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Joyce Maynard  (Editions Philippe Rey)  avril 2013

Publié en 1972, "Une adolescence américaine - Chronique des années 60", dont le titre original Loocking back - A chronicle of growing up old in the sixties, de Joyce Maynard, est présenté comme un essai sur "la" jeunesse américaine des années 60.

Compte tenu des circonstances particulières de son élaboration, cet ouvrage au genre hybride, dans lequel elle use alternativement d'un "je" autofictionnel et d'un "nous" réducteur, imbrique des éléments autobiographiques et un regard de mémorialiste en forme de chroniques.

En 1972, Joyce Maynard, issue d'une petite ville du New Hampshire où il n'y avait ni feux de circulation ni enseigne au néon, a dix-huit ans et, même si elle identifie sa précocité littéraire à celle de Françoise Sagan, n'est manifestement pas en mesure d'assurer l'écriture ni d'un roman ni d'un essai quelles que soient ses qualités encensées à l'époque.

Issue de la classe moyenne des wasp, formée à l'écriture par sa mère, frustrée à sa jeunesse de la reconnaissance de son don pour l'écriture puis empêchée par son rôle de femme au foyer de se réaliser dans cet art et qui ambitionne pour sa fille une carrière d'écrivain par procuration, Joyce Maynard écrit des textes courts qui, après critique de son père professeur d'université et visa de sa mère qui veille à leur publicité, sont publiés dans des magazines pour adolescents.

Bien que se décrivant comme naïve et timide, Joyce Maynard ne manque toutefois ni d'ambition ("aspirant depuis l'âge de six ans à atteindre gloire et fortune à New York"), ni d'audace et d'assurance. En 1971, forte de ses publications juvéniles, elle écrit au New York Times pour lui "suggérer" de lui commander un article. Et le quotidien lui répond positivement en lui proposant d'écrire un texte sur un thème imposé, qui tient du sujet de rédaction du temps de l'école de Jules Ferry, à savoir ce qu'a représenté pour elle le fait de grandir dans les années 60.

Et comme l'article rencontre un succès fulgurant auprès des lecteurs, nombre de ses homologues générationnels s'y reconnaissant, le quotidien lui propose de le développer en un livre.

Fine mouche, elle est tout à fait consciente des enjeux et du sous-texte de cette commande ("Je supposai pour ce faire que je devais arrondir les angles de ma vie et créer quelque chose du genre de Madame Tout-le-monde : blanche, classe moyenne et hétérosexuelle") qui fait d'elle le porte-parole d'une génération alors même qu'elle sait ne pas être particulièrement compétente en la matière ("Ma génération ! Que savais-je de la manière des autres garçons et filles de 18 ans ?").

Bien évidemment elle accepte par légitime opportunisme d'autant qu'aux laudateurs prépubères s'est joint un homme quinquagénaire, de surcroît écrivain à la notoriété établie, J.D. Salinger dont elle ne cite toutefois pas le nom, dont elle va très vite partager la vie et sous le tutorat duquel elle va rédiger ses chroniques ("inspectant mon manuscrit et en suggérant des modifications, dont beaucoup se retrouvent dans la version finale").

Alors, d'une part, elle va distiller une autobiographie largement expurgée de tous les éléments qu'elle considère comme dévalorisants au regard d'une image de soi à laquelle elle attache beaucoup d'importance, tels les rapports difficiles avec sa mère, l'alcoolisme de son père, les bagarres avec sa soeur, son anorexie, sa liaison avec Salinger, dont elle fait amende honorable notamment dans l'avant-propos écrit en 2012 en la mettant au compte du péché de jeunesse et de sa volonté à l'époque ne pas susciter "la désapprobation du lecteur".

D'autre part, des considérations d'ordre général, également touchées par "l'auto-censure", sur l'éducation à l'américaine (l'école primaire "un club qui renforçait l'esprit de classe tout en privilégiant la médiocrité"), le consumérisme, l'obsession narcissique de la beauté, de la minceur et de la jeunesse éternelle et la télévision qui reflète "ce goût très américain pour la banalité" qui, trente ans après, ont perdu de leur primeur.

Alors, que reste-t-il de cette "chronique des années 60" vues par celle qui était surnommée "Mademoiselle-je-sais-tout", et qui se qualifie elle-même d'éternelle outsider de 2ème classe et de sa vie "où il ne se passait rien" ? Celle qui, comme elle faisait tapisserie aux bals de fin d'année, est passée à côté des expériences initiatiques ordinaires de la jeunesse que sont le sexe, l'alcool et la drogue comme celles typiquement étasuniennes des pom-pom girls ou des fraternités, et plus, de celles spécifiques de sa génération que furent la révolution sexuelle, le mouvement hippie et le féminisme.

Un goût de soda qui a pour slogan "Ça a la couleur de l’alcool, le goût de l’alcool… mais ce n’est pas de l’alcool". Ce qui n'empêche pas Joyce Maynard, toujours dans l'avant-propos précité, d'ériger l'opus en ouvrage de référence : "Je considère aujourd'hui ce livre comme un morceau d'histoire culturelle mais aussi une tranche de nostalgie destinée aux lecteurs nés à la même époque que moi. Je le considère également comme un livre pour les jeunes, et surtout pour ceux qui se sentent un peu à part, ainsi qu'il en est pour beaucoup de teen-agers.").

Au lecteur d'apprécier.

 

A lire sur Froggy's Delight :
La chronique de "L'homme de la montagne" du même auteur
La chronique de "Prête à tout" du même auteur
La chronique de "Les règles d'usage" du même auteur
La chronique de "Un jour, tu raconteras cette histoire" du même auteur

En savoir plus :
Le site officiel de Joyce Maynard
Le Facebook de Joyce Maynard


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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
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