Comédie de Michel Heim, mise en scène de Jean-Pierre Rouvellat, avec Jérôme Cuvilliez, Franck Isoart, Cécile Billand, Laurent Plessi et Xavier Sibuet.
Oyez ! Oyez ! Avis aux fans du Petit Théâtre de Michel : la cuvée Michel Heim 2013 est arrivée ! Et il a efficacement actionné la manivelle de la machine à remonter le temps pour tourner une nouvelle page de l'Histoire avec une majuscule et de l'histoire des grandes familles tout en abordant des thèmes d'actualité avec une "comédie pas très catholique".
Après "La nuit des dupes", comédie de cape et de canapé sous le règne de Louis XIII du temps des fameux mousquetaires de Louis XIII et "La nuit des reines", comédie de mœurs légères toutes voiles et vapeurs franco-anglaises dehors pour marier le bon roi Henri III, ce grand pêcheur devant l'Eternel versé dans la parodie iconoclaste dirige sa plume satirique vers la Rome du 15ème et le Saint Siège occupé par Alexandre VI qui n'est autre que le patriarche de la célèbre famille Borgia synonyme de crime, stupre et intempérance.
Le pape (Laurent Plessi magistral en népote libidineux) a bien des tracas tant familiaux que professionnels : il soupçonne son fils César (Franck Isoart superbe en viril capitaine) d'avoir occis son frère Don Juan, il doit tenir la bride courte à sa fille Lucrèce (Cécile Billand parfaite) qui voit d'un mauvais oeil son entichement pour un jouvenceau (Jérôme Cuvilliez délicieux) dont il fait son "émule" et il doit désamorcer l'influence de la République chrétienne et religieuse de Florence dirigée par Savonarole, un "fou de Dieu", en le compromettant (Xavier Sibuet impressionnant).
Avec "L'émule du pape", Michel Heim, qui avait déjà titillé la religion avec "L’opération du Saint Esprit", comédie leste et céleste sur la Sainte Famille, passe à la vitesse supérieure pour épingler les "fêlés grave de la calotte" et renvoyer dos-à-dos les deux grandes plaies du pouvoir clérical que sont la corruption et le fanatisme.
Et comme non seulement il a des lettres mais l'art et la manière, en alexandrins s'il vous plaît, alors il a concocté une partition complètement d'actualité en cette année d'élection papale, avec l'épineuse question de la couleur des mules du pape, néanmoins totalement jubilatoire et à plusieurs vitesses, donc véritablement tous publics.
A chacun sa lecture, de la gaudriole potache néanmoins truffée de références érudites, dont des répliques de scènes du répertoire, au pamphlet contemporain.
Avec à la mise en scène, toujours Jean-Pierre Rouvellat, qui connaît désormais la musique, un quintet de comédiens aguerris et fidèles complices, fleuron des Caramels Fous, et une nouvelle venue en la personne de la gironde Cécille Billand, le divertissement, du feu de Dieu bien évidemment, est assuré.
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