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Interview  (Paris)  20 novembre 2004

Identité : Thomy Keat
Passion : la photographie.
Métier : photographe
Signe distinctif : un oeil qui cherche.

 

La photographie depuis toujours ou une passion récente ?

Thomy Keat : C’est depuis toujours. J’ai toujours détesté être devant l’objectif donc j’ai toujours été celui qui était derrière et qui faisait les photos, en commençant par les photos de famille. La période pendant laquelle j’ai été assistant a de ce fait été un peu difficile car on fait les test lumière sur l’assistant. J’ai donc des milliers de polaroïd avec ma tronche dessus.

Un sujet pour une future exposition à la Diane Arbus ?

Thomy Keat : Oui, pourquoi pas. Mais je n’irais pas la voir…encore que le jour du vernissage il faudrait bien que j’y sois. Mais au départ, je n’étais pas parti pour être photographe. Etant de formation anglaise, je voulais faire une école de traducteur mais il fallait une 2ème langue. Et la seule que j’avais était l’allemand et c’était pas top. Donc j’ai arrêté et je suis parti aux Etats Unis pendant un an où j’ai fait beaucoup de photos. Je voulais m’y mettre de façon plus approfondie et j’ai cherché un club photo. Je faisais également du kendo que j’ai arrêté car le maître avec qui je travaillais, et qui m’avait enseigné une certaine philosophie, est mort.

Mais j’avais gardé de bons contacts avec les pratiquants et le club m’a demandé de couvrir un stage qui était dirigé par un photographe professionnel qui était Arnaud Joubin. Les photos devaient initialement être en couleurs mais je les ai doublées en noir et blanc. Ces dernières ont plu à Arnault Joubin et il m’a proposé de venir à son studio pour que je voie comment se passait le travail de photographe. J’y suis allé et à ce moment-là son assistant le quittait et il m’a proposé la place. C’était en 1997 et cela à duré 3 ans et demi, 4 ans.

Et qu’apprend-on ?

Thomy Keat : Tout. Et on en bave. On prend beaucoup sur soi, on trime, on n’est pas payé, on fait tout. L’assistant est le larbin, l’ami, le confident, le tampon avec les clients, l’intendant C’est très intense. Il faut avoir un sacré caractère pour prendre sur soi. D’autant au plan légal, le statut d’assistant photo n’est pas reconnu. C’est très compliqué mais c’est une expérience que je souhaite à tous ceux qui veulent faire de la photo et surtout à ceux qui sont dans des écoles. Je n’ai pas pu suivre les cours d’une école car elles exigent un gros bagage scientifique que je n’ai pas. Je voulais entrer à l’Ecole des Gobelins ou l’école Louis Lumière qui sont des écoles publiques mais les concours d’entrée sont extrêmement difficiles.

Après l’assistanat, on est immédiatement opérationnel. La pratique est essentielle et ne s’apprend pas véritablement dans une école. Et il ne faut pas oublier que la photo ne représente que 15-20% du travail du photographe. Le reste c’est du commercial. On passe beaucoup de temps à la recherche et à la relance des clients. Heureusement que j’avais une formation commerciale ce qui m’a aidé pour l’aspect entretien et démarchage.

Cela étant, le photographe dont on est l’assistant n’est pas un professeur. Il ne donne pas de cours. Il transmet son savoir à celui qui l’observe, qui le suit, qui est attentif qui doit tout capter. J’ai beaucoup appris au niveau des lumières puisqu’il faisait beaucoup de photos de studio. Et la lumière ce n’est pas simple surtout quand la durée de prise de vues est courte. Je me souviens que pour la séance de photos de Woody Allen nous ne disposions que de 10 minutes. Et puis à un moment donné, Woody Allen en a eu marre et il est parti.

L’assistant doit également être très diplomate pour gérer tout le monde sur un plateau. Cela étant je ne regrette rien bien évidemment. J’ai rendu service au photographe mais lui aussi et je lui en suis reconnaissant à vie. J’ai beaucoup appris. Et puis il y a aussi son regard sur mes photos et son œil est vraiment critique. Il est venu voir mon exposition et m’a dit ce qui allait et ce qui n’allait pas. J’étais très content d’abord qu’il vienne voir mon travail mais aussi qu’il m’en parle.

