Comédie dramatique de Jean-Luc Jeener, mise en scène par Olivier Bruaux, avec Camille Timmerman, Frédéric Therisod et Isabelle Hollensett Benhamou.
Dans "Divorcer", Jean-Luc Jeener aborde le sujet du divorce par consentement mutuel sous un angle particulier en ce qu'il érige l'enfant, en l'espèce une adolescente, qui par sa sa situation est déjà juge et partie, en censeur et accusateur de ses parents.
Par ailleurs, il pose le problème du niveau décisionnel à savoir s'il s'agit-il d'une décision exclusive du couple qui doit s'imposer aux enfants à l'instar des autres décisions présumées prises dans l'intérêt commun ou d'une décision de famille qui doit donc recueillir l'assentiment de tous ses membres puisqu'ils en subiront tous les conséquences.
De plus, en l'espèce, la décision initiale est unilatérale, celle de l'épouse confrontée à la crise de la quarantaine qui aspire à une "nouvelle vie" privilégiant son épanouissement personnel, décision avalisée par le mari qui s'y soumet avec une apparente résignation.
Tous deux consultent leur fille pour connaître son avis ce qui déclenche une confrontation brutale entre les points de vue inconciliables des trois protagonistes, même si elle est révélatrice d'un amour réciproque, articulée autour d'une opposition frontale entre deux "égoïsmes", celui de la mère et de la fille, encore enfant, et enfant butée, et déjà déliée au pragmatisme opportuniste, et le désarroi du père qui croit en l'engagement, la tolérance et le respect mutuel.
Cela donne une mise en accusation en coupe réglée menée par l'adolescente qui refuse une réalité qui la dérange et s'érige en donneuse de leçons tout envoulant convaincre sa mère de rester en actionnant la fibre sentimentale et son père d'agir pour la retenir en lui reprochant sa faiblesse de caractère.
Forte de la maxime labichienne "Un égoïste, c'est quelqu'un qui ne pense pas à moi", elle accuse ses parents de ne pas penser à elle tout en n'hésitant pas à user du chantage à l'abandon délétère et de la culpabilisation, rappelant que les parents sont dans l'obligation de rendre heureux leurs enfants et non l'inverse c'est-à-dire que n'incombent pas aux enfants le devoir de penser au bonheur de leurs parents.
Ce personnage porte les éléments de la réflexion autour du divorce que développe de manière argumentée par Jean-Luc Jeener autour des notions de famille et d'engagement de vie.
Dans la mise en scène sous tension de Olivier Bruaux, la jeune Camille Timmerman, déjà graine d'actrice, exécute une convaincante prestation face à Isabelle Hollensett Benhamou qui traduit avec justesse l'exacerbation des sentiments et Frédéric Therisod qui apporte à son personnage une belle densité humaine. |