Femi Kuti assume son héritage. Fils aîné et héritier musical proclamé de Fela Kuti, le Black President qui fut bien plus au Nigéria qu'un réinventeur musical (mais qui fut aussi cela, indubitablement), il s'est assigné à lui-même la mission de revenir à l'essence de l'afro-beat avec ce No place for my dream. Mission accomplie ?
À cinquante ans passés, Femi Kuti ne semble toujours pas avoir fait la paix – non pas avec son père, sa dynastie, ses origines, d'où il semble tirer sa force ; mais avec le reste du monde, ses abus, ses injustices, toutes ces petites tyrannies que l'on déguise, perpétuellement, sous le terme de "crise". Il n'y a pas de crise. Il n'y a que des profiteurs. Politique jusqu'au bout des anches, Femi Kuti revendique son travail de dénonciation. Activiste ? Afro-beat.
Peut-être Femi Kuti n'aura-t-il jamais été si proche de l'essence-plus-que-musicale du genre inventé par son père qu'avec ce septième album : un mélange hyper-énergique de jazz, de funk et de musiques africaines, que Fela Kuti, de 1970 à 1990, mêlait en longs brûlots revendicatifs, contestataires et parfois à la limite d'un messianisme politique enflammé. Si les compositions du fils savent rester plus concises que celles du père (cinq à six minutes pour les plus longues, à comparer aux quinze à vingt minutes paternelles), elles n'ont en revanche rien perdu de la fièvre, de l'hypnotisme et de l'inflexible détermination qui faisaient le feu et l'âme de celles de l'auguste géniteur.
"Démocratie, c'est démopédie", disait Proudhon en 1852, après qu'un vote "libre", au suffrage universel (masculin) ait plébiscité les réformes menées par Louis Napoléon Bonaparte, Prince-Président et bientôt second Empereur, fossoyeur de la seconde République française. L'esprit de l'afro-beat ? Certainement, mon cher Fémi. |