Il s’agissait de critiques très techniques ou plutôt subjectives par rapport à sa propre manière de travailler ?

Thomy Keat : Travailler aussi longtemps avec quelqu’un implique qu’on lui prend des méthodes de travail et on adhère aussi à sa vision du travail. Ensuite, il faut s’en détacher. Arnault Joubin est un photographe portraitiste et sa vision déteint sur moi. Pendant très longtemps, j’ai fait des portraits. Maintenant, je m’en détache. Pour revenir à la question, ses critiques ont toujours été très objectives d’autant qu’il a été prof aux Gobelins.

Pendant cet assistanat, vous avez également appris le travail de tirage ?

Thomy Keat : Non. Bien sûr, il y a un peu le mythe du photographe qui fait ses tirages. Pour ma part, j’estime qu’il s’agit d’un travail différent. La photo est le résultat de la photo, du développement et du tirage et éventuellement la retouche qui résultent de compétences différentes. Je n’ai pas à m’immiscer dans le travail de tirage. J’ai beaucoup appris en regardant les tireurs travailler, je fais un peu de tirage, mais je n’arriverais jamais au résultat obtenu par un tireur professionnel. Cela valait surtout pour l’argentique.

Maintenant avec le numérique, on fait tout chez soi. Cela présente des avantages et des inconvénients. Pour ma part passer des heures devant l’ordinateur m’ennuie à mourir. C’est du temps perdu pour moi. Mais c’est vrai que j’ai passé des journées chez Picto avec les tireurs.

Le tireur a une grande compétence technique. Comment le photographe indique la photo qu’il souhaite ?

Thomy Keat : Lors du premier rendez-vous, on vous alloue un tireur que l’on ne connaît pas à qui on confie son négatif. Il demande un peu si l’on aime un tiré doux ou dense et propose un jet de par sa propre vision. A partir de là, le travail peut commencer en concertation. S’instaure un véritable dialogue. Et cela dépend beaucoup du feeling avec le tireur. Je parle du tirage art graphique.

Evidemment il ne s’agit pas du tirage standard.

Thomy Keat : Non, effectivement. Et les tarifs sont en conséquence.

Il y a beaucoup de tirages effectués avant de parvenir au résultat attendu ?

Thomy Keat : C’est variable. Parfois 10, quand on cherche quelque chose et que tant qu’elle n’est pas atteinte, par rapport à ce que l’œil a vu lors de la photo, on essaie. La présence du tireur est très précieuse pour comprendre comment rendre techniquement une impression. En revanche, avec le numérique face à ton ordinateur, c’est empirique et on est seul. De plus, quand on découvre quelque chose d’intéressant, l’effet pervers de l’informatique tend à ce qu’on l’applique tout le temps. Ainsi, pour ma part, au début, j’utilisais la saturation à mort. C’est facile de faire péter les couleurs. Mais il ne faut pas oublier le fondement de la photo, il ne faut pas aller au-delà de la réalité.

Que s’est-il passé après l’assistanat ?

Thomy Keat : Quand on décide d’en faire son métier, au début, on est un peu euphorique mais cela retombe très très vite. On se lève le matin, on y est et on fait quoi ? Donc on commence par faire jouer les contacts que l’on a eu en étant assistant et dont on est l’interlocuteur pour le compte du photographe qu’on assiste. Mais il y a des assistants qui démarrent fort tout de suite et d’autres, comme moi, pour qui c’est plus compliqué dans la mesure où mon secteur d’activité est assez bouché notamment sur Paris. Donc la démarche devient essentiellement commerciale. On regarde où l’on est géographiquement afin de connaître le marché et cela commence par la ville. Et on commence à démarcher avec son book.

