Juste le temps d’appuyer
sur stop du magnétophone après l'entretien avec Chris
Brokaw, en concert sur la même date, et hop les Flotation
Toy Warning débarquent. C’est l’occasion
de discuter avec une formation aguerrie par une tournée française
qui se termine ce soir à Paris.
Cette interview permet aussi de voir le chemin parcouru depuis
le concert qui avait permis cet été au public malouin
d’avoir la primeur de ces adeptes de pop classieuse et bidouillée…
Vous voila donc de retour sur les routes françaises.
Vos impressions ?
Nous avons passé de bons moments, ces dernières
semaines furent agréables. Les gens qui sont venus au concert
ont montré tant d’enthousiasme, ça fait vraiment
du bien de voir la ferveur des gens.
Vous avez tourné ailleurs en Europe ?
En Suède et en Angleterre ( rires…)
Et le public a réagi de quelle manière
?
En fait maintenant que l’album est sorti,
les gens qui viennent au concert sont des gens qui connaissent notre
musique, et qui connaissent l’album, et ça fait la
différence car il y a une attente de la part du public. A
l’inverse personne n’avait entendu l’album à
la route du rock. Maintenant certaines personnes réclament
que l’on joue telle ou telle chanson, ce qui est cool. En
Suède, nous avons joué dans les mêmes conditions
que la route du rock : les gens ne connaissaient pas l’album.
Qu’avez-vous ressenti à la Route
du rock, quand vous êtes montés sur scène alors
que quasiment personne ne savait qui vous étiez ?
En fait on a laissé les choses aller. Le
public a réagi de manière très gentille. La
route du rock est un super festival, le cadre est magnifique. Ce
fut une expérience plutôt positive. Quand nous sommes
rentrés en Angleterre nous étions sur notre petit
nuage.
En fait ce qui nous a marqué c’était
la réaction du public. En Angleterre, quand un groupe ouvre
pour un festival il peut être content si il y a une dizaine
de personnes. A Saint Malo tous les gens ont pris la peine de venir
nous écouter et leur accueil était très chaleureux.
Ils sont restés et ont écouté tout le concert,
même si certaines de nos chansons s’éternisaient
un peu.
En fait notre musique a besoin de temps. Parfois
la musique est immédiate, mais parfois elle demande une écoute
attentive de la part des gens. Le public français est très
attentif, il écoute et se fait son opinion. Ils ont une approche
… euh … intelligente (cherchant un peu ses mots) de
la musique.
Ce n’est pas la première fois qu’un
groupe anglo-saxon me fait part de cette " réceptivité"
du public français.
Le public français possède une intelligence
toute particulière pour la musique. Les gens qui font partie
des associations qui nous ont demandés de venir jouer étaient
tous des gens passionnés par la musique, sans forcément
y chercher un but lucratif. Ils sont vraiment à l’affût
de nouvelles choses. Pas forcément histoire de dire "J’ai
trouvé un truc bizarre qu’il faut absolument écouter".
En Angleterre les gens suivent facilement les
médias, toujours en quête de nouvelles sensations musicales.
Vous avez été victimes de cela en Angleterre ?
En fait nous n’avons jamais voulu ou essayer
de faire partie de telle ou telle scène. Nous avons juste
fait notre truc et puis c’est tout…En France la presse
nous a vite soutenu, ce qui est moins flagrant en Angleterre, mais
cela peut changer. Mais ici les gens se préoccupent peu d’écouter
un truc assimilé au "buzz".
Ce que nous apprécions aussi c’est
d’avoir un public large, pas seulement un public d’ados
visé par certains magazines en Angleterre. Nous sommes toujours
fascinés par la diversité des spectateurs. Les gens
qui viennent au concert peuvent être jeunes, voire très
jeunes, mais il y a aussi des personnes plus âgées.
En fait pour revenir à la presse anglaise,
on passe au-dessus de tout cela. On est plus malin que ça…
On sait comment fonctionne l’industrie musicale, nous ne sommes
pas dupes.
Ca vous fait quoi de jouer sur une péniche
ce soir ?
On se sent très à l’aise, nous
avons déjà joué sur un bateau à Londres.
Plus récemment nous avons joué dans une chapelle à
Vendôme (aux rockomotives). C’était fantastique.
C’est une de nos expériences les plus marquantes de
cette tournée. C’est ce qui fut très enrichissant
pendant cette tournée. Nous avons joué dans de vraies
salles de concerts mais nous avons joué dans des endroits
un peu atypiques.
Quels sont vos projets à court terme ?
Nous allons encore faire de la promo en Angleterre.
Nous reviendrons dans le sud de la France en avril. Il y aura un
moment ou l’on se remettra à écrire. On ne peut
pas vraiment décider. Les morceaux naissent un peu comme
ça vient, on ne peut pas forcer les choses. Il y a tellement
d’aléas et d’imprévus quand tu fais partie
d’un groupe qu’il est difficile d’avoir un planning
strict à tenir. Nous ne sommes pas du genre à nous
dire : "Ok on passe trois mois en studio et on enregistre".
Nous aimons bricoler et jouer avec les sons, donc cela peut prendre
du temps.
Vous avez une idée de ce que vous ferez pour le prochain
album ?
Pas vraiment mais nous ne sommes pas intéressés
par une copie conforme de Bluffer’s Guide … . Il faudra
un peu de nouveauté pour rendre les choses plus intéressantes,
mais toujours avec ce goût pour l’expérimentation,
c’est essentiel.
Que pensez-vous des comparaisons avec Mercury
Rev ou les Flaming Lips ?
Nous sommes flattés mais ce ne sont pas
des groupes que l’on écoute tout le temps, même
si ce sont d’excellents groupes. C’est une manière
pour la presse de donner des repères aux gens qui achètent
les disques. En fait des fois on pourrait assimiler cela à
de la paresse journalistique, histoire de ne pas à avoir
trop de choses à faire. Ce qui nous impressionne chez les
Flaming Lips, c’est le côté théâtral
de leur performance, et nous essayons de reproduire cela à
notre manière, à notre niveau. Mais nous écoutons
beaucoup de choses, pas uniquement les Flaming Lips ou Mercury Rev.
D’ailleurs on pourrait trouver des influences
vers le Krautrock.
Je ne sais pas si on peut trouver des similarités
avec le Krautrock mais au moins on se sent proche de la démarche
de ces groupes qui ont envie d’expérimenter et de chercher
des nouveaux sons. Nous sommes juste un groupe de pop ouvert à
l’expérimentation…
Pour finir. Si vous deviez définir votre
musique en trois mots :
Flotation Toy Warning (Bien vu)
Ou Warning Toy Flotation
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