Spectacle musical du Quartet Gevrey Chambertin interprété par Zoon Besse, Pierre-Marie Braye Weppe, Gaetan Pantanella et Dany Rizo dans une mise en scène de Guillaume Barbot.
Le Quartet Gevrey Chambertin, qui n'a pas froid aux yeux en s'appropriant le nom d'un des plus prestigieux vignobles de Bourgogne, aime donc les grands crus et cette exigence appliquée au domaine de la chanson française le porte naturellement vers l'auteur-compositeur le plus singulier et talentueux de la deuxième moitié du 20ème siècle.
Ainsi il se "la joue Gainsbourg" avec un spectacle musical époustouflant qui évite le tribute momifié comme l'iconoclastie décomplexée tout en ne cédant pas à la facilité de la reprise des chansons tubes puisqu'ils ont puisé dans le répertoire de jeunesse, celui d'avant Gainsbarre et même d'avant la décennie majeure des années 70 avec ses albums-concept.
Pour ce faire, il reprend à son compte une sélection de 26 titres constituant un "Gainsbourg moi non plus..." qui s'inscrit non dans le registre du récital mais celui du spectacle musical pour lequel chaque chanson est scénographiée à l'aune d'arrangements originaux qui la décline de manière nouvelle sans toutefois en trahir ni la lettre ni l'esprit.
Le Quartet Gevrey Chambertin c'est un chanteur et un trio à cordes. Au chant, Zoon Besse, musicien, comédien et chanteur dont le timbre de voix est proche de celui de Gainsbourg, et qui, lui aussi, a "une gueule", est parfait en sachant jouer astucieusement de cette double similitude sans forcer sur le mimétisme.
Aux instruments, trois excellents musiciens qui ne font pas de la figuration mais portent le spectacle au bout de leurs doigts et sont constamment sollicités dans la mise en scène inventive et roborative orchestrée par Guillaume Barbot qui fait de chaque opus un petit bijou jubilatoire d'inventivité visuelle. Ce sont Gaëtan Pantanella, à la guitare, Dany Rizo, à la contrebasse et Pierre-Marie Braye-Weppe, au violon et à la guitare.
Et c'est ce dernier, particulièrement doué et qui ne s'impose aucun a-priori dogmatique, un petit jeune né en 1986 qui avait sept ans à la mort de Gainsbourg, qui signe les prodigieux et souvent surprenants arrangements révélateurs des pépites gainsbouriennes.
Ainsi se succèdent, entre autres, rythme swing du temps du piano-bar, jazzy, du jazz moderne de l'album "Gainsbourg Confidentiel" poussé au-delà des arrangements minimalistes originels pour guitare électrique et contrebasse pour "Chez les yé-yé", "La fille au rasoir", "Scenic Railway" avec un "Elaeudanla Téitéia" au rythme sursyncopé, déluge de pizzicatos pour "Les dessous chics", flamenco-rock pour "Les cigarillos", medley instrumental, rock progressif à la Mogwaï pour "Lola Rastaquouère" et, pour les oreilles averties, "Requiem pour un cierge" une création en hommage au "Requiem pour un con" évoqué par quelques répliques du film "Le Pacha" de Georges Lautner dont Gainsbourg avait signé la musique.
Tous les titres s'enchainent sans dispensables intermèdes bavards, parfois quelques aphorismes de Gainsbourg en guise de pause musicale, et le public est conquis à juste titre. Dispensant une prestation remarquable et sans faute de goût, les Gevrey Chambertin relèvent le défi de l'excellence. |