Il faut consacrer beaucoup de temps au démarchage. Et on est tout seul ! Il faut bouger et pas se laisser aller notamment parce que l’on n’a pas d’obligation en termes d’horaires. Donc je me suis imposé une discipline, celle de me lever tous les matins à 8 heures quoi qu’il arrive. Et si je n’ai pas de rendez-vous j’ai quand même du travail, passer des coups de fil, ranger ma photothèque…Et le boulot il faut le prendre là où il est et quand il se présente. Il y a des années où je n’ai pas pris de vacances.

Trouver ses marques nécessite combien de temps ?

Thomy Keat : Il a fallu 2-3 mois pour que cela commence à se mettre en place. Après, le travail est très aléatoire et il arrive souvent par vagues. Et quand il n’y en a plus, il n’y en a plus. Donc des périodes de doute. Franchement, je ne conseillerais à personne d’être photographe. Pas à notre époque. C’est très dur.

L’année dernière, j’ai eu une année exceptionnelle. J’ai eu Roland Garros, le Salon de l'Auto, des agences de pub… Je n’ai pas vu le jour mais c’était royal. Cela me convenait car je ne me sens bien que quand je travaille. Et j’ai cru que cela allait continuer toujours. Mais cette année est assez moyenne. Mais je m’accroche parce que je ne sais pas ce que je pourrais faire d’autre maintenant et surtout parce qu’il n’y a rien d’autre qui me motive.

Sur votre site web, vous indiquez justement que vous arrêterez le jour où la passion ne sera plus au rendez-vous.

Thomy Keat : Oui. Parce que j’ai constaté qu’il y avait beaucoup de photographes qui ne faisaient jamais de photos en dehors du travail. Moi, je me lève le matin, je pense à la photo, je mange photo et ce n’est pas une clause de style. C’est la réalité. L’œil travaille en permanence dans ce sens. Et je ne conçois pas mon travail autrement. J’aime faire les choses à fond, je suis dévoué à quelque chose.

Vous avez abordé la part envahissante du numérique. Faîtes-vous encore des photos argentiques ?

Thomy Keat : Le volume d’argentique dans mon travail représente aujourd’hui 5 %. Le numérique a tout envahi. En tous cas, le client demande du numérique. Au plan professionnel, je n’ai pas le choix. Le client donne des profils colorimétriques, un tutorial, des dimensions, etc…Ainsi je travaille pour une société qui est une photothèque médicale et les fichiers doivent répondre à des formats très précis. Le cahier des charges est très rigoureux et rigide.

Donc vous livrez essentiellement des fichiers.

Thomy Keat : Oui. Je grave des cds.

Et pour les photos que vous faites hors clientèle, l’évolution vers le numérique est-elle inéluctable ?

Thomy Keat : A mon grand dam, il faut bien l’avouer. Cela étant, je reviens au noir et blanc et je fais mes tirages dans mon photo-club. Ce moment dans le labo est très intense parce qu’on est très concentré, plus rien d’autre n’existe et je prends toujours autant de plaisir au moment où l’image apparaît. C’est magique et le mot magique n’est pas usurpé. Je me rappelle les moments où enfants nous faisions des photogrammes à l’école. Je veux conserver la beauté de ces moments. Je ne voudrais pas que cela entre dans l’histoire.

Faites-vous partie des photographes qui font beaucoup de clichés, en rafales, ou de ceux qui font un cliché unique qui est le bon ?

Thomy Keat : Le photographe qui fait un seul cliché qui est le bon, il y en a qu’un et c’est Newton qui le disait. Bon, OK. Mais je pense qu’il faut un minimum d’honnêteté avec soi-même. Celui qui dit ça, c’est super pour lui. Mais ce n’est pas mon cas. J’aime voir venir les choses. Je ne suis pas un photographe de l’instant. Ma démarche est toujours calquée sur le portrait. Quand je shoote 15 fois, ce n’est pas pour le plaisir de shooter. C’est que je suis à la recherche de quelque chose. Et je pars du principe que je shoote jusqu’au moment où je trouve. Cela peut durer très longtemps mais cela peut être rapide. Bien sûr, si je dispose d’un court laps de temps, il faut que j’en tienne compte mais je prends mon temps.

