Chris
Brokaw vous connaissez ? C’est un ancien membre du
groupe Codeine, un groupe qui a influencé
des formations aussi diverses que Low,
Bedhead, et qui traça naguère
le sillon pour tous les groupes de la mouvance "slowcore".
Après Codeine, Chris s’est lancé dans
Come avec Thalia Zedek. Kurt
Cobain avait à l’époque choisi
Come pour faire les premières parties des concerts
de Nirvana.
Depuis on a des nouvelles au compte-gouttes, avec quelques albums
et collaborations orientés folk / post rock. Entretien avec
un vétéran (bien qu’il ait la trentaine) de
l’indé US.
Chris, tu es à Paris. Tu es en promo ou
tu te promènes ?
Chris Brokaw : Je suis là pour la promo
d’un disque qui sort dans deux semaines. Il s’agit de
la BO d’un film intitulé "I was born...",
qui a été tourné par un réalisateur
de New York. Ce film traite de l’intégration des asiatiques
dans le punk rock aux Etats-Unis, et comment ces deux choses ont
forgé l’identité du réalisateur. Il est
américain d’origine japonaise, et il a grandi à
Los Angeles.
Tu parles de la scène punk d’origine
japonaise aux Etats-Unis. Veux-tu parler de cette scène avec
Ghost, Boredoms… ?
Chris Brokaw : Non pas vraiment. En fait ses parents
sont japonais mais il est né à Los Angeles. Donc la
question de l’identité est le thème principal
du film. Suis-je japonais ou américain ? C’est un film
sur l’identité, sur les différents endroits
où tu évolues et sur l’influence qu’ils
ont sur la construction de ta personnalité.
Comment as-tu procédé pour la composition
de cette B.O Tu t’es inspiré de l’ambiance globale
du film ?
Chris Brokaw : Oui. Il m’a donné une
copie du film. Je l’ai regardé et j’ai écrit
des chansons durant un mois.
Quelle forme prend cette BO ? Des chansons ou
des plages musicales, plus instrumentales ?
Chris Brokaw : Ce sont des chansons mais je ne
chante pas. Mais leur structure est celle d’une chanson, pas
de longues pièces musicales.
Tu as collaboré avec des gens sur cette
BO, pour l’écriture ou pour jouer ?
Chris Brokaw : Non je suis seul.
Il y a peu tu as fait un split avec les Viva Las
Vegas du label espagnol Acuarela. Vas-tu renouveler ce genre d’expérience
?
Chris Brokaw : Non. En fait j’ai enregistré
un nouvel album qui va sortir l’année prochaine.
Ton "vrai" prochain album en fait.
Chris Brokaw : Oui, avec des chansons sur lesquelles
je chante. Quelques personnes ont également participé
à l’enregistrement : Kevin Coultas qui jouait dans
Rodan, et qui est venu jouer de la batterie sur certains morceaux,
Mike Kadane de Bedhead et The New Year, qui a joué du piano
sur un morceau.
Quel sera le ton de cet album, plutôt acoustique
?
Chris Brokaw : La guitare acoustique est au centre
de l’album, mais j’incorpore aussi beaucoup de basse
et de batterie.
Y a-t-il des morceaux proches de ce que tu as
pu faire avec Codeine ?
Chris Brokaw : Non très différents
de Codéine. Il y a des cordes sur un titre mais la majorité
de l’album est acoustique.
L’année dernière Thomas Morr,
de Morr Music, m’avait parlé d’un éventuel
album en hommage à Codeine, un peu comme ils ont fait pour
Slowdive. Tu es au courant ?
Chris Brokaw : Tu me l’apprends !!! Mais
il nous a contacté moi et les anciens de Codeine. Il était
question de rééditer des vielles choses, sur Morr
mais bon…. Je sais que Styrofoam a fait une reprise mais c’est
à peu près tout en fait.
Tu as conscience du statut de groupe référence
qu’a Codeine ?
Chris Brokaw : C’est cool, je suis content
que les gens apprécient la musique. Mais en fait il y a énormément
de titres qui traînent et qui n’ont jamais été
édité, et ont pense à sortir ces morceaux.
Donc on peut s’attendre à des rééditions
prochaines de Codeine ?
Chris Brokaw : Oui, ainsi que des morceaux rares
et inédits.
Tu as conscience d’avoir influencé
tout ce mouvement slowcore, tout comme Slint pour le post rock ?
Chris Brokaw : En fait nous et Slint avions sortis
nos disques à la même période (tout début
des années 90). On se connaissait, et à l’époque,
les gens parlaient pas mal de ces deux disques. Pourtant ce sont
deux disques très différents. Ce que nous faisions
aussi bien Codeine que Slint était assez spécial.
Et surtout très différent puisqu’à
l’époque tout le monde ne jurait que par le grunge…
Chris Brokaw : C’était assez bizarre
à l’époque puisque nous étions le premier
groupe à ne pas sonner grunge et à être signé
sur Sub Pop. Donc à l’époque, quand on se pointait
sur scène les gens s’attendaient à voir un clone
de Mudhoney. Il y a eu des concerts un peu tendus… mais bon
nous avons fini par trouver notre public…
Ce qui est étrange, c’est que tout
le monde s’est intéressé à Codeine quand
le groupe n’existait plus. A l’époque peu de
gens ont acheté "Frigid Stars" et de même
pour "Spiderland" de Slint. Vers 97, avec le post rock
tout le monde a enfin reconnu le travail de chacun. Qu’en
penses-tu ?
Chris Brokaw : Certaines idées prennent
du temps à s’imposer… c’est comme ça…..
Tu reviendras promouvoir ton lp solo à
Paris ?
Chris Brokaw : Oui bien sûr. Je pense que
le prochain album sonne exactement comme certaines personnes attendent
de moi. Je pense revenir avec un groupe, un bassiste et un batteur…
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