Pendant les Années Folles, deux femmes peintres se partagèrent les engouements des cénacles fortunés. Deux femmes aux moeurs saphiques affichées qui partageaient la même qualité de discernement, synonyme d'un opportunisme éclairé, mais au style et à l'univers radicalement opposés.
D'une part, Marie Laurencin, la nymphe d'Auteuil, à laquelle le Musée Marmottan-Monet consacre une belle rétrospective, représentante du goût français, célébrait femme rêvée, éthérée et énamourée vivant dans un monde idéalisé de conte de fées.
D'autre part, Tamara de Lempicka qui fut le véhicule de la figure emblématique du style Art déco que fut la garçonne fortement ancrée dans la réalité d'un microcosme caractérisé par le cosmopolitisme, le goût du luxe et la modernité,.
Ele fut également son unique représentant pictural à la notoriété internationale et la Pinacothèque de Paris lui consacre une exposition monographique intitulée "Tamara de Lempicka - La Reine de l'Art déco" conçue sous le commissariat de Gioia Mori.
Tamara de Lempicka, chantre de la nouvelle et fatale divinité qu'est la femme du futur
L'exposition propose une monstration chronologique placée sous le signe décennal, des Années folles à la seconde guerre mondiale en passant par la crise des années 30 qui modelèrent tant son parcours artistique que celui, étant en représentation permanente d'elle-même, du personnage autofictionnel qu'elle interprétait à la ville.
La commissaire synthétise parfaitement l'oeuvre de cette troublante polonaise devenue l'icône de l'Art déco en indiquant : "il est décoratif, parce qu'il est accrocheur et immédiatement reconnaissable, il est international, par son origine, son développement et sa diffusion, il est moderne parce qu'il s’inspire des langages les plus novateurs du 20ème siècle : la photographie, le graphisme, le cinéma et la mode".
Concrètement, cela se traduit par "un curieux mélange d’extrême modernisme et de pureté classique"*.
Les courbes d'Ingres et la géométrie du cubisme synthétique réunies dans un style figuratif unique avec une prédilection pour les couleurs métalliques.
De nombreuses toiles, telles "Suzanne au bain", "mère et enfant" et "La Belle Rafaëla", témoignent d'une hybridation singulière entre l'art classique, et plus précisément l'art maniériste de la Renaissance, et le néo-cubisme.
Surnommée la Baronne au pinceau, elle se distingue dans le genre du nu particulièrement sensuel et érotique avec des femmes aux formes rondes à la sexualité affirmée et aux poses parfois considérées comme provocantes ainsi que dans le portrait qui immortalise l'archétype de la femme moderne.
Une femme moderne, libre, bohème, aventurière, sur fond de buildings ou de port de plaisance, une femme à son image. |