Les photos remises aux clients sont-elles retouchées ?

Thomy Keat : Pour mes clients, je fais le moins de retouches possibles. D’abord parce que je ne suis pas un virtuose de la retouche et parce que cela m’ennuie. Je viens de l’école de la dia qui impose une bonne exposition. La mesure de lumière doit être très précise. Avec le numérique, on peut changer comme on veut. Ce qui m’énerve c’est d’entendre dire Je fais la photo n’importe comment, je m’en fous parce qu’après je recadre. Il en va de même pour moi pour la retouche. La lumière je la crée. Et j’essaie de faire une photo correcte.

Le client procède-t-il ensuite à des retouches ?

Thomy Keat : J’estime que la photo que je livre ne doit pas être retouchée. Elle est réfléchie. C’est la raison pour laquelle je mets un filet noir, pour délimiter mon terrain. Cela étant, les photos sont souvent recadrées dans des journaux locaux par exemple parce qu’ils ne veulent qu’un élément de la photo. En revanche, les photos pour les agences de pub sont reprises fidèlement car il y a suffisamment d’étapes intermédiaires pour définir précisément la photo souhaitée.

Revenons sur ce que vous avez dit quant au fondement de la photo, il ne faut pas aller au-delà de la réalité.

Thomy Keat : Oui et non. Effectivement, j’ai dit cela. Si la base est bonne, comme je la souhaite, je la garde. Mais je retouche aussi les photos. Je peux modifier la balance des blancs, j’ai eu une période jaune en utilisant un filtre.

Votre réponse m’avait intéressée parce que des photographes retravaillent complètement la photo dans le cadre d’un travail pictural afin de créer une oeuvre à partir d’une photo.

Thomy Keat : La retouche vise à la correction . Je ne fais pas de retouche pour changer l’image car je suis opposé à l’altération de la réalité. Ainsi je ne fais pas de montage. Ou alors une modification sans modifier la réalité. Par exemple rajouter des passants dans une rue. Il faut que cela soit réel.

Question incontournable : quelles sont les photographes qui vous ont influencés et ceux dont vous appréciez le travail même si celui-ci est très différent du votre ?

Thomy Keat : Par principe, je suis assez fan. Je suis admiratif du travail des autres. Et cela ne me gêne pas de reconnaître le talent que le photographe soit ou non connu. Je viens de découvrir le travail d’un photographe amateur russe, Igor Amelkovich, qui fait des nus. Je n’aime pas spécialement ce registre car c’est souvent gnangnan, académique ou alors ce sont des photos dites de charme. Ses clichés ont une telle force dramatique qu’ils ne peuvent laisser indifférent. Ce n’est pas vulgaire, c’est pas beau, c’est esthétique et ça interpelle. Je les compare à des portraits d’hommes dans lesquels les traits, les rides, les cernes sont très marqués.

Côté influence, j’ai une admiration absolue pour Jean Loup Sieff. J’aurais bien voulu le rencontrer. J’apprécie sa démarche, sa lumière. Et puis j’aime le travail d’Arnault Joubin. D’ailleurs, pour la petite histoire, j’avais une photo de lui que j’avais découpée dans un magazine, et que j’ai toujours dans ma chambre, qui est une photo de César et ce avant de le connaître. Ce qui est inoui. C’est le portrait que je trouve le plus beau. D’autres références, j’aime Cartier-Bresson, pour le noir et blanc, Michael Kenna, Arnault Joubin, Sarah Moon que j’ai rencontré une fois et qui est une personne extraordinaire. Pour la couleur, Mark Seliger, James Nachtwey, Joyce Ravid. Je m’extasie pour peu. Et je ne fais pas de distinction entre les professionnels et les amateurs parce que la seule différence est que je suis payé pour faire des photos.

Etes-vous intéressé par le travail d’Annie Leibovitz ?

