Après Oublier Modiano, Marie Lebey continue son oeuvre autobiographique dans Mouche', roman intitulé d'après le surnom de sa mère.
Le sujet a déjà été maintes fois traité dans la littérature, mais Marie Lebey parvient à faire entendre une voix singulière dès les premières pages.
Le roman ne s'étale pas chronologiquement, mais l'auteure trace un portrait en pointillisme, par juxtaposition de petites touches, par anecdotes indépendantes les unes des autres. Le portrait se dessine, peu à peu, d'une femme âgée qui vit entourée de fantômes, réfugiée dans ses souvenirs. Entre le souvenir de son mari décédé et le deuil jamais complètement fait de son premier enfant, la vieille dame fantasque préfère s'égarer dans le monde des artistes qui ont illiminé sa vie, un monde où elle croise un Proust très différent de l'idée qu'on se fait habituellement de l'auteur de A la recherche du temps perdu lorsque, enfant, elle passe ses vacances à Cabourg, ou Baudelaire à travers ses descriptions féroces de la Belgique.
Le ton enlevé et légèrement ironique se diffuse au long des pages, traînant un parfum de douceur mêlée de quelques reproches à cette mère fantasque et peu aimante. Marie Lebay écrit un roman sincère qui, comme les tableaux des impressionnistes, qui fréquentaient aussi la côte normande, apparaît chaotique de prime abord mais trouve son harmonie à distance. |