Monologue dramatique écrit par Jean Cocteau et interprété par Eliezer MelLul dans une mise en scène de Bernard Sinclair.
Bernard Sinclair et Eliezer Mellul présentent le monologue de la "La voix humaine", pièce en un acte de Jean Cocteau, pour un personnage et un partenaire invisible, un interlocuteur au téléphone, dans une configuration aussi inattendue et singulière que réussie.
En effet, depuis sa création en 1930, cette oeuvre de commande par la Comédie Française pour une interprète féminine, constitue un des morceaux de bravoure pour comédienne. Or, en l'espèce, c'est un homme qui prend à son compte cette partition sur la rupture amoureuse et le mal d'amour à en mourir.
En dehors du fait que la transposition au masculin puisse relever d'une certaine l'évidence, compte tenu des moeurs de l'auteur et de ses liaisons parfois tumultueuses, elle s'avère totalement crédible tant l'exacerbation de la passion est androgyne.
Ecrite par Jean Cocteau comme un "prétexte pour une actrice" et une combinaison des différents grands genres théâtraux tout en réfutant la mélodramatisation réaliste, elle ressortit au pathétique au sens premier du terme par son intensité dramatique qui, au-delà de l'exercice stylistique, renvoie à une situation intemporelle et universelle à laquelle chacun s'est trouvé un jour confronté.
Dans cette version "masculine" sobrement et efficacement mise en scène par Bernard Sinclair, ce dernier s'est également affranchi de la didascalie de l'auteur qui indique que la scène est une chambre de meurtre induisant la scénographie convenue de la chambre refuge, radeau et tombeau et la référence à l'univers esthétique de Cocteau tel qu'il résulte notamment de sa collaboration avec le décorateur Christian Bérard.
L'homme est tout simplement assis près du téléphone. Vêtu d'une tenue d'intérieur de satin et velours qui évoque le dandysme précieux et décadent à la Huysmans, il attend l'appel de l'amant qui lui a signifié la rupture. Entendre encore une fois sa voix, dire une fois encore son amour à l'autre qui est déjà inscrit dans une autre vie et mentir sur son désespoir et sa douleur pour ne pas l'accabler.
Grand comédien de l'intériorité douloureuse, Eliezer Mellul relève le défi de la performance formelle comme celui de l'incarnation de cette variation sur l'amour absolu, la souffrance, le renoncement impossible et la mort.
Sans verser ni dans le numéro d'acteur ni dans le déferlement de l'humeur émotive même si affleure une légitime émotion pour laquelle il puise vraisemblablement dans un vécu personnel, sa prestation bouleverse. Tout simplement. |