Spectacle de marionnettes conçu et mis en scène par Patrick Sims, avec Patrick Sims, Josephine Biereye, Zana Goodall et Richard Penny.
Plus qu'un spectacle de marionnettes, "Le vieux de la montagne" s'affiche comme un opéra électromécanique où les personnages robotisés côtoient les constructions mécaniques, les pantins ou les comédiens masqués, à la fois géants manipulateurs et chefs d'orchestres d'un monde fantasmagorique monstrueusement sublime.
Sans texte ni structure narrative classique, cette création originale se base sur la légende de Hassan Sabbah - qui entraina ses soldats dans le jardin des délices, en les entourant de jeunes vierges, de drogues, de fleurs, de musiques et de danses, avant des les envoyer faire la guerre - et sur une évocation d'un far-west américain emplis de cowboys, hobbos, marginaux et laissés pour compte.
Au travers de ces deux mythes, sans lien réel apparent, Patrick Sims, auteur, metteur en scène, scénographe et concepteur de la plupart des marionnettes, avec l'appui de sa compagnie de marionnettes des Antliaclastes, aborde tout à la fois des thèmes comme la manipulation, le contrôle, l'interdit, les paradis artificiels, et ancre son évocation dans notre société contemporaine par le biais de nombreuses références et métaphores empruntées à notre imaginaire collectif et portées par des médias comme la bande dessinée, la littérature, le cinéma ou la culture pop.
Si les marionnettes permettent d'exprimer par la suggestion et dans une grande liberté créative les vecteurs principaux d'une idée ou d'un concept, la référence renvoie quant à elle sans arrêt les spectateurs à eux-même, par ce qu'elle évoque de très personnel. Le spectacle, polymorphe, s'apprivoise donc comme une décomposition/recomposition du réel, sorte de psychanalyse collective volontairement déstabilisante, par la force d'évocation de quelques détails bien choisis.
Fil conducteur de la pièce, le flipper, incarnation matérielle du contrôle et de la manipulation, se fait tour à tour mécanique, puis électromécanique, tout petit, puis géant et illustre la confrontation récurrente sur scène entre les nouvelles technologies, le contrôle, le pseudo infaillible et l'illusionnisme, la magie, l'irrationnel voire l'ésotérisme.
Patrick Sims se complaît dans la confrontation des réels, recherchant les juxtapositions radicales, la surprise, pour créer l'émerveillement et par là-même le déclic, l'étincelle.
Ce divertissement "où on ne rit pas tout le temps" est une mine de créativité, de trouvailles visuelles, de constructions abouties tant mécaniquement qu'esthétiquement qui cherche avant tout une chose : garder le spectateur éveillé. Vivant. |