L’aventure Girls fut courte mais intense. Longue de deux albums et un EP, Owens y mis fin abruptement en annonçant qu’il restreignait la créativité des autres membres du groupe.
Pourtant, en un marathon de 3 années et avec un rock qui s’inspirait librement des années 50, 60 et 70, ils réussissaient à créer de nouveaux standards. "Lauren Marie", "Vomit", "Big Bad Mean Motherfucker" et bien évidemment "Lust For Life" étant des titres à l’énergie monstre, compris entre une certaine nostalgie et les débordements que l’on imagine caractéristiques à la jeunesse. Il suffit de se souvenir de la version censurée du clip de "Lust For Life", encore visible sur Vimeo pour s’en convaincre. (Seth Bogart de Hunx and His Punx y fait un caméo… mémorable).
Le premier album solo d’Owens fut donc accueilli avec un souffle de soulagement par une grande partie des fans du groupe. En effet, non seulement le talent d’écriture et de composition de l’artiste allaient se perpétuer, mais celui-ci allait aussi offrir un écrin nouveau à sa musique, une forme nouvelle qu’il n’aurait pu imaginer au sein de son groupe.
Owens présente Lysandre comme une leçon de vie, sous entendant par-là, sa brève aventure avec une fille portant le même nom rencontrée durant une tournée dans le sud de la France (on soupçonne que les faits se soient déroulés au midi festival de 2008).
Romantique et naïf, l’album n’en est pas moins ingénieux que poétique. Joueur, le chanteur va jusqu’à poser une série de questions rhétoriques faussement innocentes à son auditeur : "What If Everything As Been Said Before ?" / et si tout avait déjà été dit ? sur le titre "Love Is In The Ear Of The Beholder". Et de justifier ainsi l’exploitation du thème maintes fois utilisé et apparemment jamais éculé de l’amour.
Ici, le thème se perd d’ailleurs avec cette fameuse charmeuse française qui hante l’album à la manière d’un fantôme vengeur qui frappe là où on ne l’attend plus. Mis en musique sous le nom de "Lysandre’s Theme", elle est à la fois sujet et boucle sonore qui se répète tout du long des 11 pistes, en apparaissant à de nombreuses reprises. Owens n’hésite pas à lui donner des arrangements différents confinant à la mièvrerie romantique de "A Broken Heart" ou "Lysandre", alors que sur "Riviera Rock" il lui offre un aspect classieux grâce à l’utilisation de cuivres !
Mention spéciale pour les titres "New York City" et "Here We Go Again", chansons les plus girlesques de l’album. Car finalement, Christopher Owens marque définitivement la distance entre sa carrière solo et son ancien groupe. Et malgré cela, on se surprend plusieurs fois à rechercher l’empreinte de Girls au détour de chaque piste. Si Owens a bel et bien tourné la page, il est possible que ce ne soit pas encore le cas pour les fans du groupe qui pourront considérer l’album faible sur la longueur, quand les chansons prisent une à une s’avèreront être de petits bijoux d’écriture à fleur de peau. |