Joey One-Way avait tout pour être heureux : un boulot, une jolie femme qu'il aime et deux petites filles adorables. Mais, violent et psychotique, il abuse de l'alcool et de la dope et se retrouve condamné à perpétuité pour le meurtre de son épouse.
Dix-sept ans après, le destin lui offre une deuxième chance : au terme de dix-sept ans d'emprisonnement, il bénéficie d'une libération conditionnelle et, remarqué pour une pièce de théâtre écrite en prison, un producteur lui propose un travail bien rémunéré de réécriture de scénarios qui lui attire les bonnes grâces de nanas superbandantes.
Mais Joey One-Way appartient à la catégorie du looser congénital, du type condamné d'avance, du faible au comportement autodestructif et il est immédiatement pris dans les filets de la belle épouse du producteur pour laquelle il éprouve, peut-être même davantage qu'une passion amoureuse, une attraction fatale.
Car cette belle jeune femme se présente à la fois comme une âme soeur qui peut le comprendre, parce qu'avant la célébrité d'écrivain et l'aisance financière elle a connu la pauvreté, la prostitution et la prison, et la figure de la sexualité absolue quand elle se confond avec l'amour.
Se noue une relation torride et dangereuse, dont il est totalement conscient de l'issue tragique, génératrice d'une passion délétère et d'une véritable addiction à laquelle il ne peut ni ne veut échapper ("Cette fleur, la femme de Markie. Elle est pour moi le sexe incarné. Et j'étais foutu. Et je le savais.")
Joel Rose, journaliste, scénariste et écrivain américain, signe avec 'Kill kill faster faster" une tranche de vie bien saignante qui hybride le roman noir, le "hard boiled" avec la figure de la femme fatale, avec une histoire de passion amoureuse placée sous l'égide Eros-Thanatos sous forme d'une narration chaotique à la première personne qui tient du soliloque, de la confession et d'une impossible résilience.
Essentiellement monologal et cadré par la violence, le sexe, la quête impossible du bonheur et une certaine impossibilité d'être au monde, la force dramatique et émotionnelle de ce récit tient à son écriture, telle qu'elle résulte de l'excellent travail de traduction de Natalie Beunat et Laetitia Devaux, une langue vernaculaire d'une oralité au réalisme cru et à la scansion pulsionnelle qui jaillit brute de décoffrage.
Par son registre, ce roman s'inscrit dans le courant "off-noir" de la littérature américaine post-moderne et par son sujet évoque les autobiographies autofictionnelles post-bukowskiennes mais avec un parcours de vie et une tonalité tragique et désespérée qui renverraient les représentants du genre tels Dan Fante et Mark Safranko au rang de la bibliothèque rose. |