Il apparaît que pour certains groupes, l’équation est simple : croître ou mourir. Le terme croissance vaut aussi bien pour le contenu, la palette des sentiments, la densité, l’intensité que pour la reconnaissance.
Les Canadiens de Born Ruffians semblent l’avoir compris en clamant haut et fort, il y a quelques temps, qu’ils souhaitaient se mettre en danger, essayer, tenter, qu’ils sentaient qu’ils étaient arrivés au bout de quelque chose. Constat sûrement amer après un second disque Say It à la tiédeur manifeste. Dès les premières écoutes de ce Birthmarks, plusieurs constats s’imposent. D’abord, et c’est peut-être le plus important, le groupe sait écrire de bonnes chansons. On y retrouve une certaine fougue. Cela se tient mélodiquement. On oscille entre une certaine élégance de l’écriture, parfois brillante même et un côté désordonné qui montre l’envie du groupe de se mettre dans une certaine insécurité.
Le groupe a décidé de se renouveler pour se sauver. Nous assistons donc à une presque seconde naissance, tout du moins à une renaissance. Une renaissance en plusieurs étapes : d’abord accueil d’un nouveau membre en tant que clavier, puis nouveau producteur, le choix se portant pour ce disque sur Roger Leavens, déjà remarqué sur le très bon disque solo du chanteur, et enfin changement de label, exit Warp c’est dorénavant Paper Bag Records qui héberge le groupe.
Manifestement le résultat est plutôt positif. Les Canadiens ont gardé le sens du groove, et surtout de l’efficacité rythmique, mais également des mélodies accrocheuses. On pense à la transformation salvatrice aussi de Vampire Weekend, à des groupes comme Clap Your Hands Say Yeah, The Dodos aussi. C’est pop, c’est coloré, gracieux et agile mais surtout c’est intelligemment efficace. Le groupe aime surprendre avec des chansons construites en tiroirs, comme "Dancing On The Edge Of Our Graves" ou "Permanent Hesitation". Capable de tubes : "Needle" ou "Cold pop" que de caresser l’auditeur dans le sens du poil : "With Her Shadow".
Il ne manque qu’un je ne sais quoi, qu’un petit quelque chose pour donner encore plus de relief à ces chansons pour vraiment emporter notre enthousiasme. Dans le prochain disque, qui sait ? |