Comédie dramatique d'après l’œuvre de Anton Tchekhov, mise en scène de Michel Fau, avec Justine Bachelet, Nacima Bekhtaoui, Camille Bernon, Sanda Codreanu, Wallerand Denormandie, Morgane Fourcault, Aurélien Gabrielli, Marlène Goulard, Grégoire Lagrange, Clara Lama Schmit, Hannah Levin Martin Nikonoff, Makita Samb, Marie Sambourg et Étienne Oumedjkane.
Dans le cadre des représentations publiques des Journées de juin 2013 du CNSAD où il assure le cours d'interprétation auprès des élèves de première année, Michel Fau présente un spectacle adapté de "La mouette" de Anton Tchekhov ce qui peut étonner compte tenu de la difficulté d'un répertoire pour lequel peu de comédiens disposent des moyens nécessaires.
Mais il est lucide et pragmatique et contourne la difficulté en reprenant le procédé qui avait présidé à l'exercice qu'il a mené en 2009 dans le cadre d'un atelier de 3ème année autour de "La Tragédienne amoureuse", celui de la fantaisie parodique qui induit, en sous-texte en quelque sorte, une grande subtilité de réflexion sur le fond.
Son choix s'est porté sur l'avant dernière scène de "La mouette", celle des retrouvailles de Nina et de Konstantin Treplev, dans laquelle sont abordées des thématiques qui lui sont chères dont la vocation, le diktat des formes et les affres de l'acteur face aux exigences de son métier, au cours de laquelle Nina répète à plusieurs reprises "Je suis une mouette".
En l'espèce, la même scène, telle qu'elle résulte de différentes traductions qui parfois prennent leur aise pour en altérer le propos voire le sens, est déclinée selon différents codes théâtraux en hommage aux grands comédiens du temps passé qui les ont magnifiés et clin d'oeil aux mauvais d'aujourd'hui, dont les passionnés de théâtre reconnaitront certains, pour lesquels Michel Fau éprouve néanmoins une grande tendresse.
Son choix s'est porté sur l'avant dernière scène de "La mouette", celle des retrouvailles de Nina et de Konstantin Treplev, dans laquelle sont abordées des thématiques qui lui sont chères dont la vocation, le diktat des formes et les affres de l'acteur face aux exigences de son métier, au cours de laquelle Nina répète à plusieurs reprises "Je suis une mouette".
Chaque scène est ponctuée par un intermède qu'il qualifie justement de "distrayant", là encore hommage au théâtre, avec notamment sa scène fétiche de "Phèdre" de Racine, la tirade dite de l'aveu de Phèdre, mais également, ne pratiquant aucun ostracisme ni hiérarchie entre les différents genres du spectacle vivant, au music hall, registre qu'il affectionne particulièrement et qu'il a avec "L'impardonnable revue pathétique et dégradante de Monsieur Fau" et des vignettes humoristiques sur la condition du comédien, telles celle des qualités débitées comme un quartier de bovin charolais et l'acteur "à vendre".
Au programme de ces intermèdes, et entre autres, un chanteur de variété et ses clodettes, pastiche du "Aimons-nous vivants" de François Valéry et une spéciale dédicace à Olivier Py, son compagnon de route théâtrale, avec un glamoureux travesti à la manière de sa Miss Knife qui chante "Mourir sur scène", allusion tant à Dalida qu'à Molière.
Côté théâtre, avec pour décor la réplique du cadre de scène néoclassique de la scène du Théâtre du Conservatoire, jolie mise en abyme, Tchekhov est donc mis à toutes les sauces théâtrales pour un théâtre d'acteur dont se délectent les élèves car il n'est pas question de jouer juste en respectant l'esprit et le sens du texte de l'auteur ou d'être éloquent et sensible mais de prendre plaisir à être sur scène et divertir le public.
Tous réussissent l'exercice qui entraîne le spectateur aussi bien vers le théâtre expressionniste des Pitoeff (Camille Bernon et Etienne Oumedjkine, de la promotion 1986, excellents), le jeu actor's studio caricatural (Clara Lama Schmit et Wallerand Denormandie épatants), le postmodernisme dépsychologisé durassien (Justine Bachelet et Aurélien Gabrielli désopilants), la fantaisie hollywoodienne façon magicien d'Oz (Sanda Codreanu et Makita Samba désopilants) que la version Belle Epoque (avec Hannah Levin et Grégoire Lagrange, ce dernier en clone irrésistible de Michel Fau). |