A l’occasion de la sortie du nouvel et excellent album Time Stays, We Go, nous avons rencontré The Veils, en promo à Paris il y a quelques semaines. Le leader charismatique Finn Andrews s’est prêté à une interview express entre fin de session, avant de repartir à Londres.
Tu as passé la première moitié de ta vie entre deux pays, dans quelle mesure cela a pu influencer ta musique ou ton écriture ?
Finn Andrews : Hum… Je crois qu’il s’agit surtout d’être de nulle part en particulier. Je crois qu’être dans ce groupe donne aussi la même sensation. Nous avons des liens avec tellement de choses différentes, mais peut-être pas avec une chose précise. En tant que groupe, on est aussi très confus géographiquement. Je crois aussi que notre musique ne ressemble pas à un lieu particulier, mais serait plutôt comme un amalgame de lieux divers.
Je me suis replongée dans les albums pour préparer cette interview et je constate à chaque fois que tes paroles sont très profondes, beaucoup de thèmes y sont abordés et je me demande comment tu écris et si tu as des influences dans la littérature ou la poésie, par exemple ?
Finn Andrews : Oui, ça m’influence, en effet. Je crois que… c’est juste que j’écris tout le temps. C’est comme si j’avais une boule de glace dans mon crâne (rires), et que j’assemblais des morceaux de mon cerveau en crème glacée qui pourraient contenir des traces de toutes sortes de choses étranges. Oui, et puis bien sûr la poésie, la musique, tout ça. J’ai toujours aimé les mots plus que toute autre chose ou en tout cas j’aime les choses qui contiennent des mots. J’aime vraiment ça. Bonne question !
Je vous ai découverts avec l’album Nux Vomica il y a sept ans et ce titre m’a toujours intriguée. Cela fait référence à quoi, aussi bien le titre de l’album que la chanson ?
Finn Andrews : Hum. Je crois que ce que j’aimais dans le nux vomica comme une sorte de symbole c’était… en fait à l’époque je ressentais de l’anxiété par rapport à plein de choses, à vrai dire, par rapport à tout ce qui peut apporter de l’inquiétude et je crois que quand tu t’en rends compte, tu peux voir tout d’une façon ou d’une autre et cette chose-là peut te rendre malade mais peut aussi te rendre plus fort en quelque sorte, donc je crois que c’est un peu cette pensée qui a dominé et je crois aussi que j’aime l’idée que le nux vomica est aussi cette substance étrange qui peut avoir de mauvais effets sur la colonne vertébrale si on en prend trop mais c’est aussi ce qui est préconisé quand on a pris une surdose de médicaments… alors je sais pas, je crois que ça collait assez avec le ton général du disque.
Et la chanson "Nux Vomica" est assez à part sur l’album aussi.
Finn Andrews : Oui, c’est vrai que cette chanson en particulier reflète bien tout ça. Je me posais beaucoup de questions à l’époque, quand j’étais en colère et anxieux. (rires)
Sur le même album, il y a la chanson "Not Yet" que vous venez de jouer et j’aime particulièrement le passage "not yet revived but not yet mourned / not quite denied just not yet born" (ndlr : "pas encore réanimé mais pas encore regretté / pas tout à fait nié, juste pas encore né"). Peux-tu nous dire ce quel sens ça a pour toi, s’il y en a un ?
Finn Andrews : Oui, évidemment, mais je ne me souviens plus trop où j’en étais quand je l’ai écrite (rires) ! Je crois que ça correspond à la séparation du groupe dans sa formation première et j’étais reparti en Nouvelle-Zélande. J’avais commencé un nouveau groupe et ensuite j’ai rencontré Dan quand je traînais à Londres et je crois que beaucoup de chansons sur le disque parlent de la peur de ce qui vient après, mais aussi de l’excitation authentique que cela peut apporter. C’est tout ce dont j’arrive à me rappeler sur le contexte de cette chanson (rires) !
Le nouvel album Time Stays, We Go sort le 29 avril, et c’est la première sortie sur votre propre label. Tu ressens quoi ?
Finn Andrews : Ca va pour l’instant. Il n’est pas encore sorti, donc ça va ! Mais après je me sentirai soit très bien, soit très mal mais j’ai hâte de ressentir une de ces choses, une plus certainement que l’autre ! Mais je me sens déjà plus libre dans ce que je fais, et c’est bien de saisir les rennes nous-mêmes. C’est excitant !
La pochette de l’album Time Stays, We Go (ndlr : "le temps reste, nous partons"), représente une maison en train de brûler. Est-ce que cela signifie que les souvenirs brûlent et restent figés dans le passé alors que nous avançons vers le futur ?
Finn Andrews : Oui, c’est sans doute un peu ça. En fait quand j’ai vu la photo, j’ai trouvé que ça allait bien avec le ton de l’album. Je crois qu’il peut y avoir plein d’interprétations différentes de cette image. En réalité, ce que j’aime le plus sur cette image, c’est la Lune, qui illumine tout et regarde en bas sur cet événement catastrophique… ça me plaît beaucoup. J’ai entendu plein de bonnes interprétations aujourd’hui donc ça me fait plaisir d’en avoir une de plus.
As-tu une relation particulière avec le temps ?
Finn Andrews : Pas plus que n’importe qui. Je crois que c’est un peu comme le ressenti sur Nux Vomica, ça dépend de comment tu le vois, certains jours c’est déprimant d’y penser alors que d’autres, c’est incroyablement motivant de faire ressortir des choses tant que tu peux…
Une dernière question avant que vous repartiez à Londres. Je reviens encore à l’album Nux Vomica. Sur le morceau "Calliope", tu chantes "What’s there left to believe in ?" (ndlr : "Que reste-t-il encore à croire ?"), alors je te le demande.
Finn Andrews : En fait je pense que depuis que j’ai commencé, ça a toujours été ça mon truc, d’y croire. Et dans mon groupe, où chacun de nous croit en l’autre, nous continuons d’y croire aussi, et c’est ce que j’ai trouvé de meilleur depuis.
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