Superpoze. Est-ce rendre service au normand que de lui proposer cet horaire ? 17h30, sous le cagnard. Pas facile dans ces conditions d'imposer ses compositions synthétiques aux ambiances feutrées et sombres. On avait vu Superpoze remplacer Hot Chip au pied levé à Beauregard en 2012, encore une fois, les conditions sont difficiles pour imposer en live les titres de son EP Pavane. Pourtant, il offre un set concentré durant lequel on le voit sourire, visiblement heureux d'être là.
Winston McAnuff & Fixi ont tout pour ne pas donner envie. Mélanger l'accordéon de Java et le reggae, il n'y a pas meilleure recette pour faire fuir l'amateur de pop rock. Finalement, le rastaman a une voix blues bien profonde. Y mélanger les claviers et la human beatbox donne finalement une ambiance festive sans vulgarité. Le titre "Garden of love" dont on me dit qu'il est diffusé toutes les vingt minutes sur Nova enthousiasme le public.
Par cette chaude après-midi d'été, Paris devient donc la capitale de la drogue. Winston McAnuff est plus chargé que le maillot à pois du meilleur grimpeur, quant au reste du peloton, ils se sont donnés rendez-vous sur les Champs-Elysées pour l'arrivée du Tour. Et dire que moi, après deux bières, j'ai du mal à conduire un vélib. Respect ! Une belle performance pour Winston McAnuff et Fixi.
Féfé commence son concert en fendant la foule vers la scène. "Si vous voyez un type avec une chemise bleue, c'est moi".
Après être monté sur scène avec "Lalala Song", il met le feu avec des titres de son album, Le charme des premiers jours : "Cause toujours", "Nous"...
L'ancien membre des Saïan Supa Crew demande au public d'agiter les bras et on se croirait à un concert de Depeche Mode. Il demande aux spectateurs d'agiter des objets et une spectatrice lui envoie un soutien-gorge. Le voilà plié de rire devant un parvis archi-comble, et archi-comblé.
Il annonce son concert à l'Olympia à la rentrée, pas de doute qu'il a gagné des spectateurs ce soir.
Babx commence par "Je capitulerai pas". Moi oui, dès la première chanson. Il y a peut-être un public pour les chansons intimistes et théâtrales de David Babin puisqu'il paraît qu'il fonctionne bien, je n'en fais visiblement pas partie. Et je ne suis visiblement pas le seul sur le parvis à être refroidi par l'hirsute poseur. L'arrivée sur scène de Camélia Jordana pour "Je ne t'ai jamais aimé" ne change rien. Après la tornade Féfé, Babx a réussi à faire retomber l'ambiance de quelques dizaines de degrés.
Cali entre en scène l'harmonica à la bouche. Le public réagit instantanément aux tubes que le perpignanais enchaîne les uns après les autres. "Elle m'a dit", "L'amour fou", "Je m'en vais", "C'est quand le bonheur ?"... Cali est quelqu'un qui s'aime. Il fait monter les photographes sur scène, joue une chanson juste pour que les photographes aient des photos amusantes et originales (bon coup de communication) mais abandonne, durant ce temps, ses musiciens et son public. Puis le voilà qui se jette dans la foule, marche sur la mer humaine, debout, le public maintenant ses pieds. Le show est enflammé, l'énergie du showman a ranimé la flamme du parvis. Qu'on aime ou non Cali, on ne lui retirera pas cette capacité à mettre le feu à une salle, à soulever un public, à donner de sa personne toute la durée du concert. Une performance impressionnante, à la Cali, même si l'autosatisfaction que dégage le chanteur nous empêche d'adhérer.
Puis le meilleur concert du festival vient peut-être là où on ne l'attendait pas.
On aime Sophie Hunger, ses ambiances entre chien et loup, ses mélodies émouvantes et empreintes de mélancolie. On craignait que la position de programmation, entre Cali et Higelin, ne nuise à la suissesse. Et même si elle ouvre son concert au piano, le public répond.
Soutenue par des musiciens exceptionnels, dont un impressionnant joueur de trombone à coulisse, elle enchaîne "The Fallen", "Like Like Like", "Citylights forever" qui prennent une ampleur qu'on n'attendait pas. Sophie Hunger parvient à conjuguer énergie, ambiance, émotion et subtilité musicale. Il semble que la jeune femme ait été une découverte pour de nombreuses personnes sur le parvis, même s'ils ont reconnu l'intro de "Quand le vent nous portera" de Noir Désir. Elle salue, visiblement émue, lance un "Paris est belle", avant de disparaître en coulisses. Le concert était somptueux.
Pour le dernier concert de ces quatre jours de Fnac Live, c'est au tour de Jacques Higelin de fouler les planches devant l'Hôtel de Ville. On n'attendait pas forcément grand-chose de ce géant de la chanson française dont les albums récents ont moins convaincu que ceux des années 70 / 80 et dont la carrière est plutôt dans le rétroviseur.
Mais c'était oublier qu'Higelin est une bête de scène, et le voilà comme "Géant Jones", le boxeur de sa chanson. On assiste à une résurrection. Il y a du James Brown chez ce septuagénaire. Après "Délire d'Alarme" et "Seul", deux extraits du récent Beau Repaire, il revient vers le classique, "Paris - New York / New York - Paris". "Rendez-Vous en Gare d'Angoulème" ou "La Joie de Vivre" sont portés par des musiciens habités. "Champagne", repris par le public.
Puis Izia rejoint son père pour une version touchée par la grâce de "Irradié".
C'est sur ce concert fou d'Higelin que se termine l'édition 2013 de Fnac Live, pour un public ivre de bonheur après les performances de ces 28 artistes qui, en quatre jours, et dans des styles différents, ont transporté les dizaines de milliers de spectateurs venus les applaudir.
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