"I'm dying. It’s blissful ? It’s like a dream ? I want to dream…"
Ne pas se fier à la pochette rose et au smiley qui orne le centre de la face C du vinyle, ce disque est fait de violence et d’intensité. Deafheaven est un groupe de métal originaire de la foisonnante scène de San Francisco. Enfin un groupe de métal, pas forcément ou pas foncièrement, puisque l’on se situe avec ce disque dans un ailleurs déroutant, un quelque part entre Black métal, post-rock, shoegaze et musique psychédélique.
Repéré grâce à un premier disque, Road to Judas sorti en 2011, Deafheaven enfonce le clou et marque les esprits avec ce Sunbather. Les puristes bornés et les adorateurs de chapelles crieront au scandale mais les Américains naviguent entre mur du son, distorsions bruyantes, larges plages atmosphériques, mélodies aériennes, et riffs très noirs. Sunbather peut être considéré comme une collection de sept chansons mais l’intérêt est de le penser, de l’écouter comme une pièce unique et homogène de presque soixante minutes composée de longs morceaux, quatre dépassent les neufs minutes, et d’intermèdes plus calmes permettant de respirer. Une heure où se rencontrent brutalité, colère et frustration, un métal noir et profond, le tout enrobé de superbes guitares post-rock. On pense à une version métal de Mogwai (qu’ils ont repris plusieurs fois) pour les montagnes Russes ou à Godspeed You Black Emperor. Chez Deafheaven, la brutalité et la férocité sont belles. Une façon d’imaginer, de faire de la musique qui vous prend à la gorge dès les premières secondes et qui jamais ne relâche son étreinte.
Sunbather est imaginé comme une cathédrale sonore, un bloc émotionnel, une dichotomie, mais pensé dans une globalité entre quelque chose de très sombre mais aussi de plus léger. L’objectif pour Deafheaven étant de développer sa recherche sonore dans différentes directions que cela soit vers un côté agressif ou vers des chansons plus brillantes, plus mélodiques. Le résultat est superbe et fait de ce Sunbather un disque indispensable de cette année 2013. |