Fable contemporaine écrite et mise en scène par Susana Lastreto, avec François Frapier, Nathalie Baunaure, Yan Tassin et Laura Zanner.
En un millésime qui a vu, entre autres, la première élection d'un pape sud-américain et le revival du sextrémisme avec les Femen ukrainiennes, Susana Lastreto fustige, de manière fantasque, iconoclaste et totalement subversive, le patriarcat en revisitant, entre autres, le symbolisme de la crèche de Noël.
Avec quatre personnages qui s'emparent des destins de Marie, Joseph, Jésus et Madeleine, elle titille les dogmes, hérités du catholicisme, relatifs à la conception de la famille et au statut de la femme tels qu'ils ont été véhiculés à travers l'iconographie religieuse, celle de la peinture de dévotion, genre majeur dans la hiérarchie de la peinture du Moyen-Age à la peinture académique, puis l'imagerie sulpicienne.
Et si Dieu, toujours aux abonnés absents en cas de besoin, n'était pas le fumeur de havanes gainsbourien mais une paillette de sperme congelé ? Et si, vivant dans sa communauté de disciples, homosexuel, communiste et junkie, Jésus avait été le premier hippie ? Et si, contestant l'alternative féminine de la maman ou la putain, Madeleine assumait totalement sa condition de travailleuse du sexe monnayant chèrement ses spécialités et Marie renâclait tant à la virginalité qu'aux tâches ménagères ? Et l'amour dans tout ça ?
Dans cette joyeuse et impertinente fantaisie dadaiste intitulée "Paysages avec boeuf, âne et enfants" présentée sous forme de tableaux, bien évidemment, François Frapier, un des piliers de la Compagnie G.R.R.R. fondée par Susana Lastreto, campe avec une verve facétieuse "le père" dans tous ses états.
Il est entouré d'un trio épatant composé de Yan Tassin, qui vit la vie christique avec le détachement du "no future", Nathalie Baunaure, en pétulante pécheresse militante et, irrésistible avec sa couronne d'étoiles ou son coeur transpercé de Notre Dame des Douleurs, Laura Zanner en "Madre de Dios" version argentine.
Dans le cadre d'un vrai spectacle populaire, le bien-nommé Groupe Rage Rires Résistance célèbre une fois encore avec humour décapant la nécessaire liberté de pensée. |