Si
elle a connu un succès relatif à la fin des années 70,
Rickie Lee Jones s'était faite plus que discrète,
presque oubliée depuis pas mal de temps déjà. Sans grande
nouvelle de la dame hormis quelques albums en demi-teinte sortis en catimini,
nous en avions un peu trop rapidement conclu à une mort artistique prématurée
noyée sans sommation dans l'alcool.
Mais cette chanteuse de rock à tendance jazz n'avait pas dit son dernier
mot, et la voici qui revient sur le devant de la scène sans crier gare.
Finie la vie de bohème, finies les années de galère, Rickie
revient la tête haute et jouera même à Paris au théâtre
Edouard VII devant un public qui aura payé un prix exorbitant... on ne
peut pas être hippie toute sa vie quand même...
Mais si Rickie Lee Jones semble faire les yeux doux à l'establishement
(ceci dit les quadra bobos prêt à lâcher 60 euro pour la
voir au théâtre étaient eux aussi des rebelles il y a 20
ans et on ne peut échapper à son quart d'heure de nostalgie, il
suffit de voir le succès des soirées capitain flam chez les trentenaires
pour s'en convaincre), son propos reste politiquement pas correct du tout, puisque
certains des textes de The evening of my best day
traitent du président des Etats Unis d'Amérique, aka Bush jr et
de sa politique en général ("Ugly man", "Tell
somebody"). Ainsi derrière des mélodies jazzy dont elle
a le secret, se cachent quelques brûlots contre cette Amérique
déjà tant critiquée.
Il fallait bien cela pour faire sortir de sa tanière la belle Rickie
... qui fait d'une pierre deux coups. A savoir, taper sur le pouvoir et se glisser
dans la tendance du moment, qui est de ... taper sur le pouvoir.
Mais elle le fait de fort belle manière et a su s'entourer de quelques
artistes majeurs du moment comme le discret mais efficace Grant Lee
Phillips ou encore l'incontournable rebelle, lui aussi pourtant bien
établi maintenant, Ben Harper.
Un disque oscillant entre Jazz, Blues et Folk et qui se permet même sur
"Bitchenostrophy" quelques paroles en français. On
prend largement plaisir à écouter cet album, que l'on prête
attention aux textes ou non et c'est là sa grande force car ce disque
possède 2 niveaux d'écoute. Tout d'abord la musique, entre morceaux
assez entrainants et balades folk parfaites et, ensuite, les textes, tour à
tour militants et poétiques mais toujours parfaitement en adéquation
avec la musique.
Un tour de force pour un disque d'actualité qui peut prétendre
néanmoins à une longue vie dans la grande tradition des "protests
songs" écrites par Bob Dylan ou Woody Guthrie (auxquels
Rickie fait référence dans sa bio).
Finalement seul le titre de l'album laisse un goût amer dans la bouche...
et si l'avenir de Rickie Lee Jones était derrière elle ???
Mais qu'est ce qu'elle chante bien Rickie quand elle n'est pas contente...
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