Premiers pas au Parc des Expositions de Rennes où ont lieu, à partir de cette année, les Rencontres Transmusicales en raison de travaux dans les principales salles du centre ville. Déménagement anodin pour certains mais très important pour d'autres. Après tout, les Trans c'est avant tout une ambiance, une ville qui bouge au rythme des concerts pendant 3 jours et où l'on se doit de naviguer à travers la foule souvent dechaînée pour atteindre les différents lieux de spectacle. Mais trêve de regrets ou de nostalgie, le changement a eu lieu et nous découvrons enfin le nouveau site.
Un énorme effort décoratif a été fait pour transformer les 3 grands espaces
métalliques en lieux plaisants. Si le plus grand hall est plutôt depouillé pour
accueillir plus de 10000 personnes, les deux autres contiennent quelques espaces
de vie richement agrementés de mobiles aux couleurs chaleureuses.
Le groupe ayant l'honneur d'ouvrir le festival est local et s'appelle My Lullaby. La formation est classique avec une musique qui s'oriente plutôt vers un registre pop rock qui ne l'est pas moins. Surement est-ce dû à la voix et au look du chanteur mais on pense irrémédiablement à Muse. Cela reste une bonne mise en jambe avant d'accueillir le second groupe pour la première grande claque de la soirée.
Hutchinson est un collectif nantais composé de musiciens mais aussi d'un réalisateur, d'un animateur 3D et d'un éclairagiste. Et ca se voit ! La scène est joliment décorée avec une lampe au dessus de chaque musicien et un canapé dans lequel l'un d'eux fume tranquillement une cigarette. Le musique démarre en même temps qu'une vidéo sur écran géant relayée par différents téléviseurs qui offrent un point de vue différent. S'ensuivent 40 minutes de pur bonheur. Tout est parfaitement synchronisé, les effets visuels de la vidéo s'enchaînent avec les variations de la musique. Hutchinson distille un post rock matiné d'un peu d'électronique et en parfaite harmonie avec les images de guerre, de viande,t de sexe et de sitcoms que l'on peut voir sur les vidéos. Absolument remarquable.
Entrée sur scène sur un air de violons inspirés tzigane de Kayzers Orchestra. Ces 6 gars du nord
aiment l'Est. L'organiste arrive caché par un masque à gaz, suivi de ses 5 compères, plutôt beaux gosses, cravatés, saluant respectueusement la foule qui se masse très rapidement devant la plus grande des 3 scènes. Les jeunes norvégiens nous livrent leur version bien à eux d'un rock mi folk mi pop, parfois plus hard. Le spectacle est assuré avec trois fois rien :: tambour de bidons matraqués, coups de pied de biche sur des jantes pour secouer tout le monde, crachat et jet de bieres pour exciter, pas de danse façon militaires russes et dialogue avec le public pour parachever la motivation générale... nous sommes tous conquis ! Les bruits metalliques, limites casseroles, n'empêchent en rien d'apprecier la
qualité des musiciens, et l'energie depensée sur scène ne l'est pas pour rien. Le courant passe on ne peut mieux malgré la barrière de la langue (qui comprend le norvégien dans la salle ? ).
Il parait que leur album est sage ... difficile à croire tellement cette bande de potes surexcités nous montrent à quel point ils ne se prennent pas au sérieux...
Changement de salle et difficile de rester de marbre devant le rock franc et radical de Powersolo. Ces trois danois ne font pas dans la dentelle mais ils le font tellement bien ! Le chanteur est une sorte de Benoît Poelvoorde tatoué et à la moustache bien taillée. Il rivalise de mimiques et, entre deux lichées de bière, balance des chansons rapides et sans prétention agrémentées de solos improbables. On en redemande !
Une batteuse, dans le monde du rock, ça n'est pas tres frequent.
Une batteuse chanteuse, c'est plutot rare.
Une batteuse chanteuse de 10 ans ... c'est ... unique.
Tous d'or vêtus, papa, maman et Rachel, la fillette, se présentent sur scène.