Thomy Keat : Enormément. Elle est le pendant féminin de Mark Selliger qui fait des mises en scène impressionnantes. Pour photographier quelqu’un, je le rencontre et j’imagine quelque chose derrière. Je fais des croquis, très mauvais, mais qui fixent les idées. Cela étant, après cela peut dévier sur autre chose. Bien sûr, il en va autrement quand c’est un rendez-vous ponctuel. On s’adapte. Mais j’adore parce qu’il y a urgence. Le côté poussée d’adrénaline, j’adore. A ce moment, le photographe est très égoïste et très inhumain car quand il a quelque chose dans la tête il va tout faire pour l’avoir. Et quand j’ai l’œil dans le viseur, plus rien d’autre existe. J’oublie tout car je suis extrêmement concentré à la recherche de quelque chose.

Ce qui paraît antinomique avec le fait que vous disiez que vous n’étiez pas un photographe de l’instant

Thomy Keat : Quand je dis cela, c’est que si j’avais le choix, je préfèrerais toujours prendre mon temps. Ce qui ne veut pas dire être dilettante. Ça travaille ! Après une prise de vue, je suis fatigué, je suis mort. Mes amis se moquent mais c’est la vérité. La concentration est énorme. J’ai failli me faire écraser à New York parce que j’avais vu un truc et j’étais au milieu de la rue. Je fais du reportage aussi. Je ne suis pas un photographe de l’instant parce que cherche quelque chose, je tourne autour.

Et que cherchez-vous ?

Thomy Keat : Je ne sais pas.

C’est plutôt intuitif ?

Thomy Keat : Oui. Mais je peux me tromper. Parfois, je suis attiré par quelque chose. Je marche beaucoup aux sensations. C’est un peu comme l’art contemporain. Je peux rester longtemps devant un tableau qui me plait.

Pour en revenir à l’aspect professionnel, dans quels domaines travaillez-vous actuellement ?

Thomy Keat : Des agences de communication, des collectivités locales et des entreprises. C’est assez varié car je ne suis pas encore assez établi pour avoir une clientèle fidèle. Cela étant, j’accepte beaucoup de choses car tout travail est source d’expérience.

Vous apportez le même soin au travail que vous faites que le client soit un particulier ou un professionnel

Thomy Keat : Oui. Le travail fait c’est sa carte de visite. Je ne peux pas me permettre de faire un mauvais boulot parce que je le sais et je marche beaucoup aux sentiments. Ensuite je vais ruminer. Je ne peux pas l’admettre. C’est assez compliqué comme ça pour ne pas faire un boulot à la va-vite.

Les photos de commande ne correspondent pas forcément à un choix personnel. Pour les photos de votre travail personnel vers quoi vous orientez-vous ? Et envisagez-vous de faire une expo ?

Thomy Keat : La première exposition que j’ai faite "Cinq regards sur la ville" qui a donné carte blanche à 5 photographes pour marquer l’an 2000. J’ai choisi le portrait et choisi 5 catégories de personnes qui me paraissaient emblématiques de la ville telles un fleuriste, un peintre, un professeur. Si je refais une exposition, il s’agira de quelque chose de totalement différent, plutôt dans l’ordre de l’illustration, du graphisme ou de l’architecture. Car cela me plaît beaucoup. Une expo de portraits aussi.

Auparavant je n’étais pas très intéressé par l’expo. Je ne sais pas si c’est de la fausse modestie mais avoir ses photos sur un mur …J’ai changé d’avis avec cette expo de portraits où les gens avaient apprécié. Je me suis dit que peut être ce que je fais n’est pas si mal.

C’est la raison pour laquelle le projet d’expo des télétubbés me tient à cœur. Parce que ça peut paraître pour beaucoup un truc délire, marrant. Mais moi je le prends très au sérieux. J’entends bien mener ce projet aussi loin que possible avec Florent. Je le prends comme un boulot et je ne compte pas le lâcher. Je suis sûr qu’il y a quelque chose à faire avec ça. Quand on se balade avec notre télé – qu’on se balade et que moi je porte la télé petit message perso à PL qui se reconnaîtra - on est sérieux. Quand on rentre dans une boucherie et que l’on pose notre projet de mettre la télé dans la chambre froide , le boucher nous regarde interloqué mais accepte car constate qu e nous le faisons sérieusement.

