harrison.
Pièce en anglais, parsemée de délicieuses phrases qui jaillissent en français, "Letter to Larry" évoque l’existence de la grande actrice anglaise Vivien Leigh, celle qui fut au cinéma Lady Hamilton, Scarlett O’Hara, Blanche Dubois, et à la ville l’épouse à la raison chancelante de Sir Laurence Olivier, l’immense acteur shakespearien, celui qui fut Hamlet et le partenaire de Marilyn Monroe.
Dans sa loge d’un théâtre de Broadway, où elle s’apprête à jouer "Pour Lucrèce" de Jean Giraudoux, Vivien Leigh parcourt la lettre que son mari, Larry-Laurence, vient de lui adresser… pour lui demander le divorce.
Sur scène, grimpant sur une table, assise sur une chaise "électrique", étreignant le mur de ses mains lianes ou se regardant dans la glace de sa table de maquillage, Susie Lindeman est Vivien Leigh. Elle en a les gestes et la voix de petite fille en colère. Elle minaude et explose, elle crie ou chuchote. Son désarroi est si immense qu’il n’y a plus qu’un exutoire : la folie.
Donald Macdonald a choisi de la montrer à ce moment-clé de son existence, celui où elle va lâcher prise. Seule, face à son destin, elle ressasse son passé, se transforme elle-même en sujet de "biopic".
Vivien Leigh n’est plus elle-même qu’une image d’elle-même, une image en rouge Scarlett et en noir Lady Olivier, trompée, bafouée, délaissée. Et, puis, bientôt, elle ne sera plus personne, qu’un bloc de douleur, une folle, une hystérique qu’on ne montrera plus et qui ne montera plus jamais sur les planches.
Susie Lindeman contrôle parfaitement la déraison de Vivien Leigh pendant quatre-vingt-dix minutes. Pas un instant de répit dans cet intense voyage à l’intérieur d’une femme légendaire. Même si on possède un anglais niveau cinquième ou quatrième, on sera envoûté par le flot musical des mots qui sortent de la bouche de Susie Lindeman, on sera captivé par le timbre fragile et déterminé de sa voix.
Devant ce spectacle d’une actrice se livrant totalement, on ne pourra qu’être admiratif. Il ne faut pas hésiter à le redire : dans "Letter to Larry", Susie Lindeman réussit la prouesse d’être vraiment Vivien Leigh. |