Certes ce n'est peut être pas pour la qualité de la musique que l'on
retiendra Trachtenburg Family Slideshow Players, mais c'est bien le concept qui attire l'attention.
Pendant que Jason, le papa nous raconte sa vie vitesse grand V, sa fifille assure à la batterie et au chant et maman Tina... règle le carrousel. Car c'est bien là l'idée de ce groupe : faire découvrir l'amérique profonde en faisant défiler des diapositives des années 70 et en racontant en chanson leur histoire.
Le spectacle dans son ensemble est plutôt sympathique et les acteurs semblent
bien se plaire sur scène. Les discours du
papa en anglais entre 2 chansons sont toutefois un peu longs et ne font pas l'unanimité parmi les spectateurs de plus en plus dissipés.
Difficile tout de même de faire plus original que cette amusante famille et ce ne sont pas les Infadels qui releveront le niveau avec leur rock assez banal. Ils me font tellement penser à Phoenix.. Dans un tel festival, il faut parfois faire des choix entre les concerts, nous choisirons de ne pas rester avec eux.
Non, les Hushpuppies ne doivent pas leur nom au sympathique basset, symbole de la marque eponyme mais à une recette de beignets au maïs et aussi un peu au style rock garage qu'ils revendiquent et dont ces chaussures font partie de la panoplie. Et il faut bien avouer que dans le style, ils ne manquent pas d'énergie. Le chanteur, accoutré façon dandy, déclame ses textes sur un power rock péchu et efficace. A suivre !
Les choses s'accèlerent et les concerts se suivent à grande vitesse. On nous avait prévenu, Bjorn Berge est un norvégien solide qui joue de la guitare. Tout seul, avec des bras aussi larges que les cuisses d'un honnête homme, l'artiste distille un puissant blues lorgnant autant vers le folk que vers le rock. Un concert très intéressant terminé par une formidable reprise de Morphine.
A l'heure où Marilyn Manson aurait du jouer, Mick Jones, ex-Clash, et son nouveau complice Tony James, avec leur tout nouveau groupe Carbon/Silicon investissent la scène. Le grand hall est loin d'être complet et malheureusement le spectacle n'est pas à la hauteur des mythes. C'est du bon vieux rock sans originalité. Si les musiciens ont l'air de s'amuser, le public semble plutôt s'ennuyer en regardant les rockeurs se déhancher devant leur batterie électronique. Nul doute que le père Manson, tout jeunot qu'il peut être par rapport à ces messieurs, serait autrement parvenu à enflammer les foules.
Ne restons pas sur ce concert, qui en dépit de quelques bons titres, ne restera surement pas dans les annales et allons au Brésil. Celui ci est à l'honneur dans le hall 4 et nous quittons le rock de cette soirée pour un mélange détonnant d'influences ; une découverte que seules les transmusicales peuvent proposer. Otto mélange musique africaine, drum'n'bass et guitares pour un savoureux mélange autour de sa voix. Surprenant.
Après un peu d'attente, retour devant la grande scène pour le prodige du hip hop londonien, Dizzee Rascal. Le débit est rapide, violent et les basses frappent les poitrines. Il y a un bon son et la foule, quoique bien clairsemée, semble bien excitée par le personnage.
Pendant ce temps, dans le hall 4, Gomm confirme ce que l'on a pu entendre sur eux. C'est excellent. Et finalement assez indéfinissable. Les paroles sont autant en français qu'en allemand, avec une charmante chanteuse derrière son clavier ; la musique est un mélange de rock sombre allié à un peu d'electronique. Que dire de plus ? Il faut les voir.
Pour finir, un passage sur la plus petite scène où un étonnant quintet anglais, les Hot Chip fabriquent des mélodies pop debout derrière leurs synthés respectifs.
Malheureusement la fatigue et surtout le vendredi à suivre ne nous permettront pas de terminer la soirée. Nul doute que le concert de Rodolphe Burger, eternel touche-à-tout de génie, avec Erik Marchand aura été du meilleur cru.
Et à demain pour la suite des Trans 2004 !
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