Comment est l’accueil ?

Thomy Keat : Bien. Surpris mais c’est vrai que nous voir débarquer avec notre télé cela crée un certain décalage avec la réalité. Ils se disent c’est quoi ?

Que vous n’avez pas le SAV Darty !

Thomy Keat : On va d’ailleurs en faire une avec le mur de télés ! En général, ça se passe bien. Ainsi au parc des expos on a fait des photos (les fous de la benne) près des guichets près desquels il y avait la sécurité. Les gars de la sécurité nous ont regardé et ont trouvé ça marrant. Les gens constatent que nous faisons ça sérieusement. Par ailleurs, le refus fait partie de la photo et encore avantage aujourd’hui avec le droit à l’image que l’on invoque à tous propos.

A ce propos, j’ai une anecdote. Avant hier, j’étais sur le parvis du Louvre et j’ai découvert 2 personnes qui tournent autour de la pyramide, habillés tout en noir, qui interdisent aux gens de prendre de photos, allant même jusqu’à apposer la main sur l’objectif. Je les ai suivis pendant 5 minutes .Je trouve cela scandaleux. Les gens viennent de loin veulent garder un souvenir et on le leur interdit. Il y a quelques mois j’étais à un vide greniers à Toulouse et une artiste exposait ses œuvres. J’ai trouvé ça intéressant et j’ai fait une photo. Elle est venu me voir pour m’interdire de faire des photos. Je ne comprends pas cette attitude. C’est tout à son honneur que l’on photographie son œuvre me semble-t-il. En extrapolant, c’est de la publicité gratos !

Effectivement, il y a une sorte de paranoïa sur le piratage par le net .

Thomy Keat : Si on me demande par exemple une de mes photos pour en faire un fond d’écran je dis OK. Il faut remettre les choses à leur juste place. Moi, ça me fait plaisir. D’autant que la résolution est telle que qu’on ne peut en faire ensuite un tirage de qualité. Mais les gens lisent trop Voici et des feuilletons de piratage. De toute façon à partir du moment où la photo ne porte pas préjudice à ma personne qui est photographiée même le tribunal ne leur donnera pas raison ou me condamnera à un euro de dommages-intérêts. Cela étant je ne nie pas le droit à l’image. Comment auraient pu travailler Doisneau, Cartier-Bresson ou Capa ?

Pensez-vous que la photographie soit un art ?

Thomy Keat : Oui, complètement. Je suis très basique dans mon raisonnement. L’art, c’est quoi ? C’est un mode d’expression . De là, la photo est un art. Maintenant il y a toujours eu une polémique autour de la photo qui est considérée comme un art mineur. Je ne suis pas d’accord. Elle serait un art mineur parce qu’elle est accessible à tous. Dans les milieux intellectuels, on considère que l’artiste doit être malheureux, il doit se trifouiller la tête, être névrosé. Or, non, tous ne répondent pas à ces conditions. Et puis tout le monde peut acheter une toile et des couleurs et faire de la peinture…

…mais tout le monde n’est pas Van Gogh.

Thomy Keat : Exactement. Et puis on a l’impression que c’est facile de faire de la photo. Moi je dis allez-y ! S’ils y arrivent tant mieux ! Il y a une autre chose aussi ce sont les gens qui demandent que l’on leur envoie la photo qui leur plaît. Vont-ils vers un peintre qui dessine dans un parc en lui demandant qu’il leur donne sa toile ? Ce n’est pas parce que le temps mis à prendre la photo dure 1 centième que c’est plus simple et sans valeur. Il y a toujours une démarche intellectuelle.

Su tu n’avais que 3 mots pour définir ton travail ?

Thomy Keat : Passion, souvenir…et passion.

 

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# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché

Au théâtre

les nouveautés :

"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

et toujours :
"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14

Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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