Colo Colo est un duo formé par Martin Duru et Jean-Sébastien Nouveau. Un nom qui vous dit peut-être quelque chose puisqu’il est la tête pensante des Marquises, groupe qui nous avait gratifié il y a trois ans maintenant d’un très beau disque flirtant entre post-rock et musique atmosphérique, comme une rencontre entre Robert Wyatt, Brian Eno et Moondog. Ici l’ambiance est toutr autre. Plus fraîche, légère, la musique de Colo Colo n’a de vocation que le divertissement. Il faut prendre le mot dans son sens le plus noble car la musique de Colo Colo ne cède en rien à la facilité et évoque le meilleur de MGMT ou surtout de Phoenix. Cette electro-pop est un antidote à la morosité.

Peux-tu nous parler de ton parcours de musicien ?

Jean-Sébastien Nouveau : J’ai  commencé la musique vers 15 ans. J’ai débuté par le piano en prenant des cours avec un  prof de musique qui donnait des cours près du village où habitaient mes parents. C’était assez décourageant pour moi, car le solfège m’emmerdait profondément, et parce que j’ai toujours été un feignant pour apprendre. Aussi ce prof n’améliorait pas les choses, puisque le premier morceau qu’il m’a fait apprendre est "Les Valses de Vienne" de François Feldman…

Après j'ai poursuivi mes études à Dijon, et là j’ai pris des cours de batterie pendant 2, 3 ans. Ensuite j’ai appris un peu la guitare seul avec une vieille méthode de mon père. Bref, je sais jouer un peu de tout, mais plutôt mal.

Ce qui m’a toujours le plus intéressé est d’enregistrer et monter ce que je faisais. Dès que j’ai commencé le piano, j’ai enregistré avec le 4-pistes à cassette de mon père des trucs que je trouvais, et j’ajoutais d’autres prises. Mon vrai atout, "talent" est dans le montage, dans ma capacité d’agencer les choses. Un peu à la manière d’un vidéaste qui filme puis monte ses images. Je ne me considère pas du tout comme un vrai musicien. Je préfère dire que je fais de la musique plutôt.
Après, en ce qui concerne mes groupes, projets, j’en ai eu un paquet. Mais tout est toujours né de la volonté d’enregistrer des compos, jamais de jouer pour jouer, ou pour faire du live.

Comment est né Colo Colo ?

Jean-Sébastien Nouveau : Martin - avec qui je fais de la musique depuis le lycée, et avec qui j’avais monté le groupe Immune – avait envie après le dernier disque d’Immune "Not Until Morning" (sorti en 2008) de faire un break. On avait passé beaucoup de temps sur ce disque, et lui commençait à en avoir marre de faire ce genre de musique (contemplatif, mélancolique…). Il avait envie de quelque chose de plus fun, plus pop, plus direct. Du coup, il a commencé à composer pas mal de titres pop/electro/rock. De mon côté, pendant ce temps là, j’ai monté le projet Les Marquises et ai sorti notre premier album "Lost Lost Lost" en 2010. Pendant cette période, on a commencé aussi à faire pas mal d’illustrations sonores pour l’éditeur Justement Music (Myma). Pour cette boîte, on a fait pas mal de titres, dont des morceaux pop/electro/rock comme Martin projetait d’en faire. A un moment, on a regardé un peu tout ce que l’on a fait, et on s’est dit que l’on pourrait faire un EP des titres que l’on préférait. Voilà comment Colo Colo est né !

Comment fais-tu pour gérer tes différents groupes ? Quelles sont les interactions entre tes groupes ?

Jean-Sébastien Nouveau : Cela se fait assez naturellement, car tous sont assez différents finalement. Du coup ça reste assez simple à gérer. Après tous mes projets ne sont pas tous actifs. J’ai des projets qui se sont arrêtés, qui sont en sommeil. C’est le cas par exemple de mon projet Recorded Home. C’était aussi le cas d’Immune, mais avec Martin on reparle un peu de s’y remettre. Il a commencé à faire des demos, et on a commencé à interagir un peu sur la voie que l’on voudrait emprunter.

Quels sont tes influences pour Colo Colo ? Comment composez-vous ?

Jean-Sébastien Nouveau : Nos influences sont assez claires et indentifiables : Phoenix, MGMT (période premier album), Metronomy, Hot Chip… Mais avec Colo Colo, on ne recherche pas du tout l’originalité. On cherche à se faire plaisir, à faire des morceaux, des tubes frais qui donnent la pêche. C’est un peu tout le programme inverse des Marquises en somme.

Sinon pour ce qui est de la réalisation des morceaux, ça va généralement très vite. Martin écrit les mélodies, les structures des morceaux de son côté, et puis on se voit 4 jours, on enregistre chacun de notre côté des trucs chacun avec notre ordinateur – lui s’occupe de tout ce qui est mélodique en gros, et moi de tout ce qui est rythmique, du son –  et puis après on met en commun, et  on définit où apparaît chaque événement, et on mixe.

Colo Colo est-il une récréation par rapport aux Marquises ?

Jean-Sébastien Nouveau : Pour moi c’est un peu ça oui. Je me prends beaucoup la tête avec Les Marquises et avance toujours comme un escargot. Je tiens tellement à faire des disques originaux, personnels et profonds que du coup je mets 2, 3 ans pour pondre 6 morceaux. Alors qu’avec Colo Colo, on ne réfléchit pas beaucoup. Le but c’est d’être efficace, que ça soit prenant, fun et euphorisant. Avec Colo Colo tout va très vite. Et puis Martin est très doué pour trouver des mélodies, écrire des structures...

Des nouveautés de prévu pour Les Marquises justement ?

Jean-Sébastien Nouveau : Normalement le nouvel album des Marquises verra le jour en janvier prochain. Tout a été très très long. L’album est terminé depuis plus d’un an, mais j’ai dû chercher un label pour ne pas ressortir le disque par mes propres moyens. Ça demande vraiment beaucoup d’énergie. En tout cas, l’été dernier j’ai rencontré le boss d’un label qui était intéressé pour sortir le disque. Ce qui est super car j’adore ce label. Là ça se met sur les rails petit à petit, mais ça vient ! J’ai hâte car l’album est terminé depuis longtemps, et parce que je suis très fier de ce disque.

Quel est l’avenir de Colo Colo ?

Jean-Sébastien Nouveau : Là on  attend le mois de septembre pour réattaquer la promo du disque plus sérieusement.  On a sorti le disque fin juin, du coup niveau promo ça n’était pas l’idéal.  A la rentrée il y aura de nouveaux clips, et on va démarcher.

Sinon, avec Martin on parle déjà d’un nouvel EP. A priori on aurait déjà les 6 morceaux. Mais bon, on va réfléchir et voir déjà ce que ça donne avec ce premier EP. Si ça plaît, si ça se vend un minimum…