Comédie libre adaptation de la pièce de C. T., mise en scène de Johanna Boyé, avec Arnaud Dupont, Guillemette Magniez, Brigitte Faure, Julien Urrutia, Elise Noiraud, Fannie Aubin, Boris Ravaine et Jacques Trin.
Dans le cadre de l'édition 2013 du Prix Théâtre/Jeunes Metteurs en scène, Johanna Boyé présente, dans une traduction émérite de Anna Karina Lombardi, une farce tragi-comique du dramaturge argentin Claudio Tolcachir qui a été programmée au Théâtre du Rond-Point en 2010, dans la mise en scène de l'auteur et en version originale avec sa compagnie, sous le titre "Le cas de la famille Coleman".
Claudio Tolcachir y décline à la sud-américaine, avec l'hyper-réalisme de la télénovela et la cruauté de la farce à la Copi, le thème universel et intemporel de la famille pathogène et plébéienne et constituée de marginaux pathétiques vivant d'expédients et d'allocations publiques, des affreux, sales et méchants agglutinés par amour intéressé et opportunisme autour de l'aïeule qui, à l'opposé du patriarche du film de Ettore Scola, est pleine de tendresse et de compréhension pragmatique pour sa descendance d'éclopées.
Le titre français, "L’Anniversaire", met l'accent sur l'événement, l'anniversaire de la grand-mère coïncidant avec un grave malaise, qui va révéler les égoïsmes et donner le signal du sauve-qui-peut pour quitter le monstrueux navire.
La scénographie de Julie Benegmos et Anna Crosby, un décor vintage des années 60-70, comme la mise en scène sont fidèles à celles pratiquées par l'auteur et Johanna Boyé opère une rigoureuse direction d'acteur qui assure l'hybridation réussie du rire et des larmes et le rythme maelstromique qui convient à cette famille délabrée et débridée.
Elle permet également à chaque comédien, en ajoutant à leurs fêlures une part d'humanité compassionnelle, de ne pas verser dans la caricature et de donner cet indispensable petit supplément d'âme à leur personnage.
La distribution est épatante. Jouent au diapason Guillemette Magniez, la mère pleine de la malice des débiles pour tirer partie de son handicap, Arnaud Dupont, le fils demeuré, Fannie Aubin, la fille dépressive, Julien Urrutia, le fils vaurien, Elise Noiraud, la fille qui a échappé à ce bouillon de culture et navigue entre honte et mauvaise conscience, Boris Ravaine, le médecin et Jacques Trin, le chauffeur.
Et mention spéciale pour Brigitte Faure qui campe une époustouflante grand